La malbouffe s'invite à table
« Bon appétit, bonne chance »
Obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, cancers... nombreuses sont les maladies causées par le contenu de notre assiette. En 2019, l’alimentation est la première cause de mortalité au monde.
Pour cette raison mais aussi pour des raisons sociales, culturelles ou encore écologiques, les scandales alimentaires foisonnent dans l’actualité de ces dernières années. L’homme moderne, qui cherche à être en bonne santé, s’interroge de plus en plus sur son alimentation.
La « malbouffe », qui a vu le jour sous la plume du biologiste Joël de Rosnay en 1979, est aujourd’hui pointée du doigt. Elle désigne la nourriture trop grasse, trop salée, trop sucrée, incarnée par les services de restauration rapide tels que McDonald’s, pourtant innovation majeure révolutionnant le quotidien des ménages dans les années 1950.
« Venez comme vous êtes » et découvrez l’histoire appétissante, ou pas, de la malbouffe.
Charlotte Chaulin
La genèse de la malbouffe
Au XIXème siècle, la Révolution industrielle se fait aussi à table. Les progrès technologiques permettent de remarquables avancées en nutrition, agronomie, transformation, transport et commercialisation des aliments.
Mais l’industrialisation de l’alimentation témoigne, en un siècle, des limites du Progrès. En 1885, un pharmacien américain, John Pemberton, vétéran de la Guerre de Sécession, cherche à se désintoxiquer de la morphine qu’il prend pour soulager ses blessures de guerre.
Il élabore une boisson alcoolisée à partir d’un vin de Bordeaux, de coca, de noix de kola et de damiana. Suite à l’interdiction de l’alcool à Atlanta, où il habite, il développe une version de la boisson sans alcool. Le 31 janvier 1893, la marque Coca-Cola est déposée.
Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, un simple sandwich consommé le midi par les marins de Hambourg et les immigrants d'Europe du Nord, qui grignotent sur les quais de New York, va inspirer le repas le plus populaire de cette fin de siècle : le fameux « hamburger ».
Ces deux nouveautés de la fin du XIXème vont progressivement s’introduire dans les habitudes alimentaires des Occidentaux et constituent la genèse de la malbouffe.
En 1919, les premières bouteilles de Coca-Cola arrivent en France par le port de Bordeaux. Un Américain, Raymond Aaron Linton arrive de New York pour ravitailler les soldats américains sur le territoire français avec « la boisson la plus rafraîchissante du monde ».
L’implantation de la marque est rapide : dès l’année suivante, la première usine d’embouteillage est ouverte rue Rouelle, dans le 15ème arrondissement de Paris.
Cette proximité facilite l’approvisionnement des brasseries parisiennes. En 1921, Linton achète un camion qui arbore le célèbre logo rouge.
La mayonnaise prend à vitesse grand V dans les années 1950 lorsque Louison Bobet, gagnant du Tour de France en 1953, se fait photographier en train de boire un Coca-Cola : « Un Coca-Cola et vous voilà ragaillardi ! ».
Vous voilà bien payé surtout. Deux ans plus tôt, Coca-Cola offrait 5 000 dollars au président de la Harvard Medical School pour qu’il écrive un article présentant « un soda, une glace ou un Coca » comme un en-cas approprié pour un adolescent. S’il faut débourser une telle somme, c’est peut-être que la boisson ne mérite pas de figurer parmi les recommandations alimentaires faites aux jeunes...
Quelques années plus tard, l’homme d’affaires américain Ray Kroc lance une chaîne de restauration qui deviendra l’une des marques les plus connues au monde : McDonald’s. Il rachète en 1955 une petite chaîne de hamburgers lancée par les frères McDonald et son premier restaurant ouvre ses portes à Des Plaines, dans la banlieue de Chicago.
La société connaît une croissance phénoménale dans les années 1960, entre en bourse en 1965, et met le cap sur le monde entier. La France est un terrain propice à l’installation de cette chaîne de restauration rapide. Le temps est à la libération de la femme. L’esprit 68 s’invite à table et libère la traditionnelle ménagère de sa cuisine
La commercialisation du micro-ondes et des plats préparés dans les années 1950 permet de diminuer le temps passé à cuisiner. Réfrigérateurs et congélateurs, apparus au début du siècle, deviennent des produits de consommation courants après la Seconde Guerre mondiale. Cuisiner requiert de moins en moins de temps, et le mieux est encore d’aller au restaurant.
