Les leçons d'une pandémie
2020, le monde qui vient
Par André LARANE
L'année 2020 apparaîtra aux historiens du futur comme un tournant majeur dans l'Histoire européenne et tout particulièrement dans l'Histoire de France. Il sera sans doute aussi d'une toute autre ampleur que les précédents du fait de ses aspects démographiques (baisse de la natalité, hausse de l'immigration).
D'un point de vue européen et français, notre analyse est sans nul doute pessimiste, mais ce pessimisme n'est-il pas le préalable à un éventuel sursaut ?
Les grands États européens - la France, l'Angleterre, l'Allemagne... - sont nés aux alentours de l'An Mil, sur les décombres de l'empire carolingien, ultime avatar de l'Empire romain d'Occident. La France elle-même émerge pour de bon avec le couronnement d'Hugues Capet en 987.
Épargnés par les invasions et les vagues migratoires - une exception planétaire entre l'An Mil et le XXe siècle -, les Européens ont grandi ensemble, dans un grand brassage des idées et des populations. Génération après génération, ils ont donné force de loi à leurs coutumes et, ainsi, bâti des sociétés dans lesquelles chacun savait ce qui était licite et ce qui était illicite. Les chapitres des monastères ont inventé ou réinventé la démocratie : un homme, une voix. Assidus au travail, tant manuel qu'intellectuel, les moines ont valorisé l'étude et le travail, que les autres civilisations réservaient aux femmes, aux esclaves et aux miséreux... Ainsi est née notre civilisation, à nulle autre pareille.
2020 pourrait signer son acte de décès, à l'issue d'un tête-à-queue amplifié et accéléré par la pandémie.
D'un point de vue européen et français, notre analyse est sans nul doute pessimiste, mais ce pessimisme n'est-il pas le préalable à un éventuel sursaut ?
Si l'on excepte la pandémie de Covid-19, officialisée par un communiqué de Pékin à l'OMS le 31 décembre 2019, l'année 2020 ne s'est illustrée par aucun événement proprement exceptionnel. Mais les réactions des États à la pandémie n'ont plus laissé aucun doute sur les nouvelles lignes de force géopolitiques et les fractures continentales. Le plus important tient dans le décrochage brutal de l'Union européenne par rapport aux pays riverains de la mer de Chine.
Ainsi que l'a montré l'historien Gabriel Martinez-Gros, nous sommes arrivés à la fin des « Deux-Cents Glorieuses » qui ont vu la planète accomplir un bond sans précédent en économie comme en démographie : la population mondiale, qui a été multipliée par 10 depuis 1800, va entamer une décrue dès avant la fin du siècle, au prix d'un vieillissement massif des pays industrialisés ; quant à la croissance économique à 2% ou davantage, elle relève du passé, n'en déplaise à nos gouvernants qui espèrent résorber la dette avec le « retour de la croissance ». À quoi pourrait ressembler l'avenir qui se profile ? C'est ce à quoi nous réfléchissons ci-après.
Les grands États européens - la France, l'Angleterre, l'Allemagne... - sont nés aux alentours de l'An Mil, sur les décombres de l'empire carolingien, ultime avatar de l'Empire romain d'Occident. La France elle-même émerge pour de bon avec le couronnement d'Hugues Capet en 987.
Épargnés par les invasions et les vagues migratoires - une exception planétaire entre l'An Mil et le XXe siècle -, les Européens ont grandi ensemble, dans un grand brassage des idées et des populations. Génération après génération, ils ont donné force de loi à leurs coutumes et, ainsi, bâti des sociétés dans lesquelles chacun savait ce qui était licite et ce qui était illicite. Les chapitres des monastères ont inventé ou réinventé la démocratie : un homme, une voix. Assidus au travail, tant manuel qu'intellectuel, les moines ont valorisé l'étude et le travail, que les autres civilisations réservaient aux femmes, aux esclaves et aux miséreux... Ainsi est née notre civilisation, à nulle autre pareille.
2020 pourrait signer son acte de décès, à l'issue d'un tête-à-queue amplifié et accéléré par la pandémie.
Une démocratie mal en point
La pandémie de Covid-19 a mis à nu la faillite de l'État, l'impuissance de l'exécutif, l'inexistence du législatif et les lourdeurs de la haute administration. Tous les États occidentaux ont été peu ou prou affectés par ces maux, naviguant au jugé entre les écueils d'un virus mystérieux. La France figure parmi les plus affectés, avec une paralysie de tous les échelons, du chef de l'État aux directions régionales.
C'est le président Macron qui, en mars 2020, impose le confinement sans oser suspendre le premier tour des municipales, ou encore, en décembre, limite à 30 personnes l'assistance aux offices religieux, dans les cathédrales aussi bien que dans les chapelles de village. C'est encore lui qui, en janvier, en plus d'une myriade d'administrations et de comités voués à la pandémie, demande à une assemblée de citoyens tirés au sort d'en débattre. Ce sont les ministères et leurs directions qui tardent à commander des masques, interdisent aux vétérinaires de participer aux campagnes de dépistage et vaccination, oublient de planifier les campagnes de vaccination, etc. Ce sont aussi les policiers et les gendarmes qui verbalisent les particuliers pour une attestation de sortie mal remplie ou une randonnée non autorisée dans un coin désert de leur campagne.
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