La lettre politique
de Laurent Joffrin
de Laurent Joffrin
Les sans-culottes
Une insurrection ? Peut-être. Elle survient – définition classique – quand ceux d’en bas ne veulent plus et ceux d’en haut ne peuvent plus. Nous n’en sommes pas loin. Le gouvernement ne parvient pas à maîtriser le mouvement, lequel se raidit, avec l’appui de quelque 80% de la population. Comme le dit François Bayrou : «On ne peut pas gouverner contre le peuple.»
Insaisissables «gilets jaunes» dont la couleur est un symbole éloquent : ni rouge, ni bleue, ni brune. Aucune force traditionnelle, à droite, à gauche ou aux extrêmes, ne peut récupérer un mouvement dont la vérité s’exprime plus dans le monde numérique que sur les ronds-points et qui refuse toute médiation, y compris la sienne, puisque ses représentants sont désavoués à peine nommés.
Les précédents ? Il n’y en a pas. Peut-être les sans-culottes, avec un gilet jaune qui remplace le pantalon tricolore. Les cahiers de doléances se retrouvent sur Facebook, le tiers état s’estime hors de la cité et dénonce l’aristocratie de la politique et de l’administration, Emmanuel Macron, par ses maladresses successives, prend le rôle non de Louis XVI mais de Marie-Antoinette, ce qui est encore moins confortable, face à un peuple qui se sent méprisé.
Analogie lointaine, évidemment : cette fois le peuple insurgé n’est pas à Paris, mais dans les villages et les campagnes ; il use peu de violence sinon verbale ; ses revendications sont contradictoires – moins d’impôts et plus de services publics, une politique écologique mais une baisse des taxes sur l’essence, plus de démocratie mais moins de représentation…
Ce qui ne rassurera pas le gouvernement. Au fond, une seule exigence réunit des contestataires, venus de plusieurs horizons idéologiques, et surtout du grand parti de l’abstention : la disparition d’Emmanuel Macron ou, à tout le moins, sa capitulation. Une guillotine symbolique. Jupiter ne tient plus la foudre : elle lui tombe sur la tête.
Il peut tenir : l’Etat fonctionne, la France n’est pas bloquée, tout cela se joue surtout dans l’univers virtuel des réseaux et des chaînes d’info. De plus les contradictions du mouvement finiront bien par éclater. Mais la sanction politique risque d’être sévère. La logique voudrait qu’une négociation ait lieu, que le gouvernement fasse des concessions sur le pouvoir d’achat, qu’on trouve un compromis. Mais cela, c’est la raison. Nous n’y sommes plus tout à fait.
Insaisissables «gilets jaunes» dont la couleur est un symbole éloquent : ni rouge, ni bleue, ni brune. Aucune force traditionnelle, à droite, à gauche ou aux extrêmes, ne peut récupérer un mouvement dont la vérité s’exprime plus dans le monde numérique que sur les ronds-points et qui refuse toute médiation, y compris la sienne, puisque ses représentants sont désavoués à peine nommés.
Les précédents ? Il n’y en a pas. Peut-être les sans-culottes, avec un gilet jaune qui remplace le pantalon tricolore. Les cahiers de doléances se retrouvent sur Facebook, le tiers état s’estime hors de la cité et dénonce l’aristocratie de la politique et de l’administration, Emmanuel Macron, par ses maladresses successives, prend le rôle non de Louis XVI mais de Marie-Antoinette, ce qui est encore moins confortable, face à un peuple qui se sent méprisé.
Analogie lointaine, évidemment : cette fois le peuple insurgé n’est pas à Paris, mais dans les villages et les campagnes ; il use peu de violence sinon verbale ; ses revendications sont contradictoires – moins d’impôts et plus de services publics, une politique écologique mais une baisse des taxes sur l’essence, plus de démocratie mais moins de représentation…
Ce qui ne rassurera pas le gouvernement. Au fond, une seule exigence réunit des contestataires, venus de plusieurs horizons idéologiques, et surtout du grand parti de l’abstention : la disparition d’Emmanuel Macron ou, à tout le moins, sa capitulation. Une guillotine symbolique. Jupiter ne tient plus la foudre : elle lui tombe sur la tête.
Il peut tenir : l’Etat fonctionne, la France n’est pas bloquée, tout cela se joue surtout dans l’univers virtuel des réseaux et des chaînes d’info. De plus les contradictions du mouvement finiront bien par éclater. Mais la sanction politique risque d’être sévère. La logique voudrait qu’une négociation ait lieu, que le gouvernement fasse des concessions sur le pouvoir d’achat, qu’on trouve un compromis. Mais cela, c’est la raison. Nous n’y sommes plus tout à fait.
LAURENT JOFFRIN
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