edito libre
Cour des comptes
Dépenses publiques: ça trompe énormément
C’est un éléphant. Il est debout, là, dans un magasin de porcelaine. Il grossit chaque année dans l’indifférence à peu près générale. Et personne ne le voit, chacun préférant regarder ailleurs, les piles d’objets fragiles qu’il risque de fracasser. La dépense publique est là, qui grossit chaque année dans l’indifférence à peu près générale, sans que personne ne la regarde. Une fois de plus, une alerte a été lancée, cette fois par la Cour des comptes, mais l’œil se fixe plus volontiers sur les critiques des magistrats sur les drones aériens ou les errements financiers de l’école Polytechnique. L’habitude, sans doute. Et bientôt l’indifférence.
Pourtant, explique la Cour dans un doux euphémisme, le redressement des finances publiques du pays avait beau être « très graduel ces dernières années », il est désormais « quasiment à l’arrêt ». La France est installée dans le déficit chronique. Plus grave, cette situation ne résulte pas d’un revers imprévu ni d’une contrainte extérieure : au contraire même, puisque avec les taux d’intérêt zéro, jamais gouvernement n’a bénéficié de conditions aussi avantageuses pour gérer son endettement. Non, ce déséquilibre permanent est un choix, fait sciemment par un pouvoir qui a renoncé à un des principaux engagements du candidat Macron : ramener à zéro le déficit des finances publiques.
Deux ans nous séparent de la prochaine élection présidentielle, pendant lesquels on n’imagine pas le gouvernement prendre le risque de se lancer dans une politique de réduction des dépenses. Ses principaux opposants ne la mettront pas davantage dans leurs programmes, l’extrême-droite parce qu’elle s’en moque, la gauche parce qu’elle n’a plus souvenir de sa culture de gouvernement, et la droite parce qu’elle renie les options libérales de son candidat déchu de 2017. L’éléphant peut se réjouir, il va encore grossir.
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