McDonald’s ouvre officiellement son premier restaurant en France à Strasbourg, en 1979. Cette même année, le scientifique Joël de Rosnay publie son livre La Malbouffe, qui tend à montrer l'importance de l'alimentation sur la santé.
En effet, « aux États-Unis et dans la plupart des pays développés, 60% des causes de décès seraient associées à de mauvais régimes alimentaires. » Le néologisme « malbouffe », dont McDo devient l’incarnation, désigne tous les aliments néfastes pour la santé car trop gras, trop sucrés ou trop salés.
Cette concomitance témoigne qu’au moment où la malbouffe s’est imposée en France, elle a tout de suite connu des détracteurs.
Joël de Rosnay et sa femme cherchent à travers cet ouvrage à « modifier certaines tendances de la société. Mais aussi réduire à titre personnel les risques représentés par certaines maladies dégénératives ; se sentir mieux dans sa peau ; disposer de plus d’énergie pour affronter les difficultés ou les maladies ; dormir mieux et d’un sommeil naturel ; réduire la tension nerveuse et l’agressivité. Et, pourquoi pas, vivre plus longtemps ! »
Ça donne envie, n'est-ce-pas ? Et pourtant, même si le titre du livre a connu un retentissement important, son contenu n’a pas tellement imprégné les consciences. Du moins, il n’a pas empêché à la malbouffe de trôner sur les tables des Français les plus modestes. « Les statistiques sont frappantes : en 1979, dans les classes favorisées, on trouve 35% de maigres, 60% de sujets normaux et 5% d’obèses ; dans les classes les plus défavorisées, 3% de maigres, 57% de sujets normaux et 40% d’obèses. » écrit Joël de Rosnay.
Les années 2000 marquent un tournant dans l’histoire de l’alimentation, d’un côté par la prise de conscience des consommateurs et, de l’autre, par la recherche croissante de profit des industriels.
Le terme « malbouffe » fait sa grande entrée dans Le Petit Robert en 2001 et est remis au goût du jour par José Bové, leader de la Confédération paysanne, au début des années 2000. Le démontage d’un McDo en construction à Millau marque le début d’une révolution : la « malbouffe », conceptualisée par le couple Rosnay, devient enfin une préoccupation majeure.
Jacques Borel, l’incarnation de la malbouffe à la française
Jacques Borel, né en 1927, a marqué l’histoire de l’alimentation. Diplômé d’HEC, il prend conscience qu’avec l'accès des femmes au marché du travail, le temps passé en cuisine sera réduit. Et deux salaires permettront davantage de sorties !
En 1957, il monte avec son épouse un restaurant rue du Colisée, à Paris, l’Auberge Express. Rapidité rime avec rentabilité. Borel a un but, celui de servir « douze clients par minute, soit un toutes les cinq secondes. » En 1961, il crée la version française de la marque américaine « Wimpy » qu’il a connue lors d’un stage à New York en 1949. C’est la toute première enseigne nationale de restauration rapide de hamburgers.
Toujours inspiré par ce qui se fait à l’étranger, en l’occurrence en Italie, Borel crée un restaurant enjambant l’autoroute A6 sur l’aide de Vernoy, près d’Auxerre, en 1969. C’est le premier « restoroute ». Pour servir un maximum de clients, il met en place le principe du self-service. Le succès est immédiat, Borel peut servir jusqu’à 6 000 clients par jour. Continuant sur sa lancée, il adapte sa formule à différents types de nourriture : pizza, grillades, etc.
Malheureusement, son image devient très vite associée à celle de « malbouffe » et en 1976, le cinéaste Claude Zidi le caricature dans son film L’Aile ou la Cuisse sous le nom de Jacques Tricatel (joué par Julien Guiomar, avec Louis de Funès dans le rôle d'un directeur de guide gastronomique). L'année suivante, Jacques Borel est débarqué par ses banquiers. Son entreprise va poursuivre sans lui son expansion et devenir sous la marque Sodexho la première entreprise mondiale de restauration rapide ! Infatigable, l'entrepreneur poursuit sa carrière dans l’hôtellerie avant de faire du lobbying. En 2009, il obtient de réduire en France à 5,5% le taux de TVA dans la restauration.
lobbying. En 2009, il obtient de réduire en France à 5,5% le taux de TVA dans la restauration.
Le tournant des années 2000 : prise de conscience vs marketing intensif
Dans les années 2000, plusieurs pays d’Occident, dont la France, prennent conscience que l’obésité est un problème de santé publique majeure. À l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975. La France compte 15% d’obèses en 2017 contre 38% aux États-Unis.
