lundi 8 avril 2019

L'APRES GRAND DÉBAT

Comment le gouvernement prépare-t-il l’après grand débat?

Le Figaro DU 07/04/2019
Alors que les «gilets jaunes» manifestaient de nouveau samedi 6 avril, le gouvernement entame lundi la restitution de la consultation initiée pour sortir de la crise. Des prises de parole du premier ministre sont prévues avant les premières annonces d’Emmanuel Macron mi-avril.
Malgré l’essoufflement et la baisse des mobilisations, les «gilets jaunes» ont organisé samedi 6 avril leur 21e jour de manifestations dans plusieurs villes françaises. À Paris, Rouen (où des échauffourées ont éclaté), Toulouse ou encore Nantes et Dijon, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, souvent rassemblés derrière un appel à la démission d’Emmanuel Macron. Sur l’ensemble de la journée, le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 22.300 manifestants à travers le pays. Soit la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement. Samedi dernier, plus de 33.000 personnes étaient mobilisées.
Cette nouvelle journée de défilés se déroulait alors même que le gouvernement se prépare à la restitution officielle du grand débat, cette consultation nationale souhaitée par le président de la République pour mettre fin à la crise du mouvement né le 17 novembre 2018.

Lundi, la restitution

C’est à Édouard Philippe qu’il revient de conclure le grand débat. Le premier ministre doit préparer le terrain en attendant qu’Emmanuel Macron présente les premières annonces à la mi-avril. Plus de 10.000 réunions locales, 16.000 cahiers de doléances ouverts dans les mairies, des centaines de propositions citoyennes... Le chef du gouvernement se verra présenter lundi un compte rendu de plus de deux mois de consultations. «Il y a quelques faits marquants mais en réalité une grande disparité d’avis sur la plupart des sujets, y compris sur des choses qui semblaient évidentes en décembre, comme la fin des 80 km/h ou le référendum d’initiative citoyenne», a affirmé un conseiller ministériel à l’AFP.
Trois heures sont prévues lundi matin au Grand Palais à Paris pour présenter une synthèse de 1500 pages réalisée par plusieurs organismes comme OpinionWay, les cabinets Roland Berger ou encore Res Publica. Ils ont étudié l’immense masse d’informations fournie par les grands débats. Cinq cents personnes assisteront à ce compte rendu: près de la moitié du gouvernement, les cinq «garants» de son indépendance, de simples citoyens, des représentants des associations et corps intermédiaires, des maires ou des directeurs d’administration. Un point est prévu pour toutes les contributions hors sujets, c’est-à-dire n’appartenant pas aux quatre grands thèmes du débat (fiscalité, écologie, démocratie et organisation de l’État). Il s’agira d’entendre «tout ce que nous ont dit les Français, dans leur très grande diversité, et parfois d’ailleurs dans leur très grande complexité», a souligné Édouard Philippe vendredi lors d’un déplacement dans la Creuse.

Mardi et mercredi, les discours d’Édouard Philippe

La suite du programme prévoit deux discours pour le premier ministre. Le premier à l’Assemblée nationale mardi après-midi et le second au Sénat mercredi après-midi. Ses prises de parole donneront lieu à des débats sans vote. «Nous allons commencer à dire ce que nous retenons de ce qui a été dit. Et comment nous envisageons le travail» avant qu’Emmanuel Macron n’annonce «l’essentiel de ce que le gouvernement fera ensuite pour répondre aux attentes des Français», a résumé Édouard Philippe vendredi. Le débat devrait être animé avec l’opposition qui a plusieurs fois dénoncé l’organisation de ces grands débats, soupçonnés d’être au service de l’exécutif. Le président a notamment été accusé de faire campagne lors de son tour de France en quatre-vingts jours. Il a terminé ses participations à des grands débats en Corse jeudi.
L’Élysée a également confirmé que les premières mesures seraient annoncées à la mi-avril, probablement avant Pâques. Le chef de l’État devra convaincre une opinion sceptique. D’après un sondage Elabe publié jeudi, 68% des Français estiment que les points de vue exprimés ne seront pas pris en compte, et 79% que le grand débat ne résoudra pas la crise politique actuelle. Concernant le coût de cette consultation nationale, elle serait d’environ 12 millions d’euros d’après Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales.
Il n’y a «pas d’unanimité sur tout», assurent Lecornu et Wargon
Les deux ministres coordinateurs du grand débat, Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu, ont indiqué dimanche dans un entretien à Ouest France qu’il n’y avait pas «unanimité» des Français sur tous les sujets, «y compris sur les totems» tels ISF ou référendum d’initiative citoyenne (RIC).
Cela vient notamment du fait que «ce ne sont pas les mêmes personnes qui s’expriment en fonction des différents supports»: «la plateforme en ligne a plutôt mobilisé des urbains, les cahiers ont été très utilisés par les ruraux, et les réunions ont été assez bien réparties sur tout le territoire».
«Les gens ont parlé très librement de ce qu’ils voulaient. La preuve: quatre thèmes qui n’étaient pas proposés se dégagent dans les synthèses», santé-social-intégration, pouvoir d’achat, entreprise et emploi, éducation, complète Mme Wargon, évoquant aussi «beaucoup de choses (qui) se sont également exprimées spontanément autour de l’attachement au territoire et à la proximité».

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