jeudi 29 octobre 2020

LE PRESIDENT ET LE PARI DU " NOUVEAU CONFINEMENT"

 

Edito libre

Coronavirus

Le Président et le pari du «nouveau confinement»

Par Remi GODEAU
Rémi Godeau

De nouveau, un cadre solennel. Mais au ton grave a succédé le débit de l’efficacité. A l’émotion et à la justification, la démonstration didactique imposée par la terrible réalité. Pour imposer un « coup de frein brutal » à la pandémie, Emmanuel Macron a renoué mercredi soir avec le registre jupitérien des jours les plus noirs. Deux semaines à peine après avoir déclaré le couvre-feu, et même si partout en Europe le tocsin sonne, il fallait démontrer sans aspérités lexicales qu’il n’avait pas perdu le contrôle, ni sur le virus, ni sur son quinquennat quand les hôpitaux redoutaient un carnage.

Lui qui devait déléguer l’intendance à son Premier ministre se retrouve au front. Il dit : « Nous devons tenir ». Lui qui assurait tout faire pour éviter un reconfinement général – qualifié mi-octobre encore de « disproportionné » – se voit contraint de justifier, en protecteur assumé, une mise au ralenti de l’économie pour au moins quatre semaines, ressuscitant le « quoi qu’il en coûte ». Lui qui prétendait préparer le retour des jours heureux ne peut plus donner de réelles perspectives autre que « nous devons tenir, chacun à notre place ».

Devenu esclave des horloges (« chaque heure compte »), le chef de l’Etat devait démontrer qu’il ne courait pas après un virus qui, malgré tout, menace son autorité, sa cohérence, sa crédibilité. Exercice périlleux. A des Français suspicieux sur le bien-fondé d’injonctions trop contradictoires, de protocoles trop complexes et de restrictions trop désordonnées, il a voulu expliquer qu’il n’y avait pas d’alternative. Sans mea culpa ni culpabilisation, il a cherché à persuader que ce « nouveau confinement » serait moins nuisible que le premier grâce à un « juste équilibre » entre santé et économie. Sévère sur sa gestion de la crise, la population suivra ce pari de l’efficacité si elle ne le considère pas comme un retour en arrière en forme d’échec.


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