Carte du déconfinement
Découvrez si votre département est rouge, orange ou vert
La carte départementale provisoire pour le 11 mai dessine un large quart nord-est en rouge, et de nombreux départements encore dans l'incertitude.
Par Pierre Sautreuil
Ouverture et fermeture des départements
Le rouge et le vert étaient au menu, l'orange s'est invité à la dernière minute. Le ministre de la Santé Olivier Véran a dévoilé, jeudi soir, la carte départementale provisoire du déconfinement, qui doit assurer un suivi local de levée des mesures de prévention face au Covid-19 à partir du 11 mai, comme l'a annoncé mardi devant l'Assemblée nationale le premier ministre Édouard Philippe.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a d'abord présenté deux cartes, l'une de la circulation du virus dans les départements, l'autre de la tension sur les capacités de réanimation dans les hôpitaux - deux des trois critères annoncés dans l'établissement de la carte qui sera mise à jour à partir du 11 mai - avant de présenter une carte synthétique de la situation. Olivier Véran a insisté sur le fait que cette carte «n'est en aucun cas une projection de la situation au 11 mai» et «ne change rien au confinement qui a cours dans notre pays, ce sont les données à ce soir». Elle dessine néanmoins un instantané de l'épidémie plus ou moins constant en France depuis un mois.
Encore largement sous tension, les départements du quart nord-est restent unanimement teintés de rouge, tandis que les départements de l'Ouest arborent un vert rassurant. Entre les deux, une diagonale Nord-Ouest/Sud-Ouest de départements colorés d’orange. Cette troisième couleur s'est invitée à la présentation du ministre de la Santé, comme signe d'incertitude face à une situation qui reste fluctuante et indécise. Ces départements ont vocation à basculer en rouge ou en vert à la date du déconfinement, sans pour autant signer la disparition d'un nuancier qui risque de s'enrichir de données apportées par les acteurs locaux après le 11 mai.
Des nuances locales aux mains des acteurs locaux
«Je veux laisser le maximum de souplesse» aux acteurs de terrain a déclaré le premier ministre devant l'Assemblée nationale. Une annonce réitérée mercredi matin, peu après une rencontre avec les associations d'élus locaux afin de mettre en musique le déconfinement.
Certaines mesures générales sont déjà connues. Ainsi, pas d'espaces verts dans les départements rouges : «les parcs et jardins ne pourront ouvrir que dans les départements où le virus ne circule pas de façon active» rappelait jeudi Matignon au Figaro. Autre exemple : «à compter du 18 mai, les collèges pourront de nouveau accueillir des élèves mais seulement dans les départements où la circulation du virus est très faible».
Des ajustements seront néanmoins possibles, notamment dans le domaine scolaire, qui cristallise de nombreuses inquiétudes. Dans les départements qui seront classés rouge, «[si]un maire nous dit que dans telle commune on n'est pas encore prêt, on comprendra la spécificité de la situation pour essayer de trouver la bonne façon, le bon rythme, d'ouvrir l'école», a déclaré mercredi Édouard Philippe, qui a affirmé sa «totale confiance» envers les directeurs d'école, maires et représentants locaux de l'Éducation nationale pour établir des diagnostics à un niveau communal.
«Dans les départements rouges, toutes les communes ne sont pas affectées de la même façon», a-t-il encore martelé, en insistant sur «une logique qui commande des effets et qui commande l'esprit du partenariat entre les élus locaux et les acteurs de terrain». «Cet esprit, il est plus important à comprendre que la règle, parce que c'est celui qui va nous permettre de piloter finement et efficacement la maîtrise de la circulation du virus», a affirmé le premier ministre. «Donc il y aura des départements verts, des départements rouges, mais il y aura partout une discussion intense, précise, confiante, pour prendre les bonnes mesures», a-t-il encore souligné.
- Des seuils à préciser
Les critères du code couleur sont connus. Un département sera classé rouge si, sur son territoire, «la circulation du virus reste active», si encore «les capacités hospitalières en réanimation restent tendues» et si également «le système local de tests et de détection des cas contacts» n'est pas suffisamment prêt.
Reste à savoir comment évaluer ces critères. Contactés par Le Figaro, Matignon et Santé publique France n'ont pas offert de réponses. On sait néanmoins que certains critères seront moins faciles à mesurer que d'autres. «Pour évaluer les tensions hospitalières, il suffit de regarder le nombre de lits occupés par patient Covid-19, et on aura une idée de la situation dans le département», note Pascal Crépey, épidémiologiste à l'École des hautes études en santé publique de Rennes. Établir la circulation du virus sur le territoire pose cependant plus de problème : impossible en effet de l'évaluer en temps réel.
«On est obligé de se référer à des critères visibles assez différents», explique Pascal Crépey. «Le plus simple, ce sont les cas graves, mais cet indice est déporté dans le temps de 10 à 15 jours, soit le délai entre l’infection et le déclenchement éventuel d'une forme grave.». Autre outil de mesure : les tests, jusqu'alors réservés aux cas graves. Pour ce faire, pas besoin d'être exhaustif note le chercheur. «C'est mieux si l'on peut être systématique, mais on peut faire des estimations à partir d’un échantillon de la population. Ces données partielles redressées statistiquement donneraient tout de même une idée de la circulation du virus.»
Appel à la responsabilité des citoyens
Reste la question des déplacements entre départements de couleurs différentes. Interrogé à ce sujet mercredi matin sur France Info, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a appelé à éviter les déplacements entre «des territoires très différents sur le plan de circulation du virus» après le déconfinement le 11 mai, tout en notant qu'ils ne seront pas formellement interdits. Un appel à la responsabilité individuelle et collective des citoyens donc. «Si vous habitez dans une zone de circulation active du virus, vous n'avez pas vocation à vous déplacer dans des zones dans lesquelles le virus ne circule pas puisque, par définition, c'est là que vous prenez le risque de faire diffuser le virus plus largement», a-t-il ajouté.
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