Matthieu GIOANNI
Se soustraire du réel
pour mieux le dissoudre dans les formes, les couleurs et la matière est une
recherche constante. Mon parcours m’a porté vers les métiers d’art puis
l’industrie dans laquelle le geste est lié à la rigueur, la méthode à la
répétition et la matière à la technique. J’ai longtemps peint, dessiné, croqué,
composé pour m’extraire et m’affranchir d’un geste contraint. Transcender les
supports, jouer avec les matières, toutes les matières. Libérer le geste et les
émotions exige aussi une forme de rigueur.
Chaque toile est une
écriture nouvelle où le geste doit être réinventé et débarrassé de ses
automatismes par crainte d’enfermer les émotions. Évidemment, il y a un côté
libérateur dans cette abstraction, mais aussi et surtout une soumission à
l’instant et aux sentiments qui en découlent. Le réel est fait de taches,
harmonieuses bien souvent, parce que nous avons probablement appris à les voir
de cette manière. Mais vues sous un angle différent ces formes débordent,
coulent, se chevauchent et finissent par former une unité, même éclatée.
Briser les repères
pour laisser son œil et son esprit partir en quête de rêverie, sortir du réel
pour s’interroger et réagir, après tout, n’est-ce pas là l’essence d’une
toile ?
ACONCHA
Aconcha, artiste multi facette afro-cubaine, (peintre, sculpteur, dessinateur, auteur-interprète, écrivain) née à la Havana Cuba, est influencée par le monde magique des Orishas, divinités du panthéon Yorouba. Elle s’inscrit dans la mouvance de l’art primitif contemporain, outsider Art, tant dans son oeuvre picturale que dans sa musique.
Elevée dans le milieu de la couture, entourée d’une grand-mère spécialiste en patchwork, d’une mère orfèvre-couturière et d’une tante coloriste, elle apprit depuis sa jeune enfance les mélanges de textures, de transparence, de points couture et de couleurs. Par sa passion pour les mélanges des fibres, elle essaie d’exprimer le mystère des métissages et de tisser des liens vers ses ancêtres.
Son travail d’artiste se décline par un flot de couleurs, d’incrustations de tissus, de collages superposées et enchevêtrés avec différents matériaux. C’est à travers la luxuriance de ses créations qu’elle apparaît et rejoindra la Femme profonde, qui est à la fois diurne et nocturne, Yin et Yang.
Des signes secrets et syncrétiques du rite Yorouba se camouflent dans les personnages qui envahissent les tableaux d’Aconcha.
Elle crée en toute liberté sans formatage : Peinture, sculpture, dessin. Elle ne veux pas être prisonnière d’une méthode. Ses moteurs sont l’enchantement et le plaisir. Comme un éternel enfant. Elle peint pour se protéger, pour exister tout simplement.