En France, des campagnes de prévention sont mises en place à la télévision pour alerter contre la malbouffe. En 2004, une loi est votée pour limiter les effets du marketing alimentaire. Les publicités pour les marques alimentaires devront contenir une mise en garde : « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé. »
Mais au même moment, les industriels multiplient les produits et lancent de nouvelles modes, comme celle du snacking (grignotage). « Notre objectif est d’offrir des moments délicieux aux consommateurs » affirme le patron de Kraft Foods Europe, Tim Cofer, au début des années 2000. L’américain Kraft Foods est le numéro deux mondial de l’alimentation derrière le suisse Nestlé et propose les biscuits Lu, Toblerone, Milka, le chocolat Poulain, Carambar ou encore les chewing-gums Hollywood.
Pour goinfrer la population, l’estomac n’étant pas extensible et la taille des repas ne pouvant être indéfiniment augmentée, lui et d’autres industriels ont développé cette mode du grignotage. En huit ans, les ventes de produits de grignotage ont grimpé en France de 65%.
Sous la pression du législateur, les industriels ont réduit les quantités de sucre mais contournent l’obstacle, notamment en investissant la majorité de leur budget dans les campagnes de publicité numérique. Cela pour deux raisons : car les jeunes de moins de 18 ans passent de plus en plus de temps sur internet mais aussi parce que la publicité est moins contrôlée en ligne. Et cette technique porte ses fruits ! Sur les 20 marques les plus suivies en France sur les réseaux sociaux, la moitié sont des marques alimentaires.
En 2008, les 20 plus grands groupes alimentaires mondiaux avaient signé une promesse de limiter la publicité aux enfants de moins de 12 ans. Une initiative peu suivie car délimitée par aucune sanction. Les marques ont lancé depuis des « advergames », des jeux qui mettent en scène leurs produits phares....
Sur ces jeux, pas de spot sanitaire et pas d’obligation de mentionner qu’il s’agit d’une publicité. Même les parents se font prendre parfois au jeu. Pourtant, il s’agit bien de publicité déguisée.
Si le marketing s’intensifie, c’est parce que la tendance de ce début de XXIème siècle est au bien-manger. Les consommateurs cherchent des alternatives aux produits de l’agro-alimentaire. Les terroirs ont de plus en plus de succès. « Recette traditionnelle », « fabrication artisanale », ces appellations, jusqu’alors réservée aux petits producteurs et aux produits issus de la ferme, sont devenues l’enjeu d’un énorme business car cette tendance n’a pas échappé à la grande distribution.
Mais les marques tiennent-elles leur promesse ? Est-il possible de cuisiner du terroir à des millions de clients ? Pour ce faire, l’artisanat et la tradition sont forcément délaissés au profit de la confection industrielle des produits, pour la plupart vendus sous plastique dans les grandes surfaces...
Et la planète trinque
« L’huile de palme, c’est le principal ingrédient de la malbouffe. La matière grasse la moins chère actuellement disponible sur le marché, et la plus vendue au monde. » écrivent Christophe Labbé et Olivia Recasens dans Vive la malbouffe, à bas le bio (2013). Et sa culture est responsable de la déforestation dans les forêts tropicales. D’où la mise en accusation en 2012 de la pâte à tartiner Nutella qui contient près de 60% d’huile de palme. Des députés ont voulu taxer cette dernière mais le projet de loi a été rejeté par le Sénat.
Outre les ingrédients utilisés par la malbouffe, la quantité énorme de plastique et de déchets produits par les marques alimentaires participent aux dégâts sur l’environnement. L’ONG Zero Waste a révélé dans un rapport de mai 2017 que McDo utilisait par minute près de 2,8 tonnes d’emballages jetables. En France, 115 tonnes étaient jetées chaque jour. En conséquence de quoi, en novembre 2019, McDonald’s France a supprimé définitivement l’utilisation de paille en plastique. Un tout petit pas pour l’homme, aucune conséquence réelle pour la planète...
La malbouffe, le privilège des pauvres
Dans La Malbouffe, Joël de Rosnay écrivait en 1979 : « Le tiers-monde meurt de sous-alimentation... et nous de trop manger. » Cette réflexion s’appliquait à l’époque, lorsque les pays en développement étaient encore victimes de famines.
