Le droit de manifester n'existe plus en France. Il n'est plus possible de parler de menace sur son
existence, il faut faire un constat : une des plus grandes libertés fondamentales, une de celles
dont on admet généralement que son existence est un marqueur fort de la démocratie,
est interdite de fait par l'action de l'État.
Témoignage de retour de manifestation anniversaire des Gilets Jaunes ce samedi 16 novembre
2019 à Paris : l'appel est au rassemblement à 11h place d'Italie pour un départ à 14h.
La manifestation est déclarée et acceptée. Dès 11h le gazage est massif. Le gaz utilisé est
extrêmement urticant, poivré à en arracher les bronches. Le gazage précède largement les
incendies de poubelles qui ont eu lieu bien après.
A mesure que les personnes arrivent, la gazage croît. Étrangement, les engins de chantiers qui
encombrent la place n'ont pas été retirés. Tournant en rond sur une place fermée par la police,
il ne faut pas avoir fait l'école de la Police nationale pour deviner ce qui va se passer :
des dégradations.
Vers 13h30 tombe une décision de la Préfecture, la manifestation est interdite. Elle passe donc
d'acceptée à interdite, de manière arbitraire. Les charges de police se succèdent et ne sont
à aucun moment frontales : elles s'engagent latéralement, sur les manifestants débordant de
la place pour en couper certains du plus gros de la manifestation qui n'a jamais pu démarrer.
Les charges vont ici et là, comme au hasard, avec toujours le même effet : couper une partie
des manifestants du reste de la manifestation. Comme ça, les médias pourront dire que la
manifestation n'était pas si importante.
C'est faux : elle a été artificiellement sectionnée.
Les cortèges se forment néanmoins et partent, tentant de rallier certains points au gré des voies
qui semblent libres et qui ne tardent pas à être coupées : à la Bastille ! A l'Hôtel de Ville !
Et une grande partie de Paris se trouve paralysée. On dira que c'est de la faute aux Gilets jaunes,
alors que c'est bien la police qui a entraîné cette situation désordonnée.
Point de détail, un nombre fou de stations de métro sont fermées. Même certaines
correspondances ne sont pas assurées. Pourquoi ? Quelle raison de sécurité ?
Aucune ne peut sérieusement être évoquée, en dehors du fait de rendre encore plus compliqué
d'arriver sur place et au passage de rendre le mouvement le plus impopulaire possible.
En réalité, la nouvelle doctrine de maintien de l'ordre dont se gargarise le ministère de l'Intérieur
est simple, elle consiste à empêcher que les rassemblements se fassent. Elle consiste à sectionner les
cortèges, à laisser faire quelques casseurs après les avoir bien excité. Elle consiste à aggraver les
dangers courus par tous, citoyens comme policiers. Là dessus, les médias pourront paresseusement
parler de violences.
Un an de manifestations, un an d'autisme du gouvernement qui aujourd'hui délivre un message :
il ne veut rien entendre. Le 5 décembre aura lieu une grève, elle devra être massive. Et aller plus
loin qu'un simple arrêt de travail d'une journée assortie d'une promenade syndicale entre
République et Nation : elle doit être reconduite jusqu'à ce que le gouvernement comprenne qu'il
ne peut gouverner le pays de manière arbitraire contre le peuple comme il le fait.