L'ÉDITO DE L'OPINION
Macron, l’immigration et les risques du «en même temps»
Par Nicolas BEYTOUT
Une partie de sa majorité aura beau rechigner, Edouard Philippe lui-même aura beau tordre le nez, Emmanuel Macron ne bottera pas en touche ; « J’assume de parler calmement de l’immigration », a-t-il déclaré à Europe 1 depuis le building des Nations Unies, le temple new-yorkais du brassage
des peuples et des identités. Le « j’assume » s’adresse évidemment à son parti La République en marche et à la gauche de sa majorité, tandis que le « calmement » est destiné à la droite républicaine et au Rassemblement national.
En parler, donc, afin d’affronter cette question qui, d’une manière ou d’une autre, sera un des thèmes dominants de la prochaine élection présidentielle. La France est confrontée aux mêmes courants violents, aux mêmes mouvements de populations que tous les autres pays développés. Il n’y a aucune chance pour qu’elle voit la montée du populisme s’arrêter à ses frontières.
Mais en parler ne suffit pas. Les Républicains ne se privent pas de le dire : les faits parlent contre le chef de l’Etat, et les statistiques démontrent l’inaction actuelle du gouvernement. Quant au Rassemblement national, il peut tranquillement piocher dans sa réserve d’arguments pour en ressortir le fameux : « Les électeurs préféreront toujours l’original à la copie. »
C’est le piège dans lequel Emmanuel Macron risque de s’enfermer. Pour l’heure, les indications données par le chef de l’Etat sont vagues, floues. Impossible de savoir vraiment jusqu’à quel point il veut fermer les frontières et réduire les avantages dont pourront bénéficier demain les immigrés, en particulier les clandestins. S’aventurer sur un terrain aussi glissant sans être parfaitement assuré de sa doctrine et de ses arrières politiques, c’est prendre le risque d’être constamment soumis à la surenchère. Par la droite et la gauche en même temps.
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