Emmanuel Macron ne l’a jamais prononcée, les médias l’ont révélée et le Président devait la compléter lors de sa première conférence de presse. Cette fameuse allocution de sortie de grand débat, annulée pour cause d’incendie de Notre-Dame de Paris, a été largement éventée. Il n’empêche, ce que le chef de l’Etat voulait nous dire ce jour de drame national sur la « justice fiscale » reste un bon indicateur de son état d’esprit et de sa politique.
Sur la suppression de l’ISF, le Président a tenu bon. Il justifie son choix, encore. Cette réforme, avait-il prévu de dire, « avait un objectif : protéger et encourager l'investissement en direction de l'économie réelle, de la recherche, des usines, de la production. » Mais il reconnaissait aussi que la mesure est perçue « comme un cadeau fait aux plus fortunés ». D’où sa proposition, déjà formulée, d’une « évaluation objective » début 2020. Et si elle s’avérait négative ? « Je corrigerai [la réforme] avec le même pragmatisme », devait-il trancher.
Même discours sur l’évasion fiscale. « Trop de Français ont l'impression que les plus favorisés, les personnes comme les entreprises, s'organisent pour échapper à cette obligation », avait prévu de déclarer le chef de l’Etat. La solution proposée : « confier à la Cour des Comptes la mission d'évaluer précisément ces sommes qui échappent à l'impôt et de proposer des mesures précises pour qu'en France chacun respecte les mêmes règles. »
Sur les baisses d’impôts, le message restait à préciser. 1/Un principe général clair : « La meilleure méthode pour répondre au besoin de justice fiscale n'est pas d'augmenter les impôts de tels ou tels mais plutôt de baisser les impôts des classes moyennes. » 2/Une cible claire : « Pas de hausse d'impôt, des baisses pour ceux qui travaillent en réduisant significativement l'impôt sur le revenu. » 3/Un financement encore flou : « La suppression de certaines niches fiscales, la nécessité de travailler davantage et des réductions de notre dépense publique ». Un timing clair : « Dès le début de l’année prochaine. »
Lors de son oral de rattrapage, ce jeudi, il est peu probable que le Président chamboule son plan fiscal. Il va le contextualiser, le préciser, le compléter, mais pas le corriger de fond en comble. Suivez cette réforme fiscale on process et nos analyses sur le site de l’Opinion et dans sa version print. Et abonnez gratuitement vos proches à la newsletter «Impôts, taxes et cie» pour ne rien perdre de cette séquence cruciale de l’acte II du quinquennat.
Bonne lecture !
Rémi Godeau Rédacteur en chef
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire