Par Laure Equy
Un Sénat qui penche toujours à droite, la percée des écologistes et La République en marche (LREM) encore à la peine. Les élections sénatoriales ont été, sans surprise, la réplique logique du second tour des municipales de juin. Des experts du palais du Luxembourg aux sénateurs, la stabilité était le maître-mot de ce scrutin. Lequel confirme un paysage politique scindé en deux : d’un côté, un parti présidentiel, colosse des présidentielle et législatives, et nain territorial. De l’autre, des partis traditionnels, mis à terre sur le plan national, qui tiennent leur revanche dans les territoires.
Renouvelé par moitié tous les trois ans, le Sénat voyait ce dimanche 172 sièges (sur 348) remis en jeu dans 58 départements de métropole (de l’Ain à l’Indre et du Bas-Rhin au Territoire de Belfort, hors Ile-de-France), en Guyane et dans quatre collectivités d’outre-mer. Dans les endroits les moins peuplés – où un ou deux sièges sont à pourvoir –, le scrutin est majoritaire à deux tours. Dans les autres départements, les sièges sont répartis à la proportionnelle. Les grands électeurs étaient appelés à voter, dont 95% sont issus des conseils municipaux.
«Cette élection, dans un contexte sanitaire, économique et social inédit, vient conforter la majorité sénatoriale de la droite et du centre», se félicite, dans un communiqué, Gérard Larcher (LR). Le président du Sénat de 2008 à 2011 et depuis 2014, qui compte se représenter, a peu de souci à se faire. Première force des municipales, en particulier dans les villes moyennes et petites communes, LR conserve ainsi sa première place au Sénat où elle est majoritaire depuis 2014, avec le renfort du groupe Union centriste. Le groupe Les Républicains doit élire mercredi son président. Il devrait s’agir du sortant Bruno Retailleau, réélu ce dimanche, et candidat à sa réélection. Son allié, Hervé Marseille, patron de l’Union centriste (51 membres), espérait aussi voir son groupe renforcé.
Handicapé par ses piètres résultats aux municipales, LREM peine à bâtir un ancrage local et donc à renforcer ses positions au Sénat. Mais le parti sauve la face avec trois victoires symboliques. Le président du groupe, François Patriat, en posture très délicate en Côte-d’Or, conserve finalement son siège. Le secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne est réélu dans l’Orne où il fut sénateur de 2014 à 2017 (élu sur une liste dissidente). Il ne peut siéger tant qu’il est au gouvernement. De même que le miLes socialistes devraient, de leur côté, rester le deuxième groupe. Sur leurs 71 sièges, 35 étaient renouvelables.
Le Rassemblement national (RN), qui s’était ouvert les portes du Sénat en 2014 avec deux élus, parvient à sauver un siège : le sortant Stéphane Ravier est élu dans les Bouches-du-Rhône, malgré sa défaite en juin à Marseille, dans sa mairie de secteur.
Depuis trois ans, la droite et les socialistes s’efforcent de présenter le Sénat comme un «contre-pouvoir» face à ceux, larges, détenus par Emmanuel Macron, une institution «non alignée» et «indépendante». La Haute-Assemblée a farouchement bataillé avec les macronistes, notamment quand il a été question d’enquêter sur l’affaire Benalla en 2018. Faute d’accord avec la droite sénatoriale, l’exécutif avait renoncé à sa réforme constitutionnelle.nistre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui l’emporte dans l’Eure. L’ancien LR rallié à Emmanuel Macron en 2017 voit dans le Sénat un terrain de jeu pour tenter de nouer de nouvelles alliances avec les groupes centristes en vue de 2022. Pas sûr toutefois que les difficultés de LREM rendent le parti présidentiel attractif.
L’un des seuls enjeux du scrutin, les écologistes ont annoncé être en mesure de former un groupe (le seuil requis est de 10 membres). La performance d’EE-LV dans plusieurs grandes villes au second tour des municipales lui offre six sièges dans le Rhône, le Bas-Rhin, les Bouches-du-Rhône, en Ille-et-Vilaine et en Gironde. Les nouveaux venus retrouveront au palais du Luxembourg quatre sénateurs écologistes (et une Génération·s), aujourd’hui dispersés dans deux groupes, communiste et RDSE. Ils pourraient être douze à reconstituer ce groupe, qui avait déjà existé de 2012 à 2017.
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