mercredi 17 juin 2020

TRAVAILLER PLUS



Travailler plus

Emmanuel Macron et la quadrature du cercle


Nicolas Beytout
Comment dire les choses, sans les dire, tout en les disant… Emmanuel Macron s’est essayé à résoudre cette quadrature du cercle dans son intervention télévisée, dimanche soir. Il fallait qu’il prenne la parole, lui Président silencieux alors que la France bouillait d’impatience de se déconfiner, et que le sujet de l’ordre républicain s’était imposé dans le débat. Mais il ne pouvait rien annoncer de précis tant que l’étape supplice du second tour des municipales n’était pas franchie.
Le défi était le même en ce qui concerne le programme économique et social du « jour d’après ​». Il fallait qu’il rappelle le cap, lui Président silencieux, alors que la gauche de sa majorité comme l’opposition socialiste et insoumise faisaient chaque jour pression pour un changement de politique. Dire les choses, c’était repousser toute idée de hausse des impôts, affirmer qu’il faudrait que les Français travaillent et produisent davantage. Mais ne rien dire tout en le disant, c’était ne pas prononcer les mots « ​réforme des retraites ​» ou « ​temps de travail ​».
D’où cette impression d’inachevé ​: les grands principes sont réaffirmés, et pour la première fois depuis des décennies, un président de la République ne renie pas, crise ou pas, sa première moitié de mandat. Ouf… Mais il faut maintenant entrer dans le vif du sujet, ne pas craindre d’affronter le débat interdit, de fâcher les grands prêtres des 35 heures, de batailler avec les vieilles lunes françaises. Ne pas fuir cette évidence : travailler plus, ce n’est pas tant avoir moins de chômeurs (!), que travailler plus longtemps, dans l’année et dans la vie. Et tant qu’à dire les choses, ne pas hésiter à rappeler qu’il faudra aussi réduire la dépense publique. Une vérité peut-être encore un peu trop brutale à entendre, mais qu’il faudra bien finir par dévoiler un jour.

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