Pour les chrétiens de toutes obédiences, la fête de Noël, le 25 décembre, commémore la naissance de Jésus-Christ, à l'origine du christianisme.
En ce qui concerne l'année de sa naissance, la tradition la situe en l'an 753 de la fondation de Rome, sous le règne de l'empereur Auguste. Cette année est devenue par convention l'An I de notre ère.
Jésus, Dieu fait homme
Les chrétiens, qui ont intégré la tradition judaïque, cultivent la foi en un Dieu unique mais en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit (c'est le mystère de la Sainte Trinité). Ce Dieu se veut proche des hommes et leur a exprimé son amour en leur envoyant son Fils afin de les éloigner du péché et les conduire à la vie éternelle.
Selon le Credo (« Je crois » en latin), celui-ci « a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme » sous le nom de Jésus - ou Iéshoua (en hébreu, « Dieu sauve »).
Il a supporté de souffrir et de mourir sur la croix car, dit-il, « il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » (Jean, 15.13). Ainsi se manifeste sa proximité avec l'humanité. Mais, selon les disciples de Jésus, il est aussi ressuscité, manifestant par là sa divinité. La foi en sa résurrection est au cœur du christianisme.
La naissance de Jésus selon les Évangiles
D'après l'Évangile de Matthieu, Jésus serait né de Marie, une jeune fille dont on peut penser qu'elle avait 16 ou 17 ans et qui avait été promise en mariage à Joseph, un homme de la descendance du roi David. Marie aurait été vierge lorsque l'ange Gabriel lui annonça qu'elle était enceinte et donnerait le jour au Messie que les juifs attendaient depuis des siècles.
Le mot Messie (« oint du Seigneur » en hébreu) se traduit par Christos en grec, la langue véhiculaire du bassin méditerranéen à cette époque, d'où le nom donné plus tard au fils de Marie, Jésus Christ, et à ses disciples, les chrétiens.
Troublé par cette grossesse inattendue, Joseph renonça néanmoins à répudier sa promise après qu'un ange l'eut informé des intentions divines.
D'après l'évangéliste Luc (2.1-20), la naissance de Jésus survint à Bethléem, à quelques kilomètres au sud de Jérusalem, car Joseph et Marie avaient dû s'y rendre pour se faire recenser conformément à un édit d'Auguste :
À cette époque-là parut un édit de l'empereur Auguste qui ordonnait le recensement de tout l'Empire.
Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.
Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville d'origine.
Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu'il était de la famille et de la lignée de David.
Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte.
Pendant qu'ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva,
et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l'enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes.
Il y avait dans la même région des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour y garder leur troupeau.
Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande frayeur.
Mais l'ange leur dit : « N'ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple :
aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur.
Voici à quel signe vous le reconnaîtrez : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. »
Et tout à coup une foule d'anges de l'armée céleste se joignit à l'ange. Ils adressaient des louanges à Dieu et disaient :
« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre et bienveillance parmi les hommes ! »
Notons que ledit recensement n'est attesté par aucune archive romaine. La présence de bergers dans le voisinage donne à penser que Jésus serait né à l'époque de l'agnelage, au mois d'avril. Par ailleurs, l'évocation du cruel roi Hérode, protégé des Romains, situerait sa naissance en l'an 6 avant J.-C. ! Le moine Denys le Petit, à l'origine du calendrier adopté aujourd'hui dans le monde entier, se serait donc trompé dans ses calculs.
L'enfance de Jésus se déroula en Galilée, au nord de la Palestine, dans une ville peu connue du nom de Nazareth, où Joseph exerçait le métier de charpentier. Il semble que l'enfant ait eu de nombreux frères et soeurs plus jeunes, ce qui est admis par les protestants mais contesté par les catholiques. Le mot grec adelphos employé par les évangélistes pourrait en effet désigner aussi bien les frères que les cousins ou les proches du Christ.
Vers l'âge de trente ans, Jésus quitta sa famille et commença à prêcher sur les bords du lac Tibériade. D'humbles pêcheurs le rejoignirent. Ils n'allaient plus le quitter jusqu'à sa mort sur la croix, trois ans plus tard.
Aux premiers siècles de notre ère, les Grecs célébraient la venue de Jésus-Christ le 6 janvier, à l'occasion de l'Épiphanie (d'un mot grec qui désigne une apparition).
Ce jour-là, ils n'évoquaient pas sa naissance proprement dite mais plutôt son baptême dans les eaux du Jourdain par Jean-Baptiste ou encore le miracle des noces de Cana (l'eau transformée en vin), ou enfin la présentation du nouveau-né aux rois mages.
À Rome, en 354, le pape Libère reporte cette célébration au 25 décembre, en remplacement des Saturnales romaines et de la fête du soleil vainqueur (sol invictus) que les païens avaient coutume de consacrer au retour du soleil après le solstice d'hiver. C'est une manière de rappeler que Jésus est la « Lumière du monde ».
Au Moyen Âge, la piété populaire centre la fête sur la naissance proprement dite de Jésus. Noël viendrait de natalis dies (en latin, « jour de la naissance ») à moins qu'il ne soit une déformation d'Emmanuel. Ce nom rappelle l'oracle du prophète Isaïe : « Le Seigneur vous donnera un signe: la vierge enfantera un fils et l'appellera Emmanuel (en hébreu, Dieu avec nous) » (Évangile selon Matthieu).
Les chrétiens adoptent la coutume d'assister à une messe de Minuit, le soir du 24 décembre. Cette messe de Minuit était autrefois suivie d'une messe de l'Aurore et d'une messe du Jour, comme dans le conte d'Alphonse Daudet : Les trois messes basses. Ces messes, suivies d'un souper festif, rappelaient celles que le pape, évêque de Rome, célébrait au même moment dans trois églises de sa ville.
Se développent aussi au Moyen Âge les représentations vivantes de la crèche. Le mot désigne la mangeoire où reposait selon la tradition l'enfant Jésus, faute de lit mieux approprié. Ces représentations incluent un boeuf et un âne qui veillent sur le nouveau-né, ainsi que les parents et tous les personnages venus rendre hommage à l'enfant : bergers et paysans des environs, rois mages... Plus tard apparaissent les crèches à base de petits personnages en terre cuite.
Au XVIe siècle, apparaît en Alsace la coutume d'un sapin décoré de pommes et de bougies, qui rappellent la vie (Ève et la pomme) et la « Lumière du monde » (Jésus). Une année que les pommes se firent rares, un verrier avisé eut l'idée de les remplacer par des boules de verre soufflé. Cette coutume se diffuse dans les pays germaniques et plus tard en Angleterre, par l'intermédiaire du prince Albert de Saxe-Coburg Gotha, époux de la reine Victoria. À Paris, le premier sapin de Noël est planté aux Tuileries par la princesse Hélène de Mecklembourg, belle-fille du roi Louis-Philippe 1er, en 1837.
Les Américains reprennent à la fin du XIXe siècle la tradition de Saint Nicolas, qui distribue des cadeaux aux enfants sages le jour de sa fête, le 6 décembre. Ils transforment le saint en un Père Noël très profane qui passe dans la nuit du 24 au 25 décembre. Noël a perdu depuis lors son caractère strictement religieux et la fête a pris un caractère universel.
Pour éviter de malsaines compromissions, l'Église catholique met désormais l'accent sur la commémoration de Pâques et de la résurrection plutôt que sur Noël et la Nativité.
Fabienne Manière