dimanche 14 juin 2020

L'AFFAIRE ADAMA TRAORE INSTRUMENTALISEE ET MANIFESTATIONS DES POLICIERS




Comment l’affaire Adama Traoré est-elle instrumentalisée ?
L’opinion de Nicolas Beytout 

La famille Traoré et le comité «La vérité pour Adama» appellent à de nouvelles manifestations demain.

Et c’est peu dire qu’elles seront scrutées de près. Emmanuel Macron, en particulier, devra en tenir compte dans la préparation de sa déclaration à la Nation, dimanche soir.
Ce sera la première fois qu’il s’exprime sur le sujet en public.
Il s’était jusqu’ici seulement exprimé à huis clos. Comme tous, le chef de l’État a vu que le mouvement, pourtant vieux de quatre ans, avait été relancé par les conditions de la mort atroce de George Floyd aux États-Unis. Et même si les situations, les pays et les circonstances n’ont rien à voir, le piège est là. Ou plutôt, les pièges sont là. Le premier, ce serait de ne pas comprendre que c’est un mouvement de jeunes. Emmanuel Macron a conscience qu’il leur a beaucoup demandé (être privés de liberté, arriver sur un marché du travail dévasté et se retrouver face à une montagne de dettes, tout ça pour sauver des vieux, comme le dit crûment un de ses proches). Alors, ne pas comprendre qu’ils peuvent adopter cette cause en masse, comme ils ont adopté celle de la planète, ce serait de l’aveuglement. Prudence, donc.
Mais il y a plusieurs pièges ?
Le sujet des forces de l’ordre, par exemple. Elles sont à cran et se retrouvent trop souvent dans la position du coupable. C’est à lui, Président, de rétablir la réalité et de rappeler que ce sont souvent, eux, policiers, gendarmes, pompiers, la cible de la violence. Ils doivent être exemplaires, certes, mais attention à ne pas