samedi 25 juillet 2020

EMPLOI JEUNES




Chômage

Emploi: jeunesse contre coronavirus, un match truqué?

Par Rémi GODEAU
   
Rémi Godeau
Depuis Raymond Barre à Matignon, les « moins de 25 ans » constituent une cible privilégiée des plans emploi. Ils n’ont jamais plus cessé d’être déclarés priorité ou fil rouge… jusqu’à Emmanuel Macron. Vieillissante, la société française a pourtant fait le choix tacite d’un modèle social toujours moins inclusif pour sa jeunesse. Et la crise du coronavirus va accentuer son déclassement. La génération Covid-19 subira une triple peine : héritière des échecs idéologiques passés dans la lutte contre le chômage, elle sera victime du choc économique sans précédent annoncé pour la rentrée et supportera des décennies durant le poids de nos inconséquences, via les dettes budgétaire et écologique.
Le gouvernement a donc raison de vouloir frapper vite et fort. Le dispositif exceptionnel de baisse de charges, les parcours d’insertion et les formations qualifiantes présentés ce jeudi sont une première réplique, saluée par les partenaires sociaux. Mais comment ne pas déceler un relent de monde d’avant dans ce traitement social de l’emploi ? Comment ne pas s’inquiéter d’un habillage statistique avant 2022 ? Comment ne pas redouter, davantage qu’une guerre des âges, une déchirure approfondie entre insiders et outsiders – décrocheurs, non-qualifiés, CDD et autres intérimaires payant le plus lourd tribut à la récession ?
Plutôt que d’instaurer un assistanat post-bac, de survaloriser la barrière du coût du travail, d’ancrer une fatalité à la grande précarité en début de vie active, seule une profonde transformation de l’Etat providence peut empêcher un nouveau sacrifice générationnel. Education, logement, retraites, apprentissage, fiscalité… Il ne faut rien lâcher des réformes. Sinon, la promesse du Président – « aucun jeune, dans la République, sans solution » –, énoncée à Chambord en marge d’une partie de foot, aura des airs de match truqué.

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