Django
Un film tout en nuances sur le drame tsigane
L'action de Django se déroule sur quelques mois, en 1943-1944. Le musicien de 33 ans, magnifiquement incarné par Reda Kateb, joue aux Folies-Bergères devant un public déchaîné.
Aux premiers rangs se tiennent des officiers allemands qui ne s'offusquent nullement des rythmes swing popularisés par le musicien et son groupe, le Hot Club de France. C'est si vrai que Django Reinhardt se voit sommé d'aller jouer à
Berlin, devant Goebbels et pourquoi pas ? Hitler.
Une admiratrice, seul personnage fictif du film, Louise de Klerk, l'encourage à rejeter l'« invitation » et lui suggère de fuir à Thonon-les-Bains, sur les bords du lac Léman, avec sa mère et sa femme, enceinte.
Jusqu'au bout, le spectateur est tenu en haleine...
La qualité de la mise en scène, le scénario et le jeu des acteurs font de Django un film palpitant avec en prime de beaux morceaux musicaux. Plus important que tout, de notre point de vue, les libertés prises par le scénario avec la réalité ne trahissent pas l'Histoire mais au contraire en soulignent les points forts sans pour autant sombrer dans le pathos et l'émotion facile.
Les Tsiganes et les nazis
En premier lieu, Django met en évidence l'ambiguïté relative au statut des Tsiganes dans l'Europe nazie.
Comme on le voit d'emblée, les officiers allemands n'ont aucune réticence à applaudir un artiste tsigane alors que la chose serait impensable avec un artiste juif, si talentueux soit-il.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, 50 000 à 200 000 sont morts dans les camps. Par contre, les Tsiganes sédentarisés ou plus ou moins intégrés, comme Django, ont échappé à la traque.
Le film rappelle par ailleurs l'indifférence de très nombreux artistes et dramaturges au drame de l'Occupation.
Django Reinhardt est de ceux-là. Il ne se sent pas concerné par la guerre et l'oppression. Au moins peut-il plaider l'illettrisme et le manque d'éducation (on ne peut en dire autant de Jean-Paul Sartre, par exemple).
André Larané
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