LIBE-CULTURE
S.O.S FANTÔMES Le Palace de Montluçon (Allier), le Ciné Coulommiers (Seine-et-Marne), L’Axel de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), le Palace de Lons-le-Saunier (Jura). Moins d’un mois après avoir rallumé les lumières, la liste des cinémas contraints d’opter pour une nouvelle fermeture temporaire, faute de fréquentations suffisantes, s’allonge. «Les résultats sont en dessous des prévisions les plus pessimistes», a fait savoir la direction du Palace de Montluçon, l’un des premiers à annoncer sa reddition provisoire face au déficit de films grand public qui auraient pu allécher sa clientèle. Et l’on pense bien fort à toutes ces enquêtes et sondages intempestifs, parus ces dernières semaines, attestant de l’appétit des publics à se goinfrer de culture sitôt les rideaux levés. On nous aurait donc menti? Ce ne sont pas tant les effets supposément dissuasifs des protocoles de distanciation sociale qui sont invoqués par les gérants des cinémas. En rouvrant, ces derniers comptaient surtout sur l’arrivée messianique de films à grand spectacle américains (finalement absents de l’affiche en ce début d’été), sans quoi les publics occasionnels et familiaux manquent à l’appel.
Si certains exploitants ont trouvé les conditions de leur réinvention dans la ressortie d’anciens films – sans date de péremption sur les écrans –, les multiplexes et salles généralistes, eux, ne semblent pas pouvoir s’affranchir si aisément du diktat des nouveautés, pas plus qu'ils ne s'attendent manifestement à trouver leurs comptes dans l’arrivée des nouveaux François Ozon et Philippe Garrel la semaine prochaine – à la différence des cinémas art et essai. Le retour au chômage partiel se révèle dès lors une solution plus désirable que de faire tourner des films pour des fauteuils vides, et ce malgré le démarrage très prometteur de Tout simplement noir ce mercredi (42 000 entrées le jour de la sortie). Rétrospectivement, tout cela donne une charge ironique à l’une des dernières interventions radio de l’ancien ministre de la Culture Franck Riester à la veille de la réouverture des cinémas le 22 juin. En levant la limitation des demi-jauges imposée aux cinémas pour les autoriser, sur le papier, à tourner au meilleur de leurs capacités (la vaste majorité s’est plutôt tenue au plafond des 50% initial), se doutait-il que certains établissements du territoire n’atteindraient que 10% de leurs entrées habituelles? Pour eux, les trompettes de la réouverture sont bien mal embouchées.
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