L'ÉDITO DE L'OPINION
Trop d’impôt tue l’impôt: la preuve par le pourboire
Par Olivier AugusteNe pas parvenir à recruter, dans un pays qui compte ses chômeurs par millions depuis des décennies... La situation navrante de la restauration française ne se résoudra pas uniquement par les efforts supplémentaires de formation que promet (à son tour) Jean Castex. Le secteur n’est pas assez attractif – autrement dit, les salariés ne voient pas l’intérêt de se donner la peine d’y travailler ? Des réponses existent. D’abord, creuser l’écart avec les revenus de remplacement : la réforme de l’Unedic qui doit entrer en vigueur vendredi doit justement permettre d’éviter que l’on gagne autant en alternant chômage et contrats courts qu’en bûchant toute l’année. Ensuite, améliorer salaires et conditions de travail : les organisations patronales concernées, toujours promptes à solliciter l’Etat (se souvenir de la TVA réduite), peuvent s’y atteler. Ou encore, diminuer les ponctions sur les rémunérations.
Las, à l’approche de la présidentielle, Emmanuel Macron est plus enclin à distribuer les milliards qu’à enclencher le mécanisme menant des baisses de dépenses publiques aux baisses de prélèvements. Le voici donc se rabattant sur une autre solution : permettre à certains d’échapper à l’impôt ! La petite monnaie disparaît ; il exonère les pourboires payés en carte bancaire de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. Tradition française bien ancrée dans certains métiers, mais relevant néanmoins de la fraude fiscale, la non-déclaration de revenus passe ainsi de tolérée à légalisée par le Président. Au-delà de la question morale, c’est celle de l’égalité devant l’impôt qui est soulevée. Si le pourboire versé au serveur souriant n’est pas fiscalisé, pourquoi celui du coiffeur habile, celui du chauffeur de taxi prudent, le variable du vendeur convainquant ou la commission du courtier efficace le seraient-ils ? La boîte de Pandore est ouverte.
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