samedi 19 février 2022

DE CHEVENEMENT A ZEMMOUR

 


De Chevènement en 2002 à Zemmour en 2022, itinéraire d’un souverainiste venu de l’autre rive

Olivier Jouis




Une tribune libre d’Olivier Jouis, ancien responsable des jeunes avec Chevènement 2002, Colonel (réserve) de l’Armée de l’Air, Coordinateur « Reconquête! » pour les Français de l’étranger.


Il y a 20 ans précisément, en 2002, des souverainistes de droite comme de gauche, républicains et patriotes des deux rives, aux parcours et aux familles politiques différents, choisirent de soutenir Jean-Pierre Chevènement dans sa campagne pour l’élection présidentielle. 

Le miraculé de la République

J’ai eu le bonheur et le privilège d’être l’un d’entre eux en assurant, de septembre 2001, jusqu’à avril 2002, la mission ingrate mais passionnante de mobiliser la jeunesse. Un talentueux journaliste politique du Figaro, qui suivait la campagne d’alors, avait relevé la gageure, dans un article caustique sur ces jeunes idéalistes ambitieux au sein d’un aréopage de vieux briscards. D’anciens ministres de De Gaulle, d’ex-ministres communistes de Mitterrand, d’anciens trotskystes y côtoyaient des royalistes ; un vénérable grand maître du Grand Orient y devisait courtoisement avec un ancien d’Occident, tous farouchement convaincus des capacités du Che à chambouler le système et se qualifier pour le second tour. A l’automne 2001, un sondage plaçait le “miraculé de la République” (il avait échappé quelques mois auparavant à un long coma consécutif à une intervention chirurgicale bénigne) à 15% des intentions de vote et Le Point titrait sur la divine surprise de l’émergence du troisième homme de cette élection, arbitre et faiseur de roi potentiel. Il fallait en être et, aujourd’hui encore, certains brandissent comme un fait d’armes, leur appartenance supposée à la parenthèse enchantée de la cité Paradis, le siège de cette campagne trépidante et enivrante : Emmanuel, alors étudiant à Nanterre, m’a assuré, plus tard, avoir vu de la lumière et y être entré par curiosité intellectuelle mais je ne me souviens pas d’y avoir croisé Florian.

Au final, Chevènement, s’il ne réussit à convaincre que 5% des électeurs, fit néanmoins preuve de “vista”. Il avait vu juste sur le communautarisme, sur les dégâts de la mondialisation et sur le déclin de notre industrie. Il avait mis dans le mille sur l’Europe de Bruxelles et sur le délitement de l’École. Estimé à droite mais voué aux gémonies par la gauche (qui préféra lui attribuer la responsabilité de l’échec de Lionel Jospin plutôt que de pratiquer l’introspection), Jean-Pierre Chevènement perdra ses mandats de député et de maire de Belfort mais accèdera au statut de sage au Sénat et d’oracle du paysage politique français, sur la deuxième partie de sa riche carrière politique. 

La nation fragilisée

20 ans plus tard, c’est malheureusement le déclassement, annoncé, qui menace cette fois très concrètement la France : son influence internationale est contestée, ses emplois industriels ont déserté tandis que le socle de la nation est fragilisé par la sécession de certains territoires, la trahison et la cécité des élites et des choix politiques erratiques.

L’élection présidentielle de 2022 ne ressemble pas à celle de 2002. Ce ne sera pas une élection présidentielle comme les autres car elle en appelle à notre responsabilité vis-à-vis des générations futures, si nous voulons que la France ne soit pas reléguée et effacée de l’Histoire. Pas question d’effacer l’historique de la patrie des Belles Lettres, de l’amour courtois et des Arts, de l’art de vivre, et surtout, de l’art de penser librement.

Il y a toujours eu des patriotes sur les deux rives de la République, capables de se dépasser pour leur pays. En juin 1940, à Londres, ils sauvèrent l’honneur de la France. Puis, ils furent les architectes du Conseil National de la Résistance. En 2002, nous étions minoritaires. Après l’élection, la gauche excommunia ceux issus de ses rangs tandis qu’à droite, “chacun retourna dans sa chacunière” comme l’avait prédit alors Philippe de Villiers. Mais, aujourd’hui, après 20 ans de purgatoire, nos idées sont devenues majoritaires chez les Français.

Les partisans de Montebourg orphelins

La candidature d’Arnaud Montebourg, jusqu’à son retrait fin novembre, fut de la même veine car il défendait aussi la France à sa manière, contre les vents dominants et il est en cela respectable. Mais il demeura néanmoins prisonnier de son appareil. Dès que Montebourg a commencé à susurrer le mot immigration, à l’automne 2021, alors ses “amis” de gauche l’ont étrillé et ont plombé sa candidature jusqu’à son retrait de la course à l’Élysée. Brillant mais pusillanime, le chantre de la Remontada est retourné s’occuper de ses abeilles, plantant en rase campagne ses sympathisants devenus orphelins. 

A moins de deux mois du premier tour, il faut avoir le courage, l’honnêteté et la lucidité de le reconnaître : il n’y a qu’un seul candidat qui mette les vrais problèmes sur la table et qui propose les seules solutions qui s’imposent. La France doit reprendre le contrôle de sa politique étrangère et son autonomie vis-à-vis de l’OTAN. Elle doit pouvoir décider seule de sa politique migratoire et de sa politique industrielle, en affirmant que l’Europe n’est qu’un moyen et qu’elle n’est en aucun cas un but en soi. Enfin, la France doit rester et redevenir elle-même, en étant fière de son héritage et de son histoire.

La candidature d’Éric Zemmour, avec son style sans gants et son pragmatisme qui décoiffe, ne relève pas de la simple posture. Il y a urgence et il n’y a pas de temps à perdre en génuflexions oratoires inutiles, malgré les attaques aussi grotesques qu’injustes de nos adversaires. Il n’est pas entré en campagne pour témoigner, le temps d’un selfie. Je suis convaincu qu’il sera qualifié pour le second tour et avec lui, nous avons une opportunité crédible et unique de faire arriver nos idées au pouvoir. Je lui apporte donc mon soutien sans hésitation pour l’aider à devenir notre prochain président de la République.




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