La dépense publique, grande absente du grand débat
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En un mois et demi de grand débat, plus d’un million de contributions ont déjà été collectées. Les Français y demandent pêle-mêle plus de démocratie
participative, moins de parlementaires et surtout moins payés, moins d’impôts pour tous mais plus d’impôt sur la fortune. Ils veulent davantage d’hôpitaux près de chez eux, plus de services publics de proximité, moins de limitations de vitesse.
Le grand déballage citoyen est bien lancé, et il y a toujours un grand absent, un sujet pourtant crucial dont l’ombre plane sur les échanges : la baisse des dépenses publiques. Naturellement, il ne fallait pas s’attendre à ce que des propositions de coupes budgétaires proviennent en masse des participants au grand débat. On a bien parlé train de vie de l’Etat, frais de bouche des élus, indemnités kilométriques, mais rien qui ressemble à de vraies économies. Emmanuel Macron l’avait pourtant clairement spécifié dans sa lettre : pas de baisse d’impôts sans baisser notre dépense publique. Les ministres eux-mêmes ont soigneusement évité le sujet, préférant lancer un concours Lépine de la fiscalité pour faire croire qu’augmenter les impôts des Français les plus aisés donnerait à tous les autres l’impression d’en payer moins. Mais de proposition de maîtrise des budgets, point.
Interdit d’entrer dans les grands débats par la porte, le sujet a tenté de s’inviter par la fenêtre. Avec la précaution de quelqu’un qui se lance dans des sables mouvants, Edouard Philippe a soulevé l’idée de contreparties qui seraient exigées des bénéficiaires d’aides sociales, manière de réduire en nature le poids en espèces de ces allocations. De même, reprenant la main sur l’assurance-chômage, il annonce que les indemnités des hauts salaires seront plafonnées plus bas qu’aujourd’hui. On entre enfin dans le dur. Il reste moins de vingt jours pour faire la pédagogie de la dépense dans le grand débat.
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