Indemnité inflation: les entreprises et l’Etat-sans gêne
Olivier AugustePourvu que les prix de l’énergie redescendent vite ! Faute de quoi, Jean Castex devra bientôt s’inviter à nouveau au 20 heures de TF1, pour y annoncer la distribution de billets de banque à l’entrée des isoloirs lors de la présidentielle... L’approche des élections ou le souvenir des Gilets jaunes ne sont évidemment pas étrangers à l’urgence avec laquelle le gouvernement a annoncé son « indemnité inflation ». Ni à son exigence que les entreprises ajoutent dès décembre ces 100 euros à la paye de leurs salariés concernés.
Or l’Etat lui-même ne parviendra pas à effectuer ce versement avant fin janvier pour ses propres agents (février pour les retraités). Argument : « la tuyauterie est compliquée ». Comme s’il suffisait d’appuyer sur un bouton au patron de TPE déjà aux prises avec les dizaines de lignes de chaque bulletin de salaire, ou à la multinationale qui devra reparamétrer ses logiciels avec des milliers de cas particuliers (salariés à mi-temps, en congé maladie, en chômage partiel, multi-employeur, bénéficiant de primes variables d’un mois sur l’autre...) ! Peu importe à la technostructure, trop heureuse de faire peser sur d’autres le temps et le coût de mise en œuvre de sa mesure, ainsi que le risque d’erreur.
S’affranchir de ce qu’on impose aux autres : vieille et déplorable habitude de l’administration. Le secteur de l’audiovisuel public ou la recherche universitaire font enchaîner à vie ou presque des contrats précaires à certaines recrues. Les hôpitaux s’asseyent sur le temps de travail et le repos de sécurité de leurs internes. L’Etat commencera à payer à ses agents la moitié de leur complémentaire santé en 2024, les entreprises y sont obligées depuis... 2016. Et ainsi de suite. Et si, à l’avenir, l’Etat n’imposait plus aux citoyens, aux entreprises ou aux associations aucune mesure qu’il ne soit capable d’appliquer lui-même ? Voilà un beau programme pour un candidat à l’Elysée !
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