vendredi 17 juillet 2020

CHARLES VII EST SACRE ROI A REIMS



Le 17 juillet 1429, le roi Charles VII, héritier de la branche capétienne des Valois, est sacré roi à Reims selon un rituel traditionnel depuis quatre siècles.
Grâce à Jeanne d'Arc, celui que l'on surnommait le « petit roi de Bourges » devient le seul roi légitime des Français, au grand dam des Anglais qui avaient négligé jusque-là de faire sacrer leur propre candidat à la couronne, le jeune Henri VII
André Larané
De Patay à Reims
Après avoir délivré Orléans, Jeanne d’Arc et les troupes royales, renforcées par les Bretons de l'ancien connétable Richemont, s’emparent de Beaugency, sur la Loire.
Puis elles défont en rase campagne, à Patay, dans la Beauce, le 18 juin 1429 (à moins que ce ne fut le 17 ou le 28), une armée anglaise de secours. Le général Talbot est même capturé à cette occasion.
Forts de ces succès, les capitaines qui entourent le Dauphin manifestent le désir de poursuivre la contre-offensive. Mais Jeanne d'Arc, fine politique, voit qu'il y a mieux à faire : sacrer le roi à Reims pour affirmer avec éclat sa légitimité.
Elle va voir le roi au château de Loches et le convainc de se rendre à Reims en dépit du danger que constitue l'expédition. Ce nouveau défi paraît en effet aussi fou que le précédent, la ville des sacres royaux étant cernée par les possessions anglaises et bourguignonnes.
Jeanne d'Arc se rend au château de Loches à la rencontre de Charles VII
L'armée royale contourne Auxerre, pour ne pas irriter le duc de Bourgogne auquel elle appartient. 
Là-dessus, elle arrive devant Troyes, qu'elle ne peut éviter. Les soldats sont éprouvés par la faim et la fatigue. Qu'à cela ne tienne. Jeanne d'Arc lève les hésitations des conseillers du roi et lance l'assaut. Les fossés de la ville sont comblés de fagots. Les bourgeois prennent peur et entament des négociations. Dès le lendemain, le 9 juillet 1429, la ville se rend et les Anglais obtiennent le droit de s'en retirer. Châlons se rend de même. 
Après ces succès, voilà l'armée  royale à Reims le 16 juillet au soir.
Le sacre
La cérémonie a lieu dès le lendemain dans la cathédrale : l'abbé de Saint-Remi, Jean Canard, amène solennellement le Saint Chrême à l'archevêque de Reims Regnault de Chartres, lequel procède au sacre du roi.
Le rituel est respecté à cela près que l'on doit remplacer les six pairs laïcs qui doivent porter le siège du roi avec les six pairs ecclésiastiques. Par ailleurs, les regalia, attributs royaux symbolisant le pouvoir, étant restés à Saint-Denis, aux mains des ennemis, on s'arrange avec une couronne retrouvée dans le Trésor de la cathédrale et une vieille épée, hélas moins prestigieuse que la mythique épée de Charlemagne, Joyeuse
Le matin du sacre, le duc d'Alençon remet au roi les éperons d'or symboles de la chevalerie. Pendant la cérémonie, le conseiller Georges de la Trémoille présente sur un coussin la main de justice.
Jeanne se tient à côté du roi avec son étendard sur lequel figurent le Christ en majesté et les mots Jhesus Maria« Il avait été à la peine, c'était bien raison qu'il fût à l'honneur », déclare-t-elle plus tard. Derrière elle, son écuyer le fidèle Jean d'Aulon, son aumonier frère Pasquerel et sa famille, invitée pour l'occasion. 
Après le sacre, fondant en larmes, elle tombe aux pieds du souverain : « O gentil roi, maintenant est fait le plaisir de Dieu, qui voulait que je fisse lever le siège d'Orléans et que je vous amenasse en votre cité de Reims recevoir votre saint sacre, montrant que vous êtes vrai roi, et qu'à vous doit appartenir le royaume de France »
Dans les faits, sa mission est achevée. La libération d'Orléans et le sacre ont transformé la lutte de factions en une guerre de libération nationale.
Le régent anglais, le duc de Bedford, ne s'y trompe pas. Il réagit en faisant sacrer le petit Henri VI à Notre-Dame de Paris le 16 décembre 1431 par le cardinal de Winchester, grand-oncle du souverain, mais la Sainte Ampoule fait défaut et, sans elle, le sacre n'a guère de signification.
Charles VII et ses partisans retrouvent une pleine confiance en leur cause et se rallient le petit peuple des campagnes. Pour consolider ses acquis, le roi se dispose à signer une trêve avec son ennemi intime, le duc de Bourgogne.

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