Covid-19: Christian Drosten, le "Dr Corona" allemand, alerte sur une 2e vague plus meurtrière
RENCONTRE - Initiateur des tests de détection précoce du Covid-19 qui ont été menés à grande échelle en Allemagne, Christian Drosten est devenu le virologue star de nos voisins. Lui qui a réussi à éviter à son pays une "catastrophe sanitaire" à la française pousse aujourd’hui un cri d’alarme sur une deuxième vague bien plus meurtrière.
Père des tests de détection du Covid-19
Le quadragénaire est d’autant plus écouté, -et invité aux talk show de la télévision-, qu’il s’exprime dans un allemand simple, clair et précis, qu’il reste toujours calme et qu’il est archi-légitime. C’est lui qui a inventé le test de diagnostic du SRAS en 2003. Et c’est lui, surtout, qui a impulsé la politique massive de tests en Allemagne, au moment de l’arrivée du Covid-19. Il raconte: "nous sommes dans une situation particulièrement bonne, parce que nous avons travaillé très tôt sur les tests de diagnostic.
Dès la fin janvier, tous les hôpitaux et cliniques de Berlin connaissaient la procédure. Dans la foulée, elle a été transmise à l’ensemble des laboratoires indépendants, qui sont devenus la force vive de ce diagnostic de masse. Mi-février, toute l’Allemagne était capable de faire des diagnostics à grande échelle et pendant tout le mois de mars les capacités n’ont cessé d’augmenter." Aujourd’hui, le pays mène 500.000 tests par semaine, et pourrait si nécessaire monter jusqu’à 780.000.
Conseiller de la chancelière
Résultat, ce lundi, le pays compte, selon la très sérieuse université Johns Hopkins un peu moins de 6.000 morts, contre près de 25.000 en France, et son taux de transmission de la maladie est un des plus bas d’Europe. Initiateur de cette performance, Christian Drosten jouit d’une popularité hors normes. Début avril, le tabloïd Bild Zeitung l’a classé numéro un des scientifiques dans lesquels les Allemands ont le plus confiance. Il conseille le ministre de la Santé Jens Spahn et la chancelière, dont, dit-il, il apprécie "l’esprit scientifique, la rigueur et la façon qu’elle a de comprendre des séries de données". Revers de la médaille, sa prudence en a fait la bête noire de certains lobbies. Il a même reçu des menaces de mort… "Je suis le méchant qui met l’économie à l’arrêt", soupire-t-il.
Il a pourtant pris le parti de dire sa peur "d’une deuxième vague encore plus violente". Il craint "une baisse de la vigilance en mai et juin", "de nouvelles chaînes de contamination", "une situation qui pourrait devenir incontrôlable". En guise de contre-exemple, il cite volontiers la France qui a connu des journées "catastrophiques".
Amorcé il y a quinze jours, le déconfinement dans son pays l’angoisse, aussi à cause de la réouverture des galeries marchandes: "les magasins de moins de 800 m2 a le droit de reprendre leurs affaires. Ce que font ceux des centres commerciaux, qui attirent un monde fou!" Soucieux que l’Allemagne "puisse perdre le bénéfice de son avance", "peu convaincu" que le virus puisse disparaître avec les beaux jours, le docteur Drosten prévient: "le succès de l’Allemagne est fragile, ne prenons pas de risques inutiles".
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