Le Déserteur est une chanson écrite par Boris Vian en février 1954, composée avec Harold B. Berg et enregistrée dans sa forme définitive l'année suivante. Son antimilitarisme a provoqué beaucoup de polémiques.
Boris Vian a publié sa chanson en 1954 à la fin de la guerre d'Indochine (1946-1954) alors que la contre-offensive française face aux troupes du général Võ Nguyên Giáp conduit à la défaite française de Diên Biên Phu où 1 500 soldats français sont tués. Pierre Mendès France doit ouvrir des négociations qui conduisent aux accords de Genève, signés le . Le Vietnam, le Laos et le Cambodge deviennent indépendants. Puis en , la Toussaint rouge marque le début de la guerre d'Algérie (1954-1962);
Censure
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Peu après sa sortie, la chanson est interdite de diffusion à la radio pour « antipatriotisme », notamment à cause de son dernier couplet. Paul Faber, conseiller municipal de la Seine, avait été choqué par le passage à la radio de cette chanson, et avait demandé qu'elle soit censurée en En guise de réponse, Boris Vian écrit une mémorable « Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber » qu'il adresse pour diffusion à France-Dimanche ; toutefois cette lettre n'est publiée qu'à titre posthume .En 1958, la radiodiffusion et la vente de ce chant antimilitariste furent interdites, Boris Vian se voyant, de plus, refuser par son éditeur la partition de la première version de la chanson L'interdiction fut levée en 1962 après la guerre d'Algérie.
Paroles
Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
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