Port du masque: les ratés de l’obligation «à la carte»
D’un côté, des Français qui attendent de l’Etat qu’il les sauve de tout – et d’abord d’eux-mêmes – mais refusent de respecter les consignes. Le Gaulois est aussi réfractaire à la discipline qu’à l’autodiscipline : il peste contre l’obligation du masque dans les commerces, mais ne le portait pas de lui-même tant qu’il avait le choix. De l’autre, une machine politico-administrative qui veut endiguer la circulation du coronavirus mais sans trop contraindre, qui cherche à éviter la saturation du système de santé mais se sait trop faible pour imposer de nouvelles mesures radicales. Comme si l’été devait être une soupape pour les jeunes, entre confinement et deuxième vague, un sursis pour les actifs avant que pleuvent les licenciements.
Voilà comment fleurissent des cartes qui font s’esclaffer réseaux sociaux et vacanciers à l’heure de l’apéro : masque facultatif dans une rue mais impératif sur le boulevard voisin, ou bien obligatoire « avenue Jean-Jaurès côté pair, entre le carrefour de la Croix-du-roy et le chemin du Syndicat-des-cultivateurs » (ceci n’est pas une fiction). Des demi-décisions que personne n’assume, les préfets soulignant qu’ils ont délimité ces zones « en concertation avec les maires », ces derniers s’empressant de rétorquer que « le préfet a tranché et des évolutions sont possibles ». D’ailleurs l’absence de masque est passible d’amende, mais les forces de l’ordre « feront d’abord de la pédagogie ».
Voilà comment se dilue le message des autorités, jusqu’à en devenir incompréhensible, donc suspect. L’épidémie reprend vigoureusement mais elle est sous contrôle. Les hôpitaux sont prêts à faire face mais leurs personnels épuisés. C’est donc tout naturellement que les masques seront « fortement recommandés » à la rentrée dans les universités. Une sorte d’obligation volontaire. Pas sûr que l’oxymore soit un moyen de prévention efficace de la Covid-19.
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