Strasbourg: la mosquée de la conquête
Proche d’Erdogan, l’association Milli Gorus se félicite de construire « le plus grand monument islamique d’Europe » à Strasbourg, avec l’aide de la mairie qui subventionne le chantier à hauteur de 2,5 millions d’euros. Analyse.
Tous ceux qui se pincent le nez quand on leur parle des tentations hégémoniques de l’islam – ou d’un certain islam – doivent visionner d’urgence la vidéo de promotion de la mosquée Eyüp Sultan de Strasbourg. Pour appâter le donateur, ces fiers bâtisseurs font preuve d’une insistance lourdingue sur la taille de l’édifice, « le plus grand monument islamique d’Europe », est-il mentionné plusieurs fois. On voit alors défiler une image de la Tour Eiffel. Comprenne qui voudra.
Une mosquée de 14 étages
Le vote, par la municipalité écolo, d’une subvention de 2,5 millions d’euros au chantier, le 22 mars, a suscité un chœur de protestations outrées et de plaidoyers pour la République-qui-ne cèdera-pas, surtout dictés par le désir de nuire à des adversaires politiques (qui le méritent bien d’ailleurs) ou par celui de s’adapter à l’air du temps. Sauf que le financement public n’est que la cerise sur ce gâteau indigeste – on n’ose parler d’étouffe-chrétien. Tout d’abord, les dirigeants de cette mosquée représentent à la fois une tendance de l’islam de France et un mouvement missionnaire turc proche du pouvoir (Milli Gorus). Alors que les relations entre Paris et Ankara sont glaciales et que le président turc se verrait volontiers en Saladin des musulmans d’Europe, dont beaucoup, notamment dans la jeunesse, le tiennent pour un héros, cette double appartenance n’est pas un vecteur d’influence, mais d’ingérence. Rappelons que, pour Recep Tayyip Erdoğan, l’assimilation est un crime contre l’humanité. On a donc quelques raisons de soupçonner ses porte-flingues en Alsace de confondre pays d’adoption et terre de mission. Surtout quand on sait que la mosquée Eyüp Sultan, à Istanbul, fut la première bâtie après la chute de Constantinople en 1453(1). Autant dire que ce nom est synonyme de conquête.
C’est le projet même de bâtir en France un monument islamique aussi gigantesque qui aurait dû faire scandale : 14 étages, deux minarets de 36 mètres, 30 coupoles, la nouvelle mosquée sera, précisent les communicants, « la fierté des musulmans ». Nul ne voudrait, bien sûr, que les musulmans éprouvent de la honte. Sauf qu’en l’occurrence, l’antonyme de la fierté serait plutôt la discrétion. Le choix de l’ostentation architecturale montre que les dirigeants de l’islam turc (et probablement de tout l’islam de France) ne se voient pas comme les représentants d’une culture minoritaire appelée à s’intégrer à un pays et à un peuple lui préexistant, mais comme ceux d’une communauté dotée des mêmes droits que toutes les autres dans l’espace public. Pour eux, la culture française ne saurait bénéficier d’un quelconque droit d’aînesse. On ne saurait pas plus attendre d’eux qu’ils prennent en considération les inquiétudes que suscite chez leurs concitoyens le séparatisme islamiste. Au contraire, elles sont une preuve supplémentaire des torts faits aux musulmans.
Les dégâts du multiculturalisme
Quant à nos gouvernants, ils ne disposent pas de la boite à outils idéologiques qui leur permettrait de contrer cette prétention à la visibilité pour la bonne raison qu’ils n’ont cessé de la flatter – récemment encore, quand le président a demandé qu’on dresse une liste de Français issus de la diversité pour baptiser rues et bâtiments. Erdogan et ses partisans ne font que pousser sa logique d’encouragement aux identités minoritaires dans ses ultimes conséquences. Le multiculturalisme, à la fois honteux et gentillet chez le Français, est sûr de son droit et dominateur chez le Raïs ottoman, les erdoganistes strasbourgeois et les escouades numériques qui relaient leur propagande. Dans leur vidéo, les responsables de la mosquée Sultan Eyüp exposent leur conception du vivre-ensemble, qu’ils entendent favoriser, précisent-ils, « en portant nos valeurs, notre culture, notre civilisation ». Il n’y a pas de place en France, ni d’ailleurs dans aucun pays, pour deux civilisations. Sur un territoire donné, l’égalité des cultures est un leurre. Il y en a toujours une qui veut être plus égale que les autres. À nous, citoyens français, de décider laquelle aura le dernier mot en France.
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