La résilience facile du père Castex
Ce n’est pas parce que la campagne s’est quasiment évaporée quelque part entre le Donbass et la quatrième dose de produit magique de Pfizer qu’elle n’existe plus du tout. En réalité, certains ont bien compris toute l’importance de distribuer encore quelques bonbons avant le manège électoral. Et avec les petites surprises sur les prix actuels de l’énergie, voilà une occasion en or de faire briller la fine fleur de la redistribution à la française.
Il faut dire qu’actuellement, ça picote !
Les prix des matières premières flambent et entraînent avec elles les coûts de production ; outre un baril de pétrole qui dépasse maintenant les 100$, le blé a explosé à la hausse (+36% depuis trois semaines, le tournesol de 40% et le gaz de 90%). Les produits manufacturés voient en conséquence leurs prix grimper à un rythme soutenu, à tel point que l’INSEE envisage déjà un solide 4% d’inflation sur les quatre premiers mois de l’année, ce qui, compte-tenu de l’habituelle sous-évaluation de l’institut, signifie probablement un chiffre plus proche de 8%…
Dès lors et comme le veut l’habitude gouvernementale depuis plusieurs décennies, il convient absolument de faire quelque chose ; comme s’agiter en agitant les bras en l’air a largement prouvé son efficacité pour un certain nombre de crises précédentes, le gouvernement Castex a donc fort logiquement envisagé la même technique. Concrètement, cela se traduira cette fois-ci par un nouveau plan qu’on qualifiera de « résilience économique et sociale ». On échappe de peu au numéro vert et au Grenelle de la résilience, mais l’esprit y est, c’est évident.
Et quand on dit qu’il s’agit bien d’appliquer les techniques utilisées « avec brio » dans les crises précédentes, ce n’est pas une simple formule puisque c’est exactement dans ces termes qu’ont été présentées les actions décisives envisagées par Castex et sa troupe de joyeux lurons : dans une vidéo pourtant courte mais suprêmement soporifique, le Premier ministre explique vouloir baisser le prix à la pompe des carburants de 15 centimes par litre, et compenser par des aides l’augmentation des factures énergétiques des entreprises à hauteur de la moitié des surcoûts enregistrés depuis le début de guerre en Ukraine.
Vraiment, le Prince est trop bon ! Le voilà qui va rendre aux petits gueux 15 centimes du litre d’une essence dont le coût est composé à plus de 70% de taxes (soit plus de 200% de ponctions étatiques sur le prix hors taxes) et encore faudra-t-il que ce dernier s’estime heureux, le tout en faisant passer ça pour une augmentation liée à la crise ukrainienne alors que cette augmentation est maintenant constatée depuis l’automne dernier. Normalement on appelle cela du floutage de gueuletaxe : la taxe est toujours perçue, en totalité, mais grâce à des petites tubulures gouvernementales, un peu d’argent revient dans la poche du contribuable, une fois que l’inflation lui a déjà pris l’équivalent. En somme, on lui promet une somme qui s’évapore avant d’arriver dans son bas de laine qui continue donc de maigrir.
La planification et le protectionnisme outrancier, mis en place dès le premier confinement de 2020, ont pourtant largement démontré leur capacité à détruire les chaînes de valeurs et la logistique délicate que l’interaction mondiale de milliers d’acteurs différents rend pourtant impossible à réguler d’en-haut.
Les propositions sont, comme à l’habitude, à mi-chemin entre le lunaire et l’impraticable : plutôt que diminuer les montagnes de taxes et de ponctions que l’État impose sur l’énergie, plutôt même que renoncer aux abrutissantes stupidités écologiques qui nous ont propulsé, directement et indirectement, dans la situation actuelle, propositions qui constitueraient de vraies solutions allégeant les charges des entreprises et des particuliers, leur redonnant du pouvoir d’achat et des marges de manœuvres, tout en éclaircissant franchement l’avenir, le gouvernement Castex choisit un nouveau système de réduction en caisse avec des remboursements compliqués, des chèques énergie et autre mécanismes de subvention de l’État qui s’accompagneront, on s’en doute, d’épais conditionnel et de vérifications fiscales a posteriori dont on sent déjà qu’elles seront épicées.
En somme, on assiste une nouvelle fois à une bordée de planisme étatique pour contrer un effet jugé délétère d’un marché déjà largement corseté par des règles étatiques plus ou moins arbitraires et empilées sans vergogne depuis des décennies d’un socialisme qui se porte de plus en plus mal. Ajouter des règles et des contraintes à un marché déjà largement englué de contraintes, de taxes et d’interventions massives des administrations, forcément, c’est une recette du succès : ce sont toujours les pays les plus administrés et les plus bureaucratiques qui s’en sortent le mieux, c’est bien connu.
Mais le pire de tout cela est le constat navrant qu’on redistribue encore et encore ce qu’on n’a même pas commencé à amasser. En réalité, ici, Castex et sa brochette de clowns approximatifs redistribuent de la dette, à grandes pelletées vigoureuses de déficit budgétaire, sur la tête des générations les plus jeunes et, mieux encore, sur celles qui ne sont pas encore nées dont l’intérêt n’est positif que lorsqu’on parle climat, jamais lorsqu’on parle finances. Brûlant avec ferveur l’argent des autres qu’elle n’a pas encore dérobé, la mafia actuellement au pouvoir se comporte ainsi exactement comme s’il s’agissait de laisser le passif le plus immonde à l’équipe suivante, et peu importe si elle sera du même bord ou pas : l’avenir personnel de ces escrocs officiels ne s’étant jusqu’à présent jamais confondu avec l’avenir du reste du peuple, l’impact réel sur ce dernier, à moyen et long terme, n’a aucune importance.
Avec le même brio que la gestion sanitaire où tout fut fait à l’emporte-pièce et en dépit d’absolument toute planification budgétaire ni même de retour d’expérience pour essayer de voir ce qui a marché ou non, on va donc reproduire avec l’entêtement idiot des individus qui n’en en réalité absolument rien à foutre les mêmes mécanismes pour la crise énergétique.
Et pour faire bonne mesure, ce bouffon de Castex présentera ça comme un gage de sérieux. Voilà qui promet.
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