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Assistanat: la volte-face d’Emmanuel Macron
Volte-face (nom féminin) : changement subit d’opinion ; revirement. Amoureux des mots, Emmanuel Macron aura-t-il cette définition à l’esprit lorsqu’il présentera sa réforme instaurant le Revenu d’engagement pour les jeunes ? Lui qui a constamment affiché sa méfiance face aux demandes de création d’un RSA dédié aux moins de 25 ans, lui qui défraya la chronique en conseillant à un jeune de traverser la rue pour trouver un boulot, le voilà porteur d’une nouvelle allocation dans un pays déjà assommé par la nomenclature de toutes les aides sociales.
Tout, dans la philosophie du Macron de 2017, le rendait méfiant vis-à-vis de l’assistanat. Mais voilà, la crise sanitaire a rebattu les cartes, élargissant le fossé entre une partie de la jeunesse et la société, et installant les 18-25 ans dans le statut de victimes expiatoires d’une politique destinée à sauver les plus âgés. Il ne faisait pas bon « avoir 20 ans en 2020 », concédait le chef de l’Etat ; demain, quelque 300 000 d’entre eux pourront donc toucher un peu moins de 500 euros par mois s’ils s’engagent à effectuer un parcours les amenant aux portes du marché du travail.
Candeur (nom féminin) : ingénuité ; naïveté. Evidemment, il faudrait en avoir beaucoup pour ne pas voir la dimension purement politique de cette réforme. C’est un marqueur social, elle coupe l’herbe sous les pieds de la gauche qui la réclamait depuis des années, tandis que son côté engagement contractuel peut plaire à la droite. Et puis elle vient à point nommé pour démontrer que l’esprit de réforme peut renaître après la crise.
Reste la question de l’efficacité : ni le « i » de RMI (insertion), ni le « a » de RSA (activité) n’ont jamais eu de réalité. Le « e » d’engagement court donc le même risque, celui de n’être qu’une déclaration d’intention. Restera le « r » de Revenu. Pour toujours, celui-là, car sur ces aides-là, on ne revient pas.
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