samedi 19 janvier 2019

LA LETTRE HEBDOMADAIRE DE MEDIAPART


La lettre hebdomadaire
Chaque vendredi|18 janvier 2019
Par la rédaction de Mediapart
Souvenez-vous l’été dernier. C’était le 24 juillet, au plus fort de la saison 1 de l’affaire Benalla. Le président de la République Emmanuel Macron lance devant des parlementaires de sa sensibilité politique réunis à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, une phrase qui va faire florès : « Qu’ils viennent me chercher ! » Mais il y a une autre phrase, passée plus inaperçue, qui a été proférée ce jour-là par le chef de l’État : « Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité. » 

Ah bon ?

Qu’aurait été, en vérité, l’affaire Benalla sans la presse ? Rien. Sans les premières révélations mi-juillet du Monde puis de Mediapart : iciici et . sur les violences commises par Alexandre Benalla et le gendarme Vincent Crase à l’occasion des manifestations du 1er Mai sur des opposants à la politique du président, le premier serait toujours à l’Élysée.

Sans la mise au jour de ces même faits, la justice n’aurait pas, non plus, été saisie, alors que l’Élysée avait décidé de camoufler l’affaire entre mai et juillet. MM. Benalla et Crase sont aujourd’hui mis en examen, notamment pour violences volontaires.

Le dossier Benalla, que des proches du président ont voulu faire passer pour une « affaire d’été » (comprendre : pas une affaire d’État), était pourtant loin d’être fini. Sans la presse, et en particulier sans Mediapart, qu’aurait-on su de la saison 2 de l’affaire ? Rien, une fois de plus. Cela est vrai aussi bien pour l’utilisation de passeports diplomatiques par un Alexandre Benalla pourtant écarté de l’Élysée que les financements russes par un oligarque proche de Poutine du gendarme Crase, dans un dossier auquel a pris part le même Benalla.

C’est bien parce que la presse non seulement cherche la vérité, mais révèle les faits qui la sous-tendent qu’une nouvelle fois la justice a été mise en branle dans le volet “passeports diplomatiques” du scandale Benalla. Ce dernier, après avoir été placé en garde à vue, a été déféré devant la justice, vendredi 18 janvier, en vue d’une mise en examen.

Et sans les révélations de la presse, les citoyens n’auraient pas non plus assisté à la mise sur pied d’une commission d’enquête au Sénat qui remplit pleinement sa fonction de contre-pouvoir institutionnel face à une présidence de la République et un gouvernement qui ont tout fait pendant de longs mois pour protéger Alexandre Benalla.

À l’aune de tous ces nouveaux développements, il n’est pas inutile de rappeler qu’Emmanuel Macron avait réclamé, le 6 novembre dernier, au micro d’Europe 1, de l’« indulgence » — c’est le mot présidentiel — pour Alexandre Benalla.

Alors qui, de la presse ou du président, ne cherche plus la vérité ?

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