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Chaque jour, aux urgences hospitalières, des médecins et des infirmiers jettent l'éponge, épuisés. Ils laissent leurs collègues encore plus en sous-effectif face à la charge de travail, confrontés à l’amertume d’expédier des cas plutôt que de « prendre soin » de patients, aux jours de repos annulés et à la vie personnelle grignotée. Des collègues que la situation intenable poussera à renoncer à leur tour... N’attendons pas que le dernier soignant parte en éteignant la lumière pour briser ce cercle vicieux !
Les causes de cette déliquescence sont multiples ; les réponses à apporter ne peuvent donc qu'être complexes. Plus complexes en tout cas qu’un slogan pavlovien sur la nécessité de « rouvrir des lits » : les postes sont budgétés, mais les conditions de travail sont telles qu’ils ne trouvent pas preneurs. Or chacun peut contribuer à améliorer ces conditions de travail. « Un passage sur deux ne relève pas de notre expertise », se navre le docteur François Braun, représentant des médecins urgentistes. Certes, la désertion des gardes par les médecins libéraux explique une part du phénomène. Mais les urgences sont trop souvent encombrées pour un bobo mineur ou pour traiter, un soir ou un dimanche, une douleur qui traîne depuis plusieurs jours.
Faute de changement des comportements individuels, des mesures contraignantes deviendront inévitables. Des plus basiques (appel obligatoire au 15 avant de se présenter à l’hôpital, sauf à y être transporté par le Samu ou les pompiers) aux plus dommageables (facture à régler par l’assuré en cas d’abus, au risque de sélectionner par l’argent et de dissuader des cas « sérieux » de se présenter). Les Français, aiguillonnés par une campagne de communication des pouvoirs publics, ont fini par comprendre que « les antibiotiques, c’est pas automatique ». Il est temps de leur faire admettre que « les urgences, c’est pas à ma convenance ».
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