«Réponse aux Gilets jaunes: tout le monde devrait payer l’impôt». La tribune d’Henri Prévost-Allard
« Certaines personnes voient trois trimestres de leurs revenus confisqués par l’Etat… au nom de la justice sociale – une certaine forme de proxénétisme »
Le mouvement des Gilets Jaunes est en train d’atteindre ses limites consensuelles, non pas sur les problèmes qu’il dénonce, mais sur les solutions qu’il propose. Caractéristique de toute explosion de colère populaire, on y trouve tout et son contraire. Beaucoup de propositions paraissent reposer sur des considérations plus émotionnelles que rationnelles.Comment s’insurger sur l’augmentation des taxes, dénoncer un ras-le-bol fiscal, hurler contre l’augmentation de la CSG… et proposer de rétablir l’ISF ? Pourquoi ? Parce qu’il serait soi-disant équitable de « punir » les « riches » ? Cela ne repose sur aucun concept économique mais sur ce que la nature humaine a de plus vile : la jalousie ! Nombre de démagogues à la mode Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen aiment à flatter leurs électeurs en parant cette mesure de la couleur de la justice sociale sans jamais expliquer en quoi cet impôt rendrait les pauvres moins pauvres, et en faisant semblant de croire que les riches seraient stupides et accepteraient de subir éternellement cet impôt au lieu de « réaliser leurs avoirs » afin de les déplacer dans un pays plus accueillant.
Non ! La logique devrait être au contraire de réclamer au Président Macron la suppression totale de cette iniquité qui subsiste sur sa partie foncière ayant pour conséquence dans des régions touristiques à forte valeur immobilière de voir le patrimoine peu à peu passer entre les mains de SCI détenues par des étrangers. Le foncier est une des vaches à lait de la fiscalité française : taxes foncières, droits de succession, droits de mutation, plus-values, IFI. En une vie, l’Etat vole dix fois ce que vous avez acheté ou hérité.
Par bien des côtés la République a rejoint l’Ancien Régime dans la valse des rentes et des privilèges
Pertinence des choix. La fiscalité est un tout. Elle devrait reposer sur des considérations économiques et non pas émotionnelles. Bizarrement, l’équipe en place ne paraît pas le moins du monde s’intéresser à la fiscalité, sa réforme dans ce domaine se limitant à la seule modalité des prélèvements sans s’interroger sur la remise en question des « trop » : trop de subventions, trop d’allocations, trop de structures et d’émoluments para-étatiques, trop d’élus, trop d’anciens Présidents bénéficiant de rentes d’ancien régime, trop de gaspillage étatique… par bien des côtés la République a rejoint l’Ancien Régime dans la valse des rentes et des privilèges.
Qui paie les impôts directs ? On nous dit que seulement 48 % de Français seraient assujettis à l’impôt sur le revenu et encore de façon discriminatoire selon un barème, prétendu socialement juste, comme si l’impôt avait un rôle social à jouer. Dans la réalité, seuls ceux qui ne sont pas assez pauvres pour y échapper et pas assez riches pour s’en dispenser en des montages juridiques habiles, supportent sur leurs épaules le poids toujours plus lourd de cet impôt auquel bien évidemment s’ajoutent la CSG et les impôts fonciers sous toutes leurs formes. Certaines personnes voient trois trimestres de leurs revenus confisqués par l’Etat… au nom de la justice sociale – une certaine forme de proxénétisme.
Que proposent les « Gilets Jaunes » dans ce domaine ? Rien, sinon surcharger la mule, « faire payer les riches » sans que l’on sache très bien de qui ils parlent, car on est toujours le riche d’un autre. Tout le monde devrait payer l’impôt ! Du plus riche au plus pauvre, et selon le même taux de 10 ou 20 % de ses revenus pour que tout le monde se sente concerné par les dépenses et en réclame la diminution draconienne.
Henri Prévost-Allard, conseiller délégué au tourisme de la ville de Saint-Tropez, écrivain et Historien.
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