mercredi 3 février 2021

LE VIRUS ET LA MORT DES REPUTATIONS

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Polémiques

Le virus et la mort des réputations

Nicolas BEYTOUT

Nicolas Beytout

C’est dans l’adversité que se révèlent les tempéraments. La crise sanitaire qui dure depuis bientôt un an nous en donne un nouvel exemple chaque jour. Dernier en date : le stress provoqué par la pénurie de vaccins et l’impossibilité pour certains laboratoires pharmaceutiques de livrer les doses promises. Face à ce grave contretemps, la Commission européenne a perdu les pédales, preuve que, à la différence d’un véritable exécutif, elle n’est décidément pas capable de gérer les urgences, ni de faire de la politique.

Mais ce revers est peu de chose comparé à l’incroyable succession de ratés accumulée par les laboratoires pharmaceutiques. Ils devaient être les sauveurs, les messagers des bonnes nouvelles, les porteurs d’espoir ; ils se sont tous retrouvés au cœur de polémiques catastrophiques pour leur image. Il y a ceux qui se sont mis hors course, comme Pasteur, blessé dans sa réputation, ou très en retard comme Sanofi, touché dans sa fierté d’entreprise. Il y a ceux, comme Pfizer, qui ont joué avec le nombre de doses par flacon, cinq ou six, et y ont gagné une réputation d’as du marchandage. Il y a ceux, comme AstraZeneca, qui n’ont pas pu honorer leurs contrats et qui y ont perdu leur crédibilité commerciale. Ou ceux, comme Moderna, qui ont rappelé cette règle simple mais brutale : premier contrat signé, premier marché servi.

S’agissant d’une matière aussi sensible que la santé publique, ces épisodes n’ont pas manqué de faire réagir politiquement. Les labos, déjà mal aimés des opinions publiques, y ont perdu gros. Même le principe des brevets, fondement de cette discipline, a été remis en cause. Yannick Jadot (EELV) a par exemple demandé qu’ils deviennent « un bien public ». Pourvu qu’il ne soit pas entendu : la France, déjà bien mal en point dans ce secteur économique, pourrait dire adieu à son industrie pharmaceutique.

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