"Une représentation juste et pluraliste" pour "un changement de culture politique": François Bayrou a annoncé à l'AFP avoir envoyé jeudi une lettre à Emmanuel Macron pour réclamer l'instauration de la proportionnelle pour les législatives de 2022, une initiative reprise par Julien Bayou (EELV), Marine Le Pen (RN) et Jean-Christophe Lagarde (UDI).
"Le but que nous nous fixons est de faire apparaître qu'il y a dans la démocratie française une majorité de forces politiques et de responsables politiques qui pensent qu'une loi électorale juste est désormais nécessaire", a expliqué le président du MoDem et haut commissaire au Plan.
Dans son courrier au chef de l'Etat que l'AFP s'est procuré, le leader centriste, réputé proche du président de la République, fustige "la brutalité" de l'actuel scrutin majoritaire, qui selon lui "freine la fonction de contrôle et empêche de fait tout dialogue utile entre les sensibilités politiques".
"Or, nous avons plus que jamais besoin, non seulement d'une représentation juste et pluraliste, mais aussi d'un changement de culture politique qui permette, entre les différents courants politiques, chaque fois que possible, dialogue et coresponsabilité", fait valoir le candidat malheureux aux présidentielles de 2002, 2007 et 2012.
L'offensive de M. Bayrou a été appuyée par les leaders d'EELV, du RN et de l'UDI, qui ont envoyé un courrier similaire dans la journée au président de la République.
Pour le patron d'EELV, "c'est une question de pluralité de notre démocratie", a-t-il expliqué à l'AFP, en faisant observer que son mouvement politique a toujours soutenu la proportionnelle.
Alors que François Bayrou propose de reprendre le système qui avait été mis en place en 1986, par circonscription départementale, Julien Bayou propose quant à lui des circonscriptions régionales, voire une seule liste nationale.
Selon des sources concordantes, plusieurs présidents de groupes parlementaires ainsi que des élus socialistes, dont le maire de Dijon, François Rebsamen, s'apprêtent également à envoyer une missive.
"Quand il apparaîtra que ceux qui appellent à ce changement représentent et ont représenté une majorité de Français, alors le président de la République va nécessairement tenir compte de ce mouvement démocratique" et de "ce fait politique majeur", veut croire François Bayrou, selon qui "c'est une question à laquelle le chef de l'Etat réfléchit depuis longtemps".
L'instauration d'une dose de proportionnelle figurait parmi les promesses de campagne du candidat Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017.
Référendum ?
Mais "cette réforme n'est pas une priorité à ce stade", s'était agacé il y a quinze jours l'entourage du chef de l'Etat.
Les stratèges macronistes plaident par ailleurs pour une mise en oeuvre après 2022, notamment pour des raisons de calendrier parlementaire: la loi interdit en effet de retoucher le mode de scrutin moins d'un an avant sa tenue, c'est-à-dire qu'une réforme doit être adoptée d'ici quatre mois pour des élections en législatives prévues en juin 2022.
Le patron des députés MoDem, Patrick Mignola, entend pour sa part déposer avec son groupe un amendement en faveur de la proportionnelle au projet de loi de report des élections régionales, même s'il a de grande chance d'être retoqué en raison de son éloignement du texte examiné depuis mercredi à l'Assemblée nationale.
Mais, selon François Bayrou, "dans le cas où l'on considère qu'il y a des blocages dans les organisations", une telle réforme "peut aussi être adoptée en consultant les Français par un référendum" sur la base de l'article 11 de la Constitution.
"Il est donc nécessaire que ce débat ait lieu sans se laisser impressionner ou détourner par l'inertie habituelle du monde politique", plaide encore le patron du MoDem, qui rappelle que "tous les pays qui sont nos partenaires au sein de l'Union européenne, sans exception, ont organisé leur représentation parlementaire selon ce principe de pluralisme et de justice".
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