Par Yves Laisné.
En France, comme à l’étranger, le débat sur la « dictature sanitaire », voire la « dictature » tout court, fait rage. Au-delà des slogans et des effets de manches des politiciens et des commentateurs, les atteintes à nos libertés risquent d’être aussi réelles que durables…
Les libres penseurs, libéraux, libertariens et autres gens de toutes catégories sociales et de presque toutes les sensibilités politiques – des identitaires aux anarchistes – voire, peut-être majoritairement, n’en ayant aucune, mais attachés à leur liberté, considèrent, comme c’est mon cas, que des atteintes à la liberté individuelle d’une gravité sans exemple depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale sont en train de se développer. Or, nous faisons l’objet d’attaques souvent très violentes de la part de « scientifiques », dont on voudrait être sûr qu’ils ne sont pas en conflit d’intérêts, et, plus grave, des premiers personnages de l’Etat, dont la violence verbale paraît quelque peu effrayante.
Sur la route de la servitude
Conscient de ce que 200.000 personnes dans la rue (selon la police, ce qui veut dire entre une fois et demi et deux fois plus), c’est au moins 2 millions de mécontents, voire le double, dans un spectre socio-économique extrêmement large, le pouvoir s’inquiète et se saisit d’un mot – dictature – pour crier à l’excès et tenter de déconsidérer ceux qui défendent leurs, ou plutôt nos, libertés fondamentales : liberté d’aller et de venir, liberté du commerce, liberté du travail, liberté de pensée et, non en dernier lieu, la plus précieuse et la plus rarement citée, l’intégrité du corps humain.
Il paraît facile de mettre en avant : les élections, le débat parlementaire, le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel, la liberté de manifester, l’indépendance de la justice, l’état de droit, la liberté de la presse… Certes. Nous ne sommes pas – encore – en dictature. Et si l’on compare l’état actuel de la France à l’agressive Chine populaire, à la défunte Union soviétique, au IIIème Reich de sinistre mémoire ou à l’ubuesque Corée du Nord, nous en sommes bien loin.
Est-ce si sûr ? Ne sommes-nous pas déjà, comme disait Friedrich von Hayek, sur la route de la servitude ?
Les élections ? Les citoyens boudent car ils se sont avisés progressivement que les élections ne servaient à rien puisque, de toute façon, depuis 70 ans, c’est à quelques nuances près, la même politique qui est menée. Une observation attentive de la législation, de plus en plus collectiviste et restrictive des libertés suffit à s’en convaincre.
Le débat parlementaire ? Spécialement depuis l’instauration du quinquennat, le parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement de la volonté présidentielle. Un président que les fondateurs de la Vème République, surtout depuis l’instauration de l’élection au suffrage universel direct, ont voulu monarque électif césarien.
La liberté de manifester ? Oui pour le moment, et très encadrée. On n’a pas (dé)fait le monde en un jour.
La liberté de la presse ? Sans doute, mais il y a de plus en plus de délits d’opinion (il n’y en avait plus entre 1945 et 1972) et les principaux médias développent une vérité officielle que j’appelle le « socle commun », accompagnée d’ostracisme à l’égard de tout ce qui s’écarte du dogme : hérétiques naguère, « complotistes » aujourd’hui.
Les juridictions, l’indépendance des magistrats et l’état de droit ? oui, encore, grâce à l’attachement de la plupart des magistrats à l’état de droit, mais de plus en plus en déclin et bientôt à l’état de vestiges. Les juges seuls ne peuvent arrêter le rouleau compresseur du pouvoir.
La crise « sanitaire » a permis, dans le monde entier – mais la France est à la pointe dans les pays occidentaux – un grand coup d’accélérateur collectiviste et de destruction de la liberté individuelle.
Moutons, lemmings ou termites ?
La propagande même, autour des « vaccins », emploie un vocabulaire profondément collectiviste. Que devient l’individu, l’unité de base de la société, l’entrepreneur, l’innovateur, celui qui a le droit d’avoir raison seul contre tous (Galilée, hier, Montagnier aujourd’hui), l’Unique (Stirner), l’être créé à l’image de Dieu et doué par le Tout-Puissant de libre-arbitre (Jésus-Christ), celui qui reste maître de son corps, auquel on ne peut toucher, même à fin curative, qu’avec son consentement (tant qu’il est en état de le donner) ? Que devient-il dans ce délire « sanitaire » ? Rien. Un mouton dans le troupeau, un lemming dans la multitude, une fourmi interchangeable dans la fourmilière.
