L'édito de l'Opinion
Cadeaux
Allocations logement : un répit très onéreux
Olivier Baccuzat
Il est toujours compliqué de livrer bataille sur deux fronts simultanément. Bien que l’explication invoquée officiellement soit celle d’un besoin de « délai complémentaire » pour ajuster le système informatique de la caisse des affaires familiales, personne n’est dupe. Si le gouvernement a reporté une nouvelle fois la date d’entrée en vigueur de la réforme des allocations logements, ça n’est certainement pas que pour de basses raisons techniques.
Calcul. Les Français souffrent suffisamment, chaque jour, du mouvement social contre la réforme des retraites qui a déjà dépassé, en durée, celui de l’automne 1995, pour ne pas en rajouter une couche. L’exécutif, engagé dans un bras de fer avec les syndicats parti pour durer jusqu’en janvier, a préféré lâcher du lest sur une autre réforme explosive. Car si cette modification du mode de calcul des APL vise à mieux faire correspondre le montant des allocations avec les revenus de ceux qui les perçoivent, son objectif est également de générer des économies : sur un total de quelques 6 millions de bénéficiaires, les APL devraient d’ailleurs être diminuées pour 1,2 million de personnes, voire être supprimées pour 600 000 autres.
En choisissant de décaler l’entrée en vigueur de cette réforme du 1erjanvier au 1eravril 2020, c’est-à-dire après les municipales de mars prochain, le gouvernement s’accorde un peu de répit. Mais en-avait-il les moyens ? D’aucuns ont dénoncé illico un odieux calcul politique, accusant l’exécutif de sournoises arrière-pensées électorales avec ce énième report. Les mêmes, qui n’ont que faire de la maîtrise des dépenses publiques, ne s’offusquent pas, en revanche, de son coût. Or, pour chaque mois de retard pris, c’est 100 millions d’euros d’économies en moins. Sachant qu’on en sera à 12 mois de retard au total, le calcul, malheureusement, est vite fait.
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