mardi 21 décembre 2021

TANGUY: DIFFICULTE D'ÊTRE NOIR, ET DE DROITE

 


Les souffrances du jeune Tanguy


De la difficulté d’être noir, et de droite
Esteban Maillot



Tanguy David présente deux malédictions dont l’alliage ne fait pas bon ménage. Il a le malheur d’être noir et d’être un fervent soutien d’Éric Zemmour, candidat à la présidence de la République française.

Cet étudiant en droit de dix-huit ans, responsable départemental (Calvados) de « Génération Z », est actuellement la cible d’une quantité affolante de messages injurieux sur les réseaux sociaux – plus de 15 000 – saupoudrés de racisme décomplexé, voire de menaces de décapitation. Son crime ? Apparaître notoirement aux côtés d’Éric Zemmour, depuis la venue de ce dernier au Zénith de Nantes (durant laquelle les chevaliers du progrès ont bien montré leur pacifisme, voir notre image ci-dessous), tout en étant une personne noire.





Depuis le rassemblement inaugural de Villepinte surtout, il doit affronter la lie de la sauvagerie racailleuse, laquelle jouit d’une large tribune au prétoire des réseaux sociaux, merveilleux et putrides vecteurs du dégueulis des malveillants. Ceux qui le clouent au pilori et le recouvrent des plus infâmes quolibets, menaces et sentences racistes sont pour certains de beaux représentants de l’inculture moderne, qui ne retiennent que le chemin du fast-food et la dernière insulte du dernier rappeur, et d’autres, politisés, sont goinfrés jusqu’à saturation de vulgates antiracistes, qui leur ont fait oublier ce qu’est le vrai racisme, a fortiori quand ils le commettent. Revenons sur les fondamentaux.

Retour sémantique sur le concept de «racisme»

Le racisme, stricto sensu, désigne le fait de se baser sur l’existence postulée de races différentes au sein de l’espèce humaine, et de déterminer des ipséités propres à chacune d’entre elles aux fins d’y établir une hiérarchie, fondée sur la physiognomonie et des critères censément «scientifiques». Le fait de trouver chez un individu le fondement de prédispositions psychologiques, physiques et mentales, dans l’appartenance à une prétendue race est, authentiquement, du racisme. Le cas, insupportable, qui se présente à nous, en est une hideuse illustration.

Seulement, le tortionnaire n’est pas ici un mâle, blanc, cisgenre, carniste, supra-quinquagénaire, loin de là. Le tortionnaire est en réalité une foule imperceptible, une bande d’inconnus, des hurleurs numériques, des sycophantes.

Ce sont les produits finis et les bovidés de quinze ans d’abreuvement à la fontaine des réseaux sociaux, des avatars sans visage, dont la haine est la matrice, la blessure la finalité, et l’abrutissement la cause.

La prétendue incompatibilité essentielle entre convictions patriotes, et couleur de peau

Ceci posé, nous pouvons retourner vers Tanguy David, à qui l’on balance comme une contradiction, intrinsèquement raciste, le fait d’être noir et engagé auprès d’Éric Zemmour. Qu’est-ce donc que cela ? Qu’est-ce donc que ce vomi, émanant des entrailles d’esprits corrompus par le wokistalinisme, la vision ultra-sociologisante de la réalité, et un marxisme mal digéré ? Cela signifie, pour ces gens qu’aucun autre qualificatif que « raciste » permet de décrire, que la couleur de peau de Monsieur David constitue un obstacle irrésistible, l’empêchant d’aimer la France, et de soutenir le candidat de « Reconquête ». Que font les associations, ici silencieuses, et ailleurs si bavardes ? Pas grand-chose. C’est écœurant, propre à rendre fou, et particulièrement l’auteur de cet article, lui aussi étudiant en droit, et qui sait ce que subissent les personnes de couleur, qui ont la curieuse audace d’être patriotes. S’ils viennent des quartiers, ils ne peuvent pas réclamer l’ordre, sous peine d’être traités de «collabos», s’ils sont arabo-musulmans, ils ne peuvent pas défendre la tradition et l’histoire chrétienne de la France, sous peine d’être traités de «traîtres», et les exemples sont multiples. La seule différence entre eux et leurs détracteurs, ou plutôt, leurs bourreaux, c’est la culture. C’est tout. Car il faut être ignare pour prétendre que les races existent, il faut être obscurantiste pour croire que la mélanine détermine la personne que nous sommes et les engagements que nous prendrons. Enfin, il faut être d’une indicible primitivité pour proférer autant d’imprécations envers un être, au seul motif de sa «race», et de ses convictions.

Le fond et la forme : racisme éhonté et impéritie linguistique

«La forme, c’est le fond qui remonte à la surface» écrivait Victor Hugo. La forme des messages abjects que Tanguy David reçoit est aisément résumable : c’est le langage belliqueux de personnes connaissant mal le français, qui ne connaissent ni une once de vérité historique, ni un élément de science politique ou de philosophie véritables.

D’ailleurs cela n’a rien d’inattendu ni de remarquable. Qui jette son regard dans cette déchetterie qu’est l’Internet verra et comprendra que pour qu’il y ait des détritus, il faut des déversoirs… Funèbre florilège : «ce negro fou quoi ici» ; «renoi y a un pb» ; «nègre de maison» ; «vendu» ; «wallah on va te décapiter» ; «fau negro» ; «nique ta race» et autres contumélies incomparablement racistes, souvent prodiguées par des personnes de couleur, parfois par des partisans des indigénistes et autres «combats» don quichottiens actuels. Il est tout de même croquignolesque de voir se dérouler, sous nos yeux, ce tapis fangeux montrant la Sainte Alliance nouée entre les inqualifiables cafards des réseaux sociaux, inconnus et militants, ayant pour symbole commun la maltraitance orthographique et le langage scélérat. Pourtant, à bien y regarder, l’on découvre que ce récit s’inscrit dans un continuum d’exemples, qui achèvent de montrer que l’antiracisme est, quand cela lui prend, effroyablement raciste. «Genres, races, classes», nous y revenons comme par éternel retour !

Accoutumés à manier avec allégresse cette phraséologie intersectionnelle et victimaire, ces progressistes et gens des réseaux ne parviennent plus à se figurer le moment où ce sont eux qui endossent le rôle de bourreaux et d’oppresseurs. Pourtant ce sont eux qui indignent, eux qui menacent de mort, incitent à la haine, injurient, discriminent et rendent la vie insupportable.

L’affrontement de deux jeunesses

C’est bien deux mondes qui s’affrontent dans cette arène navrante, deux jeunesses irréconciliables.

Il y a d’une part une jeunesse cultivée, incrédule face aux vulgates progressistes, qui s’élève tandis que tout son environnement socio-culturel la conduit vers l’abaissement. Tanguy David en fait partie. C’est un étudiant passionné et soucieux de sa réussite, en quête d’espoir, désenchanté dans un monde qui ne chante plus. Il a le malheur d’être bien élevé, de bien présenter, de s’exprimer dans un français impeccable. Il aime la France, c’en est assez pour être jugé «extrême» et pour perdre des amis. Qu’il se rassure, ceux qui l’affublent de cet adverbe spécieux ne sont pas une perte. L’autre jeunesse, il est inutile de la décrire, elle est l’argument le plus puissant pour tout décliniste souhaitant prouver la décadence…


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