dimanche 27 décembre 2020

LES DEUX SAINT JEAN

 

Les Deux Saint Jean : Eté et Hiver



La Saint Jean d'Eté a lieu trois jours après le solstice d'été, soit le 24 juin ; c'est le début du déclin du soleil : les jours diminuent au profit de la nuit, tout comme Jean le Baptiste décroîtra pour laisser croître le Christ : " Moi, je ne suis pas le Christ, mais je suis celui qui a été envoyé devant lui. Celui qui a l'époux est épouse; quant à l'ami de l'époux, il se tient là, il écoute, et la voix de l'époux le comble de joie. Telle est ma joie, elle est parfaite. Il faut qu'il grandisse et que moi, je diminue." ( Jn III, 28-30 ). L'opposition des solstices d'été et d'hiver se retrouve ici dans l'opposition des naissances du Christ et de Jean, et dans leur œuvre respective.

Elle a lieu le 27 décembre. Cette fois-ci, nous fêtons Jean l'évangéliste, auteur de l'Evangile du même nom et de l'Apocalypse. Les deux Jeans, opposés sur le calendrier et opposés dans les phases ascendantes et descendantes du soleil, se retrouvent aussi dans le dieu romain Janus ( Janus = Jean ), le dieu bicéphale que l'on voit dans le calendrier zodiacal de la porte Saint Firmin. Il représente la dualité de l'être, l'homme vieux ( le Baptiste) faisant place à l'homme neuf ( l'Evangéliste ) : l'année ancienne cède place à l'année nouvelle.

C'est une fête solaire : on y célèbre la victoire de lumière sur les ténèbres. La fête de Noël est très proches du solstice d'hiver, jour de la nuit la plus longue, mais surtout jour à partir duquel le jour gagne sur la nuit. C'est une fête que l'on célèbre par des feux, source de vie et de chaleur.

Les celtes célébraient la "Modra Necht" , ou solstice d'hiver, qui donnait lieu à la cueillette du gui suivant un certains rituel : le gui coupé, le druide s'exclame : "O ghel an heu !" : c'est à dire : "le blé lève", phrase qui nous est parvenu sous la forme "Au gui l'an neuf". C'est une fête de la régénération.

Les deux Jean sont donc fêtés en opposition : opposition sur le calendrier mais aussi opposition dans les phases ascendantes et descendantes du soleil : Le Baptiste annonce la lumière : il dit : "Je ne suis pas le Christ, je suis celui qui a été envoyé devant lui. Il faut qu'il grandisse et que moi je diminue". Ainsi la Saint Jean d'été marque-t-elle le jour où le soleil décline et où les jours diminuent pour faire place à des nuits plus longues. La Saint Jean d'hiver marque le passage à l'année nouvelle.

Les deux Jean qui s'opposent, ou mieux les deux Janus, mieux encore : le dieu romain Janus, le bicéphale avec une tête jeune, et une autre vieille, une tournée vers l'an jeune, l'autre vers l'an vieux, l'homme vieux ( le Baptiste ), cédant sa place à l'homme jeune ( l'Evangéliste ), l'avenir et le passé, le passage d'un état à un autre, d'une vision à une autre, d'un univers à l'autre. Il est le dieu des portes, le dieu des transitions et des passages.

Tout passage suppose une porte, un seuil et son gardien. Le gardien du seuil est Janus/Jean : le visage est double : il surveille les entrées comme les sorties. Il est présent sur tous les lieux de passages. Devant nous la double porte solsticiale : la porte des hommes et celles des dieux, donnant accès à deux voies : celles des hommes et celles des dieux, la voie profane et la voie sacrée, la voie de l'initié et celle de l'aveugle. Ouverture et fermeture de la porte expriment le rythme de l'univers, la respiration universelle.

Cette porte est la Porte de l'Occident, car c'est à son seuil que le soleil se couche, que la lumière s'éteint : au delà, les Ténèbres du monde profane. Au dedans, la Lumière du sacré…

Lumière que nous donne les deux luminaires du ciel : le soleil et la lune. Si l'année solaire est de 365 jours, l'année lunaire, elle, n'est que de 353 jours. La lune doit attendre 12 jours le soleil. Si nous regardons le calendrier, nous verrons que 12 jours après Noël est l'épiphanie et 12 jours avant Noël, la Sainte Lucie. L ucie, dont le nom vient du latin lux, la lumière…. Au premier siècle du Christianisme, la veille de l'Epiphanie donnait lieu à une retraite au flambeau où l'on bénissait sources et fontaines. Ainsi , l'Eau et la Terre doivent s'unir au Feu pour que renaissent les forces de la nature…. La coutume veut qu'en ce jour on se partageât une galette ornée de 12 raies symbolisant le zodiaque, faites en pâte feuilletée ( le livre muet, mutus liber, selon Eugène Canseliet ) et contenant la fève ( le souffre emprisonné dans la matière ). Lorsqu'on distribuait les morceaux de galettes, on demandait à un enfant pour qui le prochain morceau, et on distribuait à la personne désignée. Pour cela on disait une petite phrase. Mais laquelle ? Pour certains, c'était Fabae Domine, la fève à Dieu, pour d'autres Phoebe Domine, le Soleil-Roi.

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