Affaire Benalla, saison 2: l’américanisation de la politique
20 février 2019 à 19h30 Journal l'opinion.
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Ça aurait pu n’être qu’une farce d’Etat.
Le sentiment d’impunité qui a submergé les acteurs de ce feuilleton
Benalla en a fait une affaire d’Etat. Impunité de celui qui
moleste des manifestants et collectionne
compulsivement cocardes, armes, passeports
et tous les attributs du pouvoir. Impunité de ceux
qui l’ont laissé faire et se pavaner au lieu
de le sanctionner immédiatement. Et sentiment
d’impunité de tous ceux qui, rendant des comptes
à une commission de parlementaires, ont joué
sur l’à-peu-près.
C’est ainsi que l’affaire Benalla a changé de nature. Avec son réquisitoire-assommoir, la commission d’enquête du Sénat ouvre en effet une nouvelle saison dans cette inépuisable série. Jusqu’à présent (dans la saison 1), l’Elysée puis Matignon avaient vu l’enquête progresser et les zones d’ombre peu à peu s’éclairer. Tout le monde avait été inquiété : les membres les plus éminents du cabinet d’Emmanuel Macron, pour leur rôle ou leurs failles, et le chef de l’Etat lui-même qui, bien que jamais impliqué directement, a dû subir les conséquences politiques des assauts des enquêteurs.
Aujourd’hui, c’est différent : c’est le fonctionnement même du pouvoir qui est impacté. Longtemps, on a pu considérer que les parlementaires étaient là plus pour faire la loi que pour contrôler quoi que ce soit. L’évaluation du travail gouvernemental a toujours été évanescente, et les enquêtes des commissions de l’Assemblée ou du Sénat n’avaient jamais impressionné par leur côté tranchant. C’est chose faite : mentir à des élus ou s’opposer à leurs investigations peut nuire gravement. Dans cette saison 2 de la série Benalla, un nouveau rapport de force entre les parlementaires et l’exécutif s’installe. Un nouveau rapport avec les faits, avec la rigueur des témoignages. Une saison qui puise son inspiration dans les grandes heures des commissions d’enquête américaines.
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