Peu importe qu’on puisse être contaminé, et contaminer les autres en étant « vacciné » entièrement, que le seul argument avancé soit une réduction du risque de « formes graves » et de mort, une réduction, pas une garantie ; peu importe qu’on puisse mourir du Covid en étant « vacciné » entièrement, mais si peu, qu’on puisse mourir du « vaccin » lui-même, mais si rarement, que les laboratoires producteurs aient exigés d’être immunisés (eux…) contre les effets de leur responsabilité civile de fabricants (sans exemple…), que les autorisations de mise sur le marché (AMM) soient provisoires (éviter potentiellement une nouvelle affaire du sang contaminé). Peu importe que, lorsqu’un médicament est expérimental, il ne puisse être administré qu’à des animaux ou à des humains expressément (et librement !) volontaires et …malades : le protocole compassionnel. Peu importe que ces « vaccins » soient des protocoles compassionnels administrés à des bien-portants, dont la liberté de la volition (John Locke) est abolie par les pressions qu’ils subissent. « Le bilan est globalement positif » nous rabâche-t-on, comme naguère Marchais parlant de l’immondice soviétique.
La science ! nous dit-on. Mais pour celui qui, dans un monde de conflits d’intérêts, de corruption, d’arrière-pensées politiques, de luttes de pouvoir et de rivalités d’ambitions, n’a, comme moi, pas les connaissances pour vérifier, on entre dans le domaine de la croyance. Il faut croire. Et si je doute ? La liberté de croire ou de ne pas croire est un des droits de l’Homme et le doute est l’âme de l’esprit scientifique.
Je ne suis pas contre les vaccins, les vrais, ceux qui garantissent une protection. Je suis par exemple vacciné contre le tétanos, mais, à ce qu’on peut lire partout, une fois vacciné contre le tétanos, on ne peut plus l’attraper. J’attends ce type de vaccin contre le « virus chinois » et dès qu’il existe, je me fais vacciner tout de suite. Malheureusement on en est loin. Et les campagnes de vaccination font plus penser à des exercices de soumission.
Une contrainte sociale qu’on retrouve dans des slogans du style : si même tu ne veux pas te protéger, tu dois protéger « les autres ». Mais si je ne suis pas contaminé, je ne peux pas contaminer « les autres ». Et si je suis contaminé, c’est que « les autres », ou un d’eux, m’ont contaminé. Un partout, la balle au centre. Je n’ai pas plus de responsabilité à l’égard « des autres » que « les autres » n’en ont à mon égard. Du moins tant qu’on vit dans une société d’individus libres.
C’est plutôt vers une société termitière que les mesures prenant prétexte de la crise « sanitaire » nous conduisent. Il est symptomatique à cet égard qu’en dehors de la Suède, tous les pays se soient précipités dans le moyenâgeux modèle chinois de confinement, sans d’ailleurs aller au bout de sa logique militarisée. Résultat : au 3 août 2021, après un an et demi de mesures liberticides, la France, l’Italie et la Belgique, pour ne citer que ces exemples européens de pays « sinisés » (et… sinistrés), ont plus de morts du Covid par 100.000 habitants que la Suède qui n’a pris aucune de ces mesures (source : université Johns Hopkins).
Un coup de collier… étrangleur
Les mesures actuelles s’inscrivent dans le même agenda, tranquillement annoncé par Klaus Schwab, président du Forum économique mondial (Davos), dans son livre de référence Covid 19, la grande réinitialisation, qu’il faut lire ! La mutation sociétale « inclusive » envisagée par l’auteur, décoré en 2018 de la médaille de l’amitié par le dictateur Xi Jinping, ne peut pas ne pas faire penser à la société « d’harmonie » vantée par le dictateur chinois.
Les personnes qui s’opposent aux restrictions à prétexte sanitaire et notamment aux vaccins obligatoires ne sont pas des dangers pour la santé publique, mais des dissidents dangereux pour les évolutions collectivistes du pouvoir. Déjà un professeur de médecine, Gilbert Deray, traite ces dissidents de « criminels » (LCI 27.07.2021). Ce n’est pas innocent. Que fait-on de « criminels » dans une société organisée ? On les enferme. Sous d’autres cieux, on les tue.
Les restrictions de libertés sont progressives. Aujourd’hui on est dans la politique des petits pas : une exclusion sociale progressive, des mesures qui s’ajoutent les unes aux autres, des atteintes aux principes les plus fondamentaux, comme l’intégrité du corps humain, qui en préparent d’autres. Des accusations de « désordre permanent » dénient la liberté d’expression. Ne faudrait-il pas « isoler », tant pour des raisons sanitaires que d’ordre public, ces êtres dangereux, voire « criminels » (ou manipulés par des « criminels »), qui refusent les « vaccins » et l’obéissance à la « science » ? Il y a une solution : les isolateurs sociaux. Ce n’est pas nouveau, il est vrai. L’inventeur est Lénine, pour écarter les opposants à la « construction du socialisme ». Les isolateurs sociaux sont devenus… le Goulag.
Il y a 45 ans, un proche de Jacques Foccart, rencontré dans le militantisme anti-communiste, m’expliquait la « technique du collier étrangleur », pour juguler une opposition : une série de petites mesures progressives, posées comme des cliquets : pas de retour arrière possible. Progressivement les opposants sont asphyxiés, neutralisés. Tout est dans la progressivité. Le monde ne se (dé)fait pas en un jour.
Alors, dictature ? Nous n’y sommes pas encore, mais nous y allons. Avec entrain.
Yves Laisné Le Vème Empire ou la face obscure de l’exception française
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