Quand l’épidémie de la Covid-19 sera-t-elle terminée ?
Diplômée de l'Institut Français de Presse en 2004, Céline a créé et alimenté la rubrique Science sur le site L'Internaute jusqu'en 2007 avant de travailler pour la rubrique Business du Journal du Net. Sa passion : parcourir inlassablement le Web à la recherche d'infos
Céline DeluzarcheJournaliste |
passionnantes qui expliquent le monde d'aujourd'hui et préfigurent celui de demain. Technologie, environnement, santé : chaque jour nous prouve que ce qui semblait hier impossible se réalise.
Quand elle sort de sa bulle Internet, c'est pour se balader dans sa ville adorée de Strasbourg, ou pour passer des nuits blanches devant des (excellentes) séries TV d'anticipation ou de politique, avec un faible avoué pour les productions nordiques et britanniques.
Céline DeluzarcheJournaliste« ll y aura une fin à cette pandémie », assurait le 5 septembre dernier Jérôme Salomon, directeur général de la Santé sur BFM TV. « La France est sur le bon chemin d'un retour à la vie normale », avançait également Jean Castex le 31 août. « Les épidémies ont toujours une fin, rappelle Jean-Claude Manuguerra, spécialiste des maladies infectieuses à l'institut Pasteur. Une épidémie peut s'éteindre par concurrence d'un autre virus, en raison de la météo, ou d'une immunité collective». La fin de la pandémie, vraiment ? Cela signifie-t-il que le virus va disparaître aussi rapidement qu'il est apparu ? Que nous allons enfin pouvoir nous affranchir des masques et des gestes barrières ? Que la vaccination va éradiquer la Covid-19 ?
L'exemple le plus célèbre de ce basculement est celui du virus de la grippe espagnole qui a continué à circuler après l'épisode pandémique dévasteur de 1918-1920. « Quand cette pandémie [de grippe espagnole] s'est progressivement éteinte, le virus responsable, que l'on a identifié plus tard comme étant un H1N1, est devenu saisonnier », expliquait au journal Le Monde le professeur Patrick Berche en juin 2020. Ce qui n'a pas empêché certains de ses « descendants » d'entraîner de nouvelles épidémies comme en 1957, rappelle, de son côté, Jean-Claude Manuguerra.
Dans une interview au journal Le Point en juillet dernier, le patron de Moderna, Stéphane Bancel, estimait que « la période pandémique, de l'évolution rapide du virus et de contamination planétaire presque continue, sera terminée fin 2022 ». S'ouvrira alors, selon lui, une « période pandémique » où subsisteront « des noyaux de contaminations », mais où la situation globale sera stabilisée. En somme, nous aurons appris à vivre avec le virus. Certains pays comme la Chine et l'Australie s'accrochent encore pourtant à l'idée d'éradiquer le virus en confinant de manière généralisée à l'apparition du moindre cas. Une stratégie vouée à l'échec, comme le montre la hausse des cas dans ces pays. « On pourra considérer qu'avec un taux d'incidence compris entre 10 et 20 cas pour 100.000 habitants, on sera sorti de la phase pandémique », considère pour sa part Jean-Claude Manuguerra. Un chiffre atteint à deux reprises depuis le début de la pandémie, après la première vague entre mai et août 2020 et brièvement en juillet 2021. Et comme on l'a vu, cela n'a pas réussi à stabiliser le nombre de cas, qui est reparti de plus belle.
De la pandémie à l’endémie
Pour parler de fin d'épidémie, il faut d'abord s'entendre sur ce qu’est une épidémie. Et les définitions diffèrent grandement selon le contexte et les maladies. Généralement, une épidémie se caractérise par la croissance rapide de l'incidence d'une maladie dans une région et pendant une période donnée. « Pour la Listeria, on parle d'épidémie dès le premier cas », rappelle Jean-Claude Manuguerra. Pour la grippe, il faut plusieurs dizaines de milliers de morts pour que l'on parle d'épidémie. Et dans le cas du Sida, malgré 1,5 million de contaminations en 2020, on ne parle plus de pandémie. La maladie est passée à une phase endémique, qui est l'évolution naturelle de toutes les épidémies. L'endémie se définit par la présence habituelle d'une maladie, en générale infectieuse, dans une population déterminée ou une région précise, avec une incidence stable. « Le paludisme, l'hépatite A ou la grippe sont ainsi considérés comme endémiques », indique Jean-Claude Manuguerra.L'exemple le plus célèbre de ce basculement est celui du virus de la grippe espagnole qui a continué à circuler après l'épisode pandémique dévasteur de 1918-1920. « Quand cette pandémie [de grippe espagnole] s'est progressivement éteinte, le virus responsable, que l'on a identifié plus tard comme étant un H1N1, est devenu saisonnier », expliquait au journal Le Monde le professeur Patrick Berche en juin 2020. Ce qui n'a pas empêché certains de ses « descendants » d'entraîner de nouvelles épidémies comme en 1957, rappelle, de son côté, Jean-Claude Manuguerra.
