Pour décarboner l’énergie, dépolitiser le débat
Qui l’aurait parié ? Parce qu’Emmanuel Macron fera de la relance du nucléaire un symbole de « sa » France tournée vers l’avenir, face aux déclinistes et à une gauche divisée ; parce que la droite et l’extrême droite revendiqueront leur constance sur le sujet ; parce que l’objectif du « tout-renouvelable » fournira un slogan facile aux Verts, la production d’électricité s’annonce comme un sujet majeur de la présidentielle. Tant mieux : cela permettra de mettre fin à la fausse évidence instillée par François Hollande, selon laquelle les centrales atomiques ont vocation à fermer les unes après les autres, pour être remplacées par des éoliennes et des panneaux solaires. Et tant pis : le volumineux travail de RTE publié lundi sur les trajectoires menant à la neutralité carbone montre la nécessité de dépolitiser le débat, et offre la trame pour le faire.
Il n’y a plus lieu de choisir entre économies d’énergie et développement d’une électricité produite sans CO2 : il faut les deux, massivement. Et pour produire assez d’électricité sans CO2, il n’y a plus lieu de choisir entre nucléaire et renouvelables : il faut les deux, massivement. Les questions doivent maintenant porter sur la façon d’y parvenir. Quelles technologies ? Quels financements ? Comment rendre les changements acceptables par la population (modification des habitudes de vie, coût individuel et collectif de la transition, implantation des centrales, préservation des paysages…) ?
Certes, d’autres pays sont bien moins vertueux que la France en matière d’émissions de gaz à effets de serre. Il est légitime d’attendre de leur part encore plus d’efforts. Mais personne ne peut rester les bras croisés. Perturbation des productions agricoles et des activités économiques, flux migratoires massifs, catastrophes naturelles à répétition… : la poursuite du réchauffement aurait un coût bien plus lourd encore.
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