dimanche 22 mai 2022

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 Dimanche 22 mai


Aujourd'hui nous fêtons:  Emilie, Emile

C'est sa fête : Émile

À Carthage, capitale de la province romaine d'Afrique, au IIIe siècle, Émile et son compagnon Castus sont persécutés comme beaucoup d'autres chrétiens. Ils apostasient leur foi dans la crainte du bûcher mais se reprennent vite et finissent dans les flammes.

Dicton du jour: Beau temps du jour sainte Emilie, donne du fruit à la folie.

Citation du jour: “Rassembler est un idéal : les hommes sont divisés à l'intérieur d'eux-mêmes, comment ne le seraient-ils pas dans la vie sociale ?”

Jacques Chirac

La photo du jour: Gégé Photographie


Bonjour,
J'espère que vous allez bien en ce jeudi matin et que vous êtes en forme.
Il se trouve que pendant nos petites vacances du mois d'avril nous en avons profité pour aller visiter un village qui pour moi s'appellerait sans aucun doute "désiré". Effectivement pendant trois années de suite nous avons tenté son approche mais en vain, c'était peine perdue, aussi obstinés et têtus comme nous le sommes avec mon époux, nous avons fermé ce jour là notre maison à 5h00 du matin et direction l'autoroute A 57 puis la A 8 des Alpes Maritimes traversant des nappes de brouillard (sur des kilomètres) que l'on pourrait qualifier de purée de pois vu l'épaisseur, pour rejoindre enfin un village qui s'avère être le plus beau qu'il m'est été donné de visiter.
Surpomblonbant les eaux bleues de la Méditerranée, dominé par son célèbre jardin exotique dont la renommée dépasse nos frontières et à juste titre, Eze nous accueille chaleureusement en son sein. Il est tout juste 7h00 du matin quand nous entamons notre visite et pas une âme qui vive à l'horizon le village est encore endormi, seul les employés du célèbre Château de la Chèvre d'Or sont déjà à pied d'œuvre faisant d'innombrables allez retour pour transporter les fournitures nécessaires pour "le coup de feu de midi" comme l'on dit dans le jargon de la restauration, tandis que d'autres effectuent le grand nettoyage devant l'entrée, les cuisines sont déjà ouvertes prêtes à recevoir les matières premières qui seront transformées par les talents inégalés d'un grand chef cuisinier et son équipe en mets d'exception qui régaleront les papilles des fins gourmets.
Après cette petite halte, nous grimpons jusqu'à cette superbe placette où une ébauche de ciel bleu azur se dessine enfin donnant une belle luminosité tout en faisant frissonner de bonheur ce néflier du Japon qui offre une ombre généreuse à cette jolie fontaine qui nous déroule un tapis rouge de tomettes contrastant de façon formidable avec les calades de ce petit bourg médiéval typiquement Provençal, un parasol dont le sommet se laisse tendrement caresser par les feuilles d'un arbre, trône en maître de cérémonie des lieux et nous invite à prendre place un instant sur cette petite terrasse improvisée affublée de deux chaises et d'une table, un très vieil escalier guide nos pas et notre curiosité vers une porte qui ne doit plus compter le nombre de personnes qui ont dû y toquer pour percer les mystères qu'elle renferme et garde secrètement.
Une fois notre visite sur le point de s'achever nous nous sommes arrêtés prendre un petit-déjeuner bien mérité à la terrasse d'un café qui venait à peine d'ouvrir, de là nous avions un panorama magnifique mais aussi nous pouvions voir le parking qui se remplissait à vu d'oeil de véhicules en tout genre et les premiers cars de touristes qui déversaient des flots ininterrompus d'être humains prêt à partir à l'assaut de joyau de Provence.
Nous étions heureux de savourer ce petit en-cas et surtout d'avoir terminer de photographier les trésors de ce magnifique joyau des Alpes Maritimes en toute quiétude. Voilà pour ce petit moment de bonheur qu'il me plaît de partager avec vous. Comme je le dis et le répète vous êtes de belles personnes, j'aime beaucoup vous faire plaisir et vous faire découvrir de nouveaux endroits qu'il vous plairez de visiter.
Je vous remercie du fond du coeur pour tous vos gentils messages qui me touchent énormément. Merci .
Je vous souhaite une belle journée.
Prenez soin de vous et profitez de la vie , soyez heureux

Bien affectueusement.

Dessin ou histoire du jour:

N’attendez pas la solution de vos problèmes par des hommes
politiques puisque ce sont eux qui en sont la cause
 (Alain Madelin).


Marchés du jour:

LE DIMANCHE LE MARCHE EST A

BARJOLS

MOISSAC

REGUSSE

SALERNES

VIDAUBAN

FIGANIERES



INFORMATION DE LA PAROISSE: 

MESSES DOMINICALES A AMPUS ET LES ENVIRONS

 

Saint Michel AMPUS: ( village) Père Christian BLANC : Tél: 06 09 18 77 39.

Messe le Dimanche et les jours de fêtes à 9h30.

Notre Dame de Spéluque AMPUSTous les dimanches et jours de fêtes, messe orientée vers le Seigneur à 11h00 dans la forme extraordinaire du rit romain et chant grégorien (lectures en français).

 

AUX ALENTOURS:

FLAYOSC: Samedi 18h00 et le dimanche à 11h
.

CHATEAUDOUBLE: Dimanche: 9H30.

TOURTOUR: Dimanche à 18h00.

VILLECROZE: Dimanche à 9h15.

AUPS: Dimanche à 11h.

SALERNES: Dimanche à 11h.



Des évènements lors d'un 22 mai:

22 mai 1808: Naissance de Gérard de Nerval

22 mai 1808 à Paris - 26 janvier 1855 à Paris

Biographie Gérard de Nerval

Gérard Labrunie, plus connu sous son nom de poète, Gérard de Nerval, est l'une des figures les plus émouvantes de la poésie française. Naviguant entre réalité et rêve, il a évoqué en des mots immortels les troubles de l'adolescence... et les charmes du Valois. Mais il souffrait de troubles mentaux et, à l'aube du 26 janvier 1855, on l'a retrouvé pendu dans la rue de la Vieille-Lanterne, dans le quartier du Châtelet, à Paris. Il avait 46 ans. La plus belle part du romantisme s'est éteinte avec lui.

Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insouciant et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.

C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.

Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.

Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant : «Pourquoi suis-je venu ?»

(Gérard de Nerval, Épitaphe)




LA VIE DE VICTOR HUGO

 



Mort le 22 mai 1885

Victor Hugo (1802 - 1885)

Ce siècle avait deux ans !...


Victor Hugo surpasse par sa puissance créatrice, son imagination et l'étendue de ses talents tous les écrivains de sa génération. Il demeure aussi aux yeux du monde « le plus grand poète français... hélas », selon la formule plaisante de l''écrivain André Gide 

Très impliqué dans la vie politique de son temps, il suit les évolutions des moeurs et de la pensée dominante. Royaliste dans sa jeunesse, il s'engage contre la peine de mort (« Se venger est de l'individu, punir est de Dieu »). Son roman Notre-Dame de Paris éveille l'intérêt du public pour le Moyen Âge et la conservation du patrimoine.

Après la révolution républicaine de 1848, il se fait le champion du « Printemps des peuples » et en appelle à la création des États-Unis d'Europe... mais après l'abaissement de la puissance allemande. Il vire à gauche (« J'ai grandi ! » dira-t-il en 1854 de ce moment-là) puis s'exile pour manifester son opposition à Napoléon III.

Cet exil volontaire à Guernesey lui vaut une seconde naissance. C'est le temps des chefs-d'œuvre : Les Contemplations, La Légende des SièclesLes Misérables... Il devient pour les jeunes écrivains un maître respecté et, pour l'opinion publique en France et dans le monde entier, un maître à penser et une icône.

Au lendemain de la proclamation de la IIIe République, en 1871, le vieillard revient en France et traverse Paris au milieu d'une foule reconnaissante. Chantre de la République, il encourage la « mission civilisatrice » de la France et l'expansion coloniale...

Ses funérailles, en 1885, sont grandioses autant qu'émouvantes. Aux côtés de son contemporain Louis Pasteur, le poète personnifie le triomphe de la République et la culture française.

André Larané

1802 : une naissance prometteuse

Le poète évoque sa naissance en cultivant le paradoxe :

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois

Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre,
C'est moi.

(Les feuilles d'automne, 1831)

Grand chemin de la postérité, les romantiques en cortège (lithographie de Benjamin Roubaud, 1842, BnF). Victor Hugo mène un cortège de romantiques : Gautier, Cassagnac, Wey, Fouché, Sue, Dumas, Soulié, Balzac, Gozlan, Delavigne, Vigny, Karr, Bayard, de Kock, Briffaut et Lamartine

Un jeune homme qui voit loin

Victor Hugo naît à Besançon le 26 février 1802, sous le Consulat... Les héros de l'épopée révolutionnaire et impériale ne savent pas encore qu'ils ont gagné le plus grand mémorialiste qui soit.

Son père Léopold Hugo s'engage comme soldat à quatorze ans et devient officier à dix-sept ans, en 1790. Il est fait maréchal de camp par le roi d'Espagne (l'équivalent en France de général de brigade). Sa mère, Sophie Trébuchet, originaire de Châteaubriant, en Bretagne, donne très tôt à Victor le goût des auteurs classiques. Vers 17 ans, celui-ci aurait écrit sur un brouillon d'écolier : « Je veux être Chateaubriand ou rien ». Il sera bien plus.

Victor Hugo vers 1829, Gavarni, BnF, Paris.Sa jeunesse se partage entre la nostalgie de l'Empire napoléonien, que son père avait servi avec brio, et le soutien à la Restauration monarchique. En 1819, il reçoit ses premières récompenses de l'Académie des Jeux floraux (Toulouse) pour deux odes royalistes. Trois ans plus tard, il épouse Adèle Foucher et entame une carrière d'écrivain avec Odes et poésies diverses puis Han d'Islande.

Le jeune poète se range parmi les ultra-royalistes et chante la naissance inespérée du duc de Bordeaux, ce qui lui vaut une substantielle récompense du roi Louis XVIII. En 1825, il reçoit la Légion d'Honneur en même temps que son aîné Lamartine. Il assiste aussi à Reims au sacre de Charles X, successeur de Louis XVIII.

Il devient alors l'écrivain le plus en vue de sa génération et le restera jusqu'à sa mort, soixante ans plus tard ! Enthousiasmé comme les autres romantiques par le soulèvement des Grecs, il publie en 1829 un recueil de sonnets, Les Orientales :
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
 (8-10 juillet 1828, Les Orientales).

Avec le succès littéraire vient la fortune. Victor Hugo, très bon négociateur, arrache à ses éditeurs de substantiels droits d'auteur qui lui permettront de vivre somptueusement, tout en gérant au plus près ses biens. Avec l'âge, son sens de l'économie va même tourner à la ladrerie !... 

La maison de Victor Hugo, place des Vosges (Paris)

Un poète d'influence

Ecce lex, le pendu, dessin de Victor Hugo, 1854 (Maison de Victor Hugo)Dès la Restauration, Victor Hugo s'engage contre la peine de mort. C'est ainsi qu'il publie aussi en 1829 Le Dernier Jour d'un Condamné (il s'agit du récit des derniers moments d'un jeune condamné, par lui-même). À ce livre, Victor Hugo ajoute en 1832 une préface qui est un vigoureux plaidoyer contre la peine de mort avec des arguments toujours actuels (« Se venger est de l'individu, punir est de Dieu »).

En 1834, il écrit un petit récit inspiré d'un fait divers : Claude Gueux

L'histoire d'un ouvrier au coeur noble, contraint de voler pour nourrir sa femme et son enfant. Incarcéré à Clairvaux, il devient le souffre-douleur du directeur des ateliers qu'il finit par tuer dans un accès de colère. Cela lui vaut l'échafaud. Le récit est à la fois un plaidoyer contre la peine de mort et une lointaine préfiguration des Misérables.  Mais le poète n'est pas seul, loin de là, dans le combat d'avant-garde contre la peine de mort. Dès les années 1820, de nombreux bourgeois éclairés veulent comme lui en finir avec ce reliquat de la barbarie. François Guizot échoue de peu à faire voter une loi dans ce sens.

À l'avènement du roi bourgeois Louis-Philippe Ier, le poète s'affiche en chef de file de la jeune génération de l'école romantique et s'attire très tôt une célébrité nationale et internationale avec Hernani et Notre-Dame de Paris.

Il se fend de quelques vers patriotiques en l'honneur des victimes de la révolution des « Trois Glorieuses » en 1830 :
« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie... »
.

Mais la trahison de Sainte-Beuve avec son épouse Adèle Foucher lui laisse un goût amer comme l'attestent ses recueils de poèmes : Les feuilles d'automne (1831), Les chants du crépuscule (1835), Les rayons et les ombres (1840). 