Dans une interview au journal Le Point en juillet dernier, le patron de Moderna, Stéphane Bancel, estimait que « la période pandémique, de l'évolution rapide du virus et de contamination planétaire presque continue, sera terminée fin 2022 ». S'ouvrira alors, selon lui, une « période pandémique » où subsisteront « des noyaux de contaminations », mais où la situation globale sera stabilisée. En somme, nous aurons appris à vivre avec le virus. Certains pays comme la Chine et l'Australie s'accrochent encore pourtant à l'idée d'éradiquer le virus en confinant de manière généralisée à l'apparition du moindre cas. Une stratégie vouée à l'échec, comme le montre la hausse des cas dans ces pays. « On pourra considérer qu'avec un taux d'incidence compris entre 10 et 20 cas pour 100.000 habitants, on sera sorti de la phase pandémique », considère pour sa part Jean-Claude Manuguerra. Un chiffre atteint à deux reprises depuis le début de la pandémie, après la première vague entre mai et août 2020 et brièvement en juillet 2021. Et comme on l'a vu, cela n'a pas réussi à stabiliser le nombre de cas, qui est reparti de plus belle.
Ne pas s’attendre à une baisse de la virulence
Une des croyances répandues est que le virus perd de sa virulence au fur et à mesure de la pandémie afin de ne pas tuer son hôte qui est aussi son vecteur de transmission. Malheureusement, cette vision ne résiste pas à l'analyse des faits, le VIH étant par exemple devenu plus virulent au fil du temps. De même, le variant Delta semble causer des formes plus sévères que le variant Alpha. « Dans le cas du SARS-CoV-2, les symptômes sévères apparaissent en général après deux semaines d'infection, or plus de 95 % des transmissions ont lieu avant le 11e jour. Autrement dit, du point de vue de ce coronavirus, les manifestations pathologiques tardives (en particulier inflammatoires) de la virulence ne constituent pas une perte d'opportunités de transmission », atteste Samuel Alizon, directeur de Recherche au CNRS et à l'IRD.Une seule maladie dans l'histoire a été éradiquée avec un vaccin : la variole, dont le dernier cas connu remonte à 1978 au Royaume-Uni. « Cette éradication a pu être possible au prix de campagnes de vaccinations acharnées pendant des décennies. De plus, le SARS-CoV-2 a un réservoir animal, donc il est quasi impossible d'éradiquer le virus, comme l'agent pathogène de la peste par exemple », tranche Éric Dortenzio, directeur de recherche à l'Inserm. De fait, la plupart des virus ou bactéries responsables des pandémies passées sont aujourd'hui toujours présents, que ce soit la peste, le H1N1 ou Ebola. Des maladies qui connaissent toujours des recrudescences épidémiques de manière sporadique.Selon les experts, la voie la plus sûre de mettre fin à une épidémie est de ralentir la propagation de la maladie et de contrer ses effets secondaires. La lutte antiparasitaire et les normes d'hygiène ont, par exemple, permis de contrôler la peste et le choléra. Les trithérapies ont drastiquement permis de faire chuter la mortalité du Sida. Dans le cas de la rougeole, la vaccination permet de réduire quasiment à zéro le nombre de contaminations mais il faut pour cela que l'on atteigne pratiquement 100 % de couverture vaccinale et que l'immunité conférée par le vaccin soit stérilisante, c'est-à-dire qu'elle prévienne la transmission du virus. Deux conditions qui ne seront sans doute jamais remplies avec la Covid-19. « Même si on éradiquait le virus dans la population humaine, il continuerait de circuler chez les animaux et pourrait y subir des mutations inattendues », met en garde Jean-Claude Manuguerra.
En résumé, l'annonce de la « fin de la pandémie » et la levée des gestes barrières seront plus une décision politique que sanitaire. « Mission accomplie », avait déclaré le président américain George W. Bush le 1er mai 2003 en annonçant la fin de la guerre en Irak. Il savait pourtant pertinemment que le combat était loin d'être gagné, les soldats américains s'étant retirés du pays seulement en décembre 2011. Seul le Danemark s'est aujourd'hui risqué à annoncer la fin de la pandémie, avec la levée de toutes les dernières restrictions. Mais sans l'assurance qu'elles ne reviendront pas.
Une décision plus politique que sanitaire
En résumé, l'annonce de la « fin de la pandémie » et la levée des gestes barrières seront plus une décision politique que sanitaire. « Mission accomplie », avait déclaré le président américain George W. Bush le 1er mai 2003 en annonçant la fin de la guerre en Irak. Il savait pourtant pertinemment que le combat était loin d'être gagné, les soldats américains s'étant retirés du pays seulement en décembre 2011. Seul le Danemark s'est aujourd'hui risqué à annoncer la fin de la pandémie, avec la levée de toutes les dernières restrictions. Mais sans l'assurance qu'elles ne reviendront pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire