Modèle français de vaccination: les ravages de l’étalonnage
Pratiqué à haute dose depuis le début de la pandémie, le benchmark des performances étatiques fait désormais des ravages en France. Il impose le tempo politique. Jusqu’à présent, le gouvernement avait plus ou moins réussi à habiller les statistiques pour amoindrir son échec sur les masques, les respirateurs ou les tests ; à se jouer des vagues de contamination pour mieux valoriser son action et atténuer une comptabilité morbide… C’est fini.
Avec la vaccination, la data ne ment plus. Même sérum, mêmes quantités de doses, même top départ : en Europe, chaque « modèle » est mis à l’épreuve, à conditions équivalentes. Or la faillite de notre système saute aux yeux. Le ministre de la Santé peut accélérer la campagne, promettre de rattraper le retard, le mal est fait – la logistique n’a pas suivi alors que des vies sont en jeu.
Sûre d’elle et dominatrice, la haute administration se voit en héritière des légistes de Philippe Le Bel, garante d’une exception nationale, appui d’une ambition universaliste, rétive à l’innovation et à la transparence. Mais au révélateur de la comparaison internationale, l’Etat est nu. Classé dernier par nombre de doses administrées, il se révèle aussi arrogant qu’inefficace, frileux jusqu’à la paralysie, impotent et imprévoyant, dépassé car technophobe.
Bien sûr, cet étalonnage ne secoue pas que la France (les Allemands aussi se comparent… et se désolent malgré 317 000 vaccinés!). Mais c’est chez nous qu’il menace de faire le plus de dégâts. Parce que le service public « à la française » est un totem. Parce que, même en colère, Emmanuel Macron, chef d’un Etat en charge du bien commun, sera au final tenu pour responsable. Au-delà des beaux discours, la concurrence pousse à la performance. Partout.
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