Avec son ami Alexandre Dumas, il fonde le théâtre de la Renaissance en 1838, pour lequel il crée Ruy Blas. Il voyage aussi en France et en Europe avec sa maîtresse Juliette Drouet, multipliant les notes et les croquis. Ces derniers témoignent d'un talent certain de dessinateur et lui eussent assuré à eux seuls la notoriété s'il n'y avait eu l'écriture.

Château en Allemagne, sanguine de Victor Hugo
Un poète tourmenté

Par quatre fois, en 1836 et 1840, Victor Hugo se voit refuser l'entrée à l'Académie française car jugé peut-être trop libéral. Il est enfin élu le 7 janvier 1841. Mais sa satisfaction est de courte durée. La mort tragique de sa fille Léopoldine, qu'il apprend par hasard en lisant un journal de province, le 9 septembre 1843, le détourne de toute publication d'envergure pendant une dizaine d'années.

Pair de France en 1845, il devient un notable et même un familier du palais des Tuileries, où réside le roi Louis-Philippe. Il peut alors se croire au sommet de sa carrière. Il fait figure de fossile auprès des nouvelles générations d'écrivains, Flaubert... L'échec des Burgraves, en mars 1843, amorce le tournant de sa vie.

Le poète s'éloigne peu à peu de la monarchie. En contradiction avec son idéal de progrès, il se fait le chantre de la Légende napoléonienne et participe au culte de l'Empereur, fossoyeur de la Révolution et conquérant insatiable (cette contradiction est commune aux libéraux de cette époque).

Victor Hugo plante un arbre de la Liberté sur la place Royale (place des Vosges), dessin de Julius VogelQuand survient la révolution républicaine de 1848, animée par des libéraux et des républicains modérés, il s'en tient à l'écart et même s'y oppose, fidèle à son passé royaliste.

Le 4 juin 1848, à la faveur d'une élection partielle, il se fait élire député de Paris dans les rangs des conservateurs et prononce son premier discours à la tribune le 20 juin suivant pour dénoncer les ateliers nationaux. Lui-même commande la troupe face aux barricades d'ouvriers dans son arrondissement parisien. 

Il soutient aussi la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, à la présidence de la République.

Dans les mois suivants, sa conscience politique se réveille. Il vire à gauche (« J'ai grandi ! » dira-t-il en 1854 de ce moment-là). À preuve son discours du 9 juillet 1849 sur la misère, à l'opposé du précédent : « La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible !  »

Quelques semaines plus tard, le 21 août 1849, tandis que tout le continent est en ébullition, il se fait le champion de la « Révolution des peuples » et en appelle à la création des États-Unis d'Europe.

L'année suivante, il rompt avec le Prince-Président auquel il reproche son intervention dans les affaires romaines. Sans doute lui reproche-t-il secrètement aussi de ne pas lui avoir accordé le ministère de l'Éducation qu'il convoitait.

Après le coup d'État par lequel Louis-Napoléon rétablit l'Empire, le poète s'exile volontairement avec sa famille et sa maîtresse Juliette Drouet à Bruxelles, puis sur l'île anglo-normande de Jersey, enfin sur celle de Guernesey.

La salle à manger de Hauteville House, maison de Victor Hugo à Guernesey

Guernesey : une deuxième naissance

Afin d'éviter d'être expulsé par les autorités, il choisit pour la première fois de devenir propriétaire et, le 16 mai 1856, achète sur l'île une grande demeure de corsaire, Hauteville House avec les droits d'auteur des Contemplations. Écumant les brocanteurs de l'île, il va la rénover et la décorer à son goût, jusqu'à en faire l'une de ses plus belles oeuvres plastiques.

Edmond Bacot, Victor Hugo photographié à Hauteville House, 1862C'est à Hauteville House, debout devant un pupitre, sous la verrière qui couronne la maison et domine l'océan, qu'il va écrire l'essentiel de son oeuvre poétique et littéraire ! 

Victor Hugo va résider à Guernesey jusqu'à la chute de l'Empire, même après le départ de ses proches (à l'exception de la fidèle Juliette qui habite une maison voisine).

Le poète refuse avec obstination les amnisties et le pardon de l'empereur : « S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! ». Paradoxalement, cette fuite de 20 ans lui vaut une seconde naissance, réalisant son souhait secret. « Je veux l'influence et non le pouvoir », avait-il écrit en 1848 (lettre à Paul Lacroix du 10 décembre 1848).

Les inscriptions « Ego Hugo » (Moi, Hugo) de Hauteville House illustrent la conscience que le poète avait de son génie... et de sa fonction sociale. De sa retraite solitaire, il lance des imprécations contre l'usurpateur, « Napoléon-le-Petit ».

Il reprend aussi avec acharnement son travail littéraire et publie ses chefs-d'oeuvre : La Légende des Siècles, Les Travailleurs de la mer... Il devient pour les jeunes écrivains un maître incontournable et respecté.

Hauteville House (Guernesey)Enfin rasséréné, il se livre au grand projet romanesque en gestation depuis trente ans : Les Misérables. La publication du roman en 1862 lui vaut une popularité dans tous les pays et toutes les classes sociales. On dit que des ouvriers se cotisent pour acheter l'oeuvre et se la passer de main en main.

Comme l'empereur Napoléon III lui-même, comme beaucoup de ses contemporains, comme le romancier Eugène Sue (Les Mystères de Paris), le peintre Jean-François Millet (L'AngélusLe vanneur...), Victor Hugo se montre dans les années 1840-1860 très sensible au sort des humbles et à la condition ouvrière.

À Guernesey même, il se veut exemplaire en recevant à goûter chaque semaine quelques dizaines d'enfants pauvres.

Tous les artistes, peintres, poètes et romanciers qui s'épanouissent dans l'ombre de Hugo vont enraciner la nation française dans ses légendes. Nation paysanne, patrie des droits de l'homme, royaume des lettres et des arts : autant de mythes qui deviendront des lieux communs.

Victor Hugo sur la terrasse de Hauteville House (Guernesey)

Enfants martyrs

Le poète est visionnaire comme le montre le poème suivant, qui n'a rien perdu de son actualité et de sa violence. Comment mieux exprimer le drame des enfants martyrs du XIXe siècle européen ou du tiers monde actuel ?

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules :
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
- Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas!
Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! -
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !

(Melancholia, in Les Contemplations, 1856)

Orgueil de la République

Victor Hugo ne consent à rentrer à Paris qu'au lendemain de la proclamation de la République, le 5 septembre 1870. Le vieil homme traverse Paris au milieu d'une foule émue et reconnaissante.

Toujours en phase avec la bourgeoisie de son temps, le poète garde un pied dans la politique. Après avoir été pair de France de 1845 à 1848, représentant du peuple de 1848 à 1851, opposant tenace à Napoléon III, il entre en 1871 comme député dans la nouvelle Assemblée avant de devenir sénateur de 1876 à sa mort. Même s'il a écrit au total un millier de pages d’interventions politiques, ses prestations sont décevantes. Il s'accommode assez bien de la répression de la Commune, cette  « bonne chose mal faite » mais sera parmi les plus ardents à demander l'amnistie pour les Communards. Plus percutants sont ses ultimes écrits. Il poursuit son combat contre la peine de mort, pour les États-Unis d'Europe, pour l'émancipation des femmes...

Après le massacre de la Commune, la question sociale n'est plus d'actualité. Les dirigeants de la IIIe République se préoccupent bien davantage d'expansion coloniale. Victor Hugo lance, le 18 mai 1879, à l'occasion d'un banquet commémorant l'abolition de l'esclavage : « Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l'industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez ». C'est la reprise d'un discours que le poète, visionnaire et toujours en avance sur son temps, avait déjà tenu en août 1849 à la tribune du Congrès de la Paix .

Frappé de congestion cérébrale le 27 juin 1878, le poète renonce à écrire et met à jour ses notes et ses écrits résiduels dont la publication se poursuivra jusqu'en 1902.

Le jour de ses 80 ans, Victor Hugo a la surprise de voir les Parisiens joncher de fleurs la portion de l'avenue d'Eylau où il habite, au n°130. Le même jour, la municipalité donne son nom à cette même voie, ce qui lui permettra de voir son adresse ainsi libellée : « Monsieur Victor Hugo, en son avenue » !

À sa mort, le 22 mai 1885, Victor Hugo bénéficie de funérailles grandioses autant qu'émouvantes. Aux côtés de son contemporain Louis Pasteur, le poète symbolise le triomphe de la République et la plus grande gloire de la culture française.