source: le journal l'opinion
édition du soir
Tarifs de l’électricité: la hausse du 1er février qui fait trembler le gouvernement
Les tarifs réglementés d’EDF devraient logiquement grimper dans deux mois. De 3 % à 4 % selon nos informations
C’est un rituel dont l’Etat se passerait bien. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) doit prochainement transmettre à Bruno Le Maire et François de Rugy, respectivement ministre de l’Economie et ministre de la Transition écologique, sa proposition sur l’évolution des tarifs réglementés de l’électricité le 1er février. Selon nos informations, l’application de la formule réglementaire devrait théoriquement aboutir à une hausse de 3 % à 4 % du prix payé par plus de 25 millions de foyers. Cette proposition se base sur plusieurs paramètres et la CRE peut elle-même moduler sa recommandation pour tenir compte de l’impact sur les consommateurs.
En tout état de cause, le sens est à une hausse substantielle en février prochain, un mois après l’augmentation prévue des taxes sur le litre d’essence et de diesel. Alors que le gouvernement refuse toujours de surseoir à cette mesure qui a mis les Gilets jaunes dans la rue, le bond du kilowattheure tomberait très mal pour les pouvoirs publics. Et ce d’autant que le gaz a lui-même subi cette année des majorations à répétition.
Avec environ 3 % d’augmentation d’un coup, l’électricité ferait un saut impressionnant. En 2018, la hausse de 0,7 % en février a été quasiment annulée par la baisse de 0,5 % le 1er août. L’année précédente, le prix du kilowatt avait augmenté de 1,7 % en août. Certes, Emmanuel Macron et son gouvernement peuvent choisir d’ignorer cette recommandation, comme l’avait fait celui de François Hollande en 2014. A l’époque, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, avait décidé de revenir sur la hausse programmée au nom de la préservation du pouvoir d’achat des Français.
Mal lui en a pris. Le Conseil d’Etat, saisi par des concurrents d’EDF pénalisés par cette décision, l’avait annulée. Deux ans plus tard, ce sont les consommateurs qui ont finalement payé les pots cassés : leur facture a augmenté en moyenne de 1,50 euro par mois pendant 18 mois « dans le cadre d’une hausse rétroactive.» Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’équipe d’Edouard Philippe n’a pas intérêt à prendre le risque d’essayer de reculer pour mieux sauter.
Piège. Reste que le gouvernement semble piégé. Aujourd’hui, le pouvoir d’achat est au cœur de la colère des Gilets jaunes, massivement soutenus par l’opinion publique. Le coût de l’énergie dans toutes ses composantes est lui-même au centre des préoccupations car si des millions de Français ont un besoin impératif de leur voiture au quotidien, tous doivent se chauffer et s’éclairer. Pour sortir de cette impasse, Matignon pourrait être tenté par un chemin de traverse : une révision de la formule appliquée par la CRE, comme cela a été fait il y a quelques années pour le livret A.
Le timing semble toutefois serré pour changer les règles avant la fin de l’année. Pour ne pas accroître son impopularité, l’Etat, propriétaire de 84 % d’EDF, a-t-il d’ailleurs intérêt à pénaliser les recettes de son principal actif coté ? En un an, la valorisation boursière des titres de l’électricien détenus par Bercy a grimpé d’une dizaine de milliards d’euros. Un « bonus » qui pourrait fondre très rapidement si les investisseurs ont le sentiment d’une politisation indue des tarifs. Cruel dilemme pour Emmanuel Macron.
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