lundi 23 mars 2020

LUNDI 23 MARS

AUJOURD'HUI NOUS FÊTONS: Victorien, Turibio, Edmond, Annonciade, Rebecca.

Les Victoriens ont tendance à se prendre pour le nombril du monde, croyant savoir tout sur tout et estimant souvent leur choix comme étant le meilleur. En affaires, ils sont intraitables, ce qui leur joue parfois de mauvais tours. Très peu sentimentaux, ils se retrouvent généralement seuls et s'en prennent souvent à la terre entière, comme bien évidemment seule responsable. 

DICTON DU JOUR: S'il pleut à la Saint-Victorien, tu peux compter sur du bon foin.

CITATION DU JOUR:  Que chacun s'exerce dans l'art qu'il connaît.
Cicéron.


IMAGE DU JOUR:


CA S'EST PASSE UN 23 MARS:

Mort de Stendhal

23 janvier 1783 à Grenoble - 23 mars 1842 à Paris
Biographie  Stendhal
Élève brillant, Henri Beyle, futur Stendhal, est éduqué par son grand-père, le médecin Gagnon, dans l'admiration des Lumières et des idées philosophiques du XVIIIe siècle.
Renonçant à Polytechnique, il suit l'armée du Premier Consul Bonaparte en Italie, en 1800, et tombe sous le charme de Milan et des belles Italiennes. Il s'engage comme soldat et démissionne de l'armée au bout de deux ans.
Sous la Restauration, en 1817, sous le pseudonyme de Stendhal (d'après le nom d'une ville allemande, Stendal), il accède enfin à la notoriété littéraire avec Rome, Naples et Florence. Cet ouvrage fait de lui le précurseur des touristes contemporains.
Amoureux passionné, parleur charmant, ami des plus grands auteurs de son temps (Hugo,...), Stendhal éprouve toutefois de la difficulté à se faire reconnaître comme écrivain. Mais qu'importe : « J'écris pour des amis inconnus, une poignée d'élus qui me ressemblent, les happy few » (Vie de Henry Brulard).
En 1829, il accède à la célébrité avec Le Rouge et le Noir, et dix ans plus tard, publie La Chartreuse de Parme, qu'il a écrit en trois semaines seulement.
Nommé consul en Italie, il meurt d'apoplexie le 23 mars 1842 à Paris, au cours d'un congé, laissant inachevés ses romans Lucien Leuwen et Lamiel.


L'ERE DES MONSTRES

L’ère des monstres



Chroniques enfermées, jour 4. Le Covid-19 est un monstre, dans tous les sens du terme. Parce qu’il terrifie et tue, mais aussi et surtout parce qu’il « montre », « désigne », « avertit » (du latin monstrare et monstrum). Il désigne et accable… les véritables monstres. Parce que le monstre là-dedans, ça n'est pas le virus. 
Vieux-Nice, « Squat » de la Condamine.
Les rues sont vides et, au dehors, comme dans les contes pour enfants, il n’y a plus que les monstres qui rôdent… mais ce ne sont pas forcément ceux auxquels on pense. Parce qu’aujourd’hui, il ne sera pas question de monstres gentils.
De retour de jogging, à nouveau. Folle ambiance. Depuis hier, des drones circulent au-dessus de la ville en clamant à 100 décibels : « Rappel des consignes relatives à l’épidémie de Covid-19 : tous les déplacements hors du domicile sont interdits sauf dérogation » ; « Veuillez respecter une distance de sécurité d’au moins un mètre entre chaque personne ». De son confinement notre maire, Christian Estrosi, lui-même testé positif au Coronavirus, annonce le durcissement des mesures. Un couvre-feu, dit-il, doit être instauré. Les promenades des Anglais est fermée depuis ce matin.
Notre maire nous sermonne. Celui-là même qui, durant sa campagne pour les municipales, a visité des écoles, des crèches, des maisons de retraite. Tenu des épaules, pris des photos de groupe, serré des mains. Sur des photographies, on le voit tendrement penché sur de vieilles personnes, assises dans leur fauteuil. Et, quelques jours avant d’être diagnostiqué, il avait assisté en grande pompe, et en foule compacte, à… une messe solennelle pour les victimes du Covid-19, alors que les rassemblements étaient d’ores et déjà interdits (la laïcité, elle, est a priori en application dans notre pays depuis 1905). Ce type nous sermonne, je le regarde nous sermonner, et je me dis : il est monstrueux.

Je ne serai ni le premier, ni le dernier à l’écrire (et je renvoie à l’excellent papier de Lordon), mais le virus nous révèle à quel point nous avons été si longtemps livrés à des monstres. Sur le mode de la science-fiction, en forçant à se terrer les gens de bonne volonté, désireux de ne pas participer au mal, et en laissant à l’air libre et à pleine voix les monstruosités satisfaites que ce système à bout de souffle a porté aux plus hautes responsabilités, le Covid-19 nous jette à la gueule la réalité crue de notre monde.
Comme dans H.G. Wells. Dans les sous-sols, un peuple confus et perdu, qui cherche un chemin au milieu de la démence. En haut : des monstres.
Monstres : un président je-pite-rien et un gouvernement d’incompétents irresponsables qui a laissé advenir le pire et aujourd’hui ne sait plus quoi faire pour masquer sa pathétique indigence. Les pitoyables aveux de Buzyn –à qui on conseille de trouver un lieu de confinement extrêmement loin de toute forme de vie consciente, tant même une palourde un peu instruite saura la ramener à sa honte- en témoignent. Monstres. Ils savaient. Et, en toute conscience, ont laissé les choses pourrir. Ont attendu le dernier moment. Sans à aucun moment nous informer de l’inévitable désastre en cours, nous laissant baigner dans une mortelle insouciance. Monstres, ceux qui ont démoli les hôpitaux et les hospitaliers, et aujourd’hui ont l’audace, sans s’être confondus en plates excuses, de les acclamer en héros. Monstre, Pénicaud, qui s’exclame sans rougir ou fondre jusqu’aux égouts : « Quand un syndicat patronal dit aux entreprises « Arrêtez d'aller bosser », ça, c'est du défaitisme. On a besoin de tout le monde sur le pont, bien sûr avec des précautions. Il y a des solutions ». Défaitisme. Comme en 14. Douze balles dans la peau ? Monstres.
Monstres : les flics, cette horde bleue qui, comme heureux de cette aubaine, de trop nombreuses vidéos en témoignent, profitent de la couche d’impunité supplémentaire que leur accorde l’urgence sanitaire –comme si celle qui leur avait été accordé pendant les Gilets jaunes n’était pas suffisante- pour brutaliser dans les quartiers populaires. Une vidéo : une dame Noire hurle, plaquée au sol par trois policiers masqués. Une autre vidéo : un jeune type en survet’ présente paisiblement ses papiers à un groupe de cinq policiers, quand –bim ! Il se prend un coup de pied à l’entrejambe. Monstres, ces flics qui, à Lyon, verbalisent les sans-abris. Qui virent les toxs de la rue. Et ça, tandis que les monstrueux bourgeois se promènent au calme, dans les beaux quartiers. Monstres.
Monstres, ces grandes entreprises, ces grands patrons, ces grands actionnaires bouffeurs de sang qui se foutent de la vie de leurs salariés et ne souhaitent que voir leurs tristes boutiques d’esclavagistes continuer à tourner, qui veulent continuer à vendre leur bouillie et qui forcent les prolos à aller à la chaîne, à l’établi, à la caisse, sans masques, sans gants, sans « merci » ni « merde » parce qu’après tout on s’en fout, la fin du monde est proche mais il y a encore deux trois caillasses à se faire, et on pressurera le salariat jusqu’à ce qu’il en crève. Amazon, UberEat, Deliveroo, etc. : tous des monstres.
Petits monstres également, nos concitoyens, plus cons que citoyens d’ailleurs, qui, tandis que les blaireaux comme nous demeurent confinés dans leur terrier, ne sortant que pour courir ou pour les achats, sans entrer en contact avec qui que ce soit, ces cons donc qui font égoïstement leur vie, pépouzes, sans se soucier d’être le vecteur d’un virus qui s’en prend aux plus faibles. Les mêmes sans doute qui ont connement pillés le PQ des magasins –on le leur fera bouffer. D'accord, nous avons été massivement désinformés -par le gouvernement lui-même, qui a minimisé la situation trop longtemps (1). Mais maintenant ? Beaucoup de mes potes (et moi aussi désormais) font des tournées dans le cadre d’un travail social, par exemple auprès des SDF. Ils font attention à ce qu’ils touchent, et comment ils le touchent. Portent des masques avec lesquels ils respirent mal. Se bousillent les mains au gel hydroalcoolique… et croisent des gens qui se claquent la bise, se serrent les paluches, se rassemblent tranquillement pour discuter, sans respecter les distances. Or, comme me l’a dit une de ces potes, Céline : « Je pense que le confinement et toutes autres mesures qui y sont liées ne doivent pas être abordés au travers du prisme de la liberté, mais de la sécurité sanitaire qui prime. Ne dit-on pas que la liberté des uns s'arrête là où commence la préservation de la santé des autres ? ». Et elle a bien raison. A cause de ces gens, on va devoir se taper toujours plus de répression. Toujours plus d’interdits. Toujours plus de flics. Et pour plus longtemps. Merci petits monstres de rien du tout, pour l’aide que vous apportez aux grands monstres.
Tous des monstres. Et toujours aux même de payer les pots cassés –d’autant plus quand les pots, c’est nous. Avec tous ses monstres, ceux qui ont rendu ce merdier possible, détruit les écosystèmes, ruiné la planète, bâtit un monde économique et social totalement et définitivement dysfonctionnel, il n'y aura jamais aucune union sacrée ou que sais-je, aucune trêve. Ni oubli, ni pardon. 

J’arrête là, je m’énerve. Et je sais, ou j’essaye de me convaincre, que ces monstres ont aussi de la famille, des enfants, des proches, des gens qu’ils aiment. Qu’ils ont beau avoir un billet en classe affaire, ils sont néanmoins dans le même bateau.
N’empêche : quand sera venu le temps de sortir de nos terriers, nous les gentils blaireaux, il va tout de même falloir que nous allions demander des comptes.
Et que nous allions très gentiment expliquer aux monstres que leur ère est terminée. Parce que, comme dans tous les contes pour enfants : les monstres doivent être toujours soit amadoués, soit vaincus.
Le Covid-19, comme les autres. Les virus en costard contre lesquels il n'y a qu'un vaccin : le cocktail révolution-autogestion-écologie sociale-démocratie directe.
Salutations confinées,
Macko Dràgàn