Mais depuis le début du XXIème siècle, la tendance s’est inversée. Alors que l’Occident tente tant bien que mal de se tourner vers des alternatives alimentaires plus saines et meilleures pour la santé, les pays d’Asie et d’Amérique latine ont eux gagné un cadeau empoisonné livré avec leur nouveau statut de pays émergent : la malbouffe.
Intégrés dans la mondialisation, ils bénéficient, au péril de leur santé, de l’américanisation de leur mode de vie. Les États-Unis, embourbés dans une lutte perdue d’avance contre l’obésité (l’OMS estime que le pays connaîtra un taux de 42% d’obèses dans sa population en 2030), font rêver avec de la nourriture industrielle. Pire encore, ils proposent de la nourriture encore plus mauvaise (grasse, salée, sucrée) que chez eux.
KFC, McDo, Domino’s Pizza... ne proposent pas les mêmes produits en Inde ou au Brésil qu’en Occident. Les rois de l’alimentaire profitent de ce que, dans les pays pauvres ou émergents, l’alimentation est moins normalisées et les marques alimentaires moins réglementées.
Au Brésil, aucune loi ne limite ainsi le marketing alimentaire. La publicité pour les promoteurs de malbouffe est omniprésente. Coca-Cola démarche jusque dans les cours de récré, envoyant son clown Ronald faire le tour des écoles. Les enfants deviennent donc dépendants dès la petite enfance.
Le Brésil, troisième marché au monde pour Coca-Cola, ils boivent le célèbre soda dès le biberon. Et les parents ne prennent pas conscience de la nocivité de ces produits. « S’ils sont autant mis en avant dans les rayons du supermarché, c’est qu’ils doivent être bons », pensent-ils.
En Inde, le principal argument de vente de la marque Domino’s pizza, l’enseigne la plus développée dans ce pays : les prix bas. Comptez 49 roupies, soit 65 centimes d’euros, pour la pizza premier prix. Les menus en France proposent des bouteilles d’eau, en Inde vous n’aurez pas le choix, ce sera un soda ou un jus. Personne ne s’en plaint. Persuadés que c’est bon pour la santé, ils ne se posent pas trop de questions. Trop gras, trop sucré, trop salé ? Qu’importe, c’est bon et pas cher.
Chez McDo, le McChicken indien est deux fois et demi plus sucré que son homologue français. Deux grammes en Occident contre cinq dans une enseigne présente dans un centre commercial de Calcutta. Le Filet-o-fish contient lui deux fois plus de graisses saturées. Les nuggets, trois fois plus. Celles qui explosent le compteur, ce sont les frites (qui accompagnent tous les menus) : 11,5 grammes de sucre en Inde contre 2 grammes en France. Chez KFC, les frites indiennes contiennent, elles, dix fois plus de sel. En France de tels taux seraient inenvisageables. Deux poids, deux mesures...
Principal dégât de l’exportation de l’american way of life : le poids moyen dans ces pays-là explose. Une épidémie d’obésité frappe les pays émergents en ce début du XXIème siècle. 30% des adolescents sont en surpoids en Inde. Un chiffre qui a été multiplié par deux en seulement cinq ans. Au Brésil, un adulte sur deux est en surpoids et un sur sept est obèse.
Les publicitaires s’en donnent à cœur joie pour permettre aux marques alimentaires de faire du chiffre d’affaire sur le dos des populations. Les publicités sont soigneusement étudiées pour plaire à leurs cibles. Le sport étant au cœur de la culture brésilienne, les marques le mettent toujours en avant dans leurs pubs. Football et favelas : le combo parfait pour promouvoir la boisson sucrée Pepsi.
La Chine n’est pas en reste dans ce phénomène. Finie l’image traditionnelle de Chinois longilignes pratiquant le tai-chi dans les parcs. La mondialisation a entraîné une révolution culturelle qui a transformé radicalement le mode de vie chinois. Mais la politique de l’enfant unique, en place dans le pays entre 1979 et 2015, a également influé sur les pratiques sociales et créé un concept favorisant le développement de la malbouffe : « l’enfant-roi ». Et c’est sur la balance que cela se voit.
Marginale il y a trente ans, l’obésité a explosé chez les enfants et adolescents des provinces rurales chinoises. La malbouffe en est la principale cause. « Le problème est que les enfants restent assis avec deux litres de coca. Pour brûler ces calories, ils devraient marcher 46 km », analyse le professeur en cardiologie Joep Perk.
« La Chine paie ainsi le prix de l’adoption d’un mode de vie occidental », commente la société européenne de cardiologie. Dans une étude réalisée en 2014, elle montre que le nombre d’enfants chinois obèses de 6 à 17 ans a triplé entre 2002 et 2012. Depuis, la Chine reste le pays où le nombre d’obèses augmente le plus vite. Le diabète et les maladies cardiovasculaires font alors des ravages dans le pays.
lus vite. Le diabète et les maladies cardiovasculaires font alors des ravages dans le pays.
La malbouffe est-elle en voie d’extinction ?
Dans les pays émergents, la réponse est clairement non. Le bilan est désastreux et les pouvoirs publics ne font rien pour sanctionner les marques alimentaires.
En Occident, ces marques sont toujours aussi présentes à la télévision, sur des affiches publicitaires, sur internet et donc dans nos esprits. Les emballages prêtent à confusion et nous font croire que les produits de la malbouffe sont bons pour la santé. Récemment, les marques alimentaires ont dû se plier à la règle du Nutri-Score pour afficher les qualités nutritionnelles des produits. Encore faut-il savoir les déchiffrer et les analyser.
Que dire des coquilles Saint-Jacques à la bretonne d’origine russe ou encore des surimis au goût frais de homard sans aucune trace de homard ?
La lutte pour le bien-manger devient difficile. Surtout que les alternatives comme les produits bio ne sont pas accessibles aux familles les plus modestes. L'alimentation saine est-elle pour autant le privilège des riches ? Non, car le problème de la malbouffe est lié à celui de la surconsommation. Pour améliorer la qualité, sans dépenser plus, il faudrait réduire la quantité. Moins mais mieux !
Ce que les nutritionnistes répètent sans cesse aujourd'hui, c'est que la clé pour bien manger, c'est d'avoir une alimentation équilibrée. La malbouffe cause de nombreuses carences nutritionnelles. À tel point qu'elle provoque le retour de maladies disparues comme, en 2011, le scorbut.
Faire ses courses au supermarché va devenir un vrai défi sachant que les industriels ne relâchent pas la pression, portés par l'objectif de produire toujours plus et donc favoriser la quantité au détriment de la qualité. D’où le foisonnement des scandales alimentaires dans l’actualité récente : lasagnes à la viande de cheval, steaks hachés sans viande, vente de viande avariée, huile de caniveau en Chine ou encore porc transformé en bœuf pour rendre la viande plus chère. Le tabac tue, la malbouffe aussi. Mais le tabac, lui, ne ment pas sur son origine et sa composition.
Pour les journalistes Christophe Labbé et Olivia Recasens, c’est sûr, l’avenir appartient à la malbouffe. Tout simplement parce qu’elle est bien moins chère à concocter qu'une alimentation saine. « Et au fond, il faudrait être mauvais joueur pour s’en plaindre. Car la malbouffe met de la fantaisie, du suspense et de la gaité dans nos vies : désormais, comme dit l’autre (Pierre Rabhi, ndlr), à table on ne se dit plus « bon appétit » mais « bonne chance ». Ce qui est quand même plus rigolo… »
Les conseils de l’OMS pour réduire la charge du surpoids et de l’obésité
« Au niveau individuel, on peut :
- Limiter l’apport énergétique provenant de la consommation des lipides totaux et de sucres
- Consommer davantage de fruits et légumes, de légumineuses, de céréales complètes et de noix
- Avoir une activité physique régulière (60 minutes par jour pour un enfant et 150 minutes par semaine pour un adulte)
La responsabilité individuelle ne peut pleinement jouer son rôle que si on a accès à un mode de vie sain. Il est donc important qu’au niveau de la société, l’individu soit aidé à appliquer les recommandations énoncées ci-dessus, par la mise en œuvre durable de politiques reposant sur des bases factuelles à l’échelle des populations qui rendent les choix de l’activité physique régulière et de meilleures habitudes alimentaires disponibles, financièrement avantageux et facilement accessibles pour tout un chacun, y compris les plus pauvres.
Une taxe sur les boissons sucrées est un exemple de ce type de politiques.
L’industrie agro-alimentaire peut jouer un rôle important de promotion des régimes alimentaires sains :
- En réduisant la teneur en graisse, en sucre et en sel des aliments préparés
- En proposant à tous les consommateurs des produits sains et nutritifs à un prix abordable
- En limitant la commercialisation d’aliments riches en lipides, en sel et en sucre, notamment ceux qui sont destinés aux enfants et aux adolescents
- En veillant à proposer des aliments sains et à favoriser la pratique d’une activité physique sur le lieu de travail »