jeudi 10 janvier 2019

LE PIEGE DE LA TAXE D'HABITATION

Revirement

Le piège de la taxe d’habitation





Le gouvernement, croyant avoir saisi la profondeur des revendications des Gilets jaunes, s’apprêterait à renoncer à la suppression de la taxe d’habitation pour 20% des Français, les plus aisés. Si l’idée aboutissait, ce serait à coup sûr l’une des plus stupides du moment. Certes, cela permettrait à Bercy de récupérer 7 milliards d’euros (il vient d’en lâcher une dizaine sans en avoir le premier centime). Et puis, quel moyen subtil de détourner l’attention de tous ceux qui demandent le rétablissement de l’ISF pour se consoler de payer trop de taxes. D’ailleurs, sur le plan arithmétique, ce serait un coup de génie : la suppression de l’ISF et son remplacement par l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière) a coûté 3,5 milliards d’euros; le maintien d’une taxe d’habitation « spéciale riches » en garantirait le double. Magistral.
Sauf que le signal serait catastrophique. Sur le plan politique, il signerait un revirement majeur du chef de l’Etat sur l’un des piliers les plus importants de son programme : s’appuyer sur les « premiers de cordée » pour relancer le pays. Sur le plan économique : cette mesure frapperait toujours les mêmes cibles, les classes moyennes supérieures, les Français aisés mais pas forcément riches qui payent déjà, eux, de lourds impôts sur le revenu et sont exclus de quantité d’aides. Ce sont eux qui ressentent le plus, et depuis longtemps le poids de la fiscalité, même si, bien sûr, aucun de ceux-là n’a jamais brûlé de voitures, frappé sauvagement des policiers ni saccagé l’Arc de triomphe. Enfin, il faut une bonne dose d’aveuglement pour espérer que la crise des Gilets jaunes, née d’un ras-le-bol fiscal de tous, pourra être calmée par la surtaxation de millions de Français. Cela peut assouvir le sentiment d’envie vis-à-vis des « riches », mais cela détruira chez beaucoup ce qu’il reste de confiance dans ce pouvoir.

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