Pris la gueule dans le casier.
Nous allons devoir faire un nouvel effort, c’est notre gouvernement qui l’exige. La chose sera délicate pour ceux, qui comme moi, se piquent d’user de la métaphore mais convenons que cette décision s’impose. À partir d’aujourd’hui, quiconque dira « La politique, ce n’est qu’un panier de crabes ! » commettra un terrible non-sens, pire même, un anachronisme déplorable.
Depuis que l’écologie est au cœur des préoccupations gouvernementales, nous devons modifier notre manière de penser. C’est ainsi que cessant de mettre la main au panier au risque de subir les foudres de la sémillante Marlène Schiappa, l'inénarrable Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes et de la lutte contre les discriminations, il conviendra d’évoquer d'ores et déjà le casier, à la condition qu’il ne soit pas judiciaire, ça va de soi.
Les usages seront d’autant plus modifiés que les crabes, s’ils se dévorent entre eux, ne font habituellement guère de dégâts auprès des autres crustacés. L’image ne pouvait convenir tant notre classe politique aime à se repaître sur le dos des braves gens, des humbles et des sans-titre honorifique. Il nous appartient désormais de ne plus importuner celui qui est incapable de marcher droit, remarque qui vaut également pour ceux qui nous gouvernent.
Une récente affaire imposera de faire référence au casier, sorte de nasse dans laquelle s’engouffre le homard breton, celui qui se prend surtout l’été. Nous n’envisageons pas, nous qui sommes de véritables écologistes, de penser au homard américain ou pire encore à son homologue du Cap. Nous avons grand souci du coût carbone de notre langage, préoccupation loin d’être partagée par notre cher ministre de l’environnement et de la gastronomie.
C’est donc la formule : « La politique, ce n’est qu’un casier de crabes bretons ! » qui sera la plus appropriée à définir exactement les us et coutumes domestiques de nos si chers et onéreux dirigeants. Le simple fait qu’ils en pincent pour le homard ne serait d’ailleurs pas un crime si celui-ci était mangé durant la haute saison et avec une sauce armoricaine.
Hélas, mille fois hélas, le dénommé François De Rugy, tellement soucieux de sa particule, l’aime tout particulièrement à la crème. C’est sans doute qu’il se prend pour un être d’exception. Il aurait pu porter son choix sur la sauce Thermidor s’il ne l’avait trouvée trop révolutionnaire. Pourtant, nous y trouvons une analogie phonétique avec un mot qui lui conviendrait parfaitement. Nous exigeons de lui qu’il mette un terme à ses fonctions.
La cuisson du homard elle aussi, peut nous donner des pistes de réflexions pour juger plus sérieusement de cette déplorable affaire. Le beau crustacé peut être plongé vivant dans de l’eau salée bouillante. Le conseil de tout bon cuisinier est de ne jamais en jeter deux dans la même gamelle. C’est donc fort ennuyeux dans le cas présent car une canaille ne va jamais seule dans ce joli casier de homards bretons. On peut penser du reste que monsieur De Rugy n’a pas suivi ce conseil. Ne vient-il pas de se brûler les doigts dans les cuisines de sa résidence ?
L’animal peut encore se cuisiner au four. Pour un ministre souvent au four et surtout au moulin à paroles, la méthode semble déconseillée. Il peut alors préférer la cuisson à la vapeur. Pour un être aussi fumeux, l’idée serait excellente si la vapeur attendait le nombre des années, ce qui n’est absolument pas son cas. L’inquiétude gagne dans les milieux autorisés, le pauvre homme risque de rester sur sa faim s’il ne trouve pas cuisson ad hoc.
Heureusement, il reste le barbecue. Mettre un ministre sur le gril me réjouit, surtout un tel personnage qui mérite les flammes de l’enfer. Au bout du compte, il sera grillé, ce qui est à n’en point douter la meilleure chose qui puisse lui arriver. Souhaitons-lui bonne digestion ! Il faut avoir de l’estomac pour ingurgiter chaque semaine un tel plat.
Petite remarque au passage, manger du homard suppose d’y mettre les doigts. La pratique est délicate et grands sont les risques de se salir. Que Monsieur De Rugy fasse tâche ne fait aucun doute, qu’il n’ait pas non plus les mains propres est une évidence. Quant à rembourser, puisqu’il a fait cette promesse de gascon, conseillons-lui de tout nous rendre. Voilà bien la plus belle chute qui soit pour un plat qui nous fait tirer au cœur !
Gastronomiquement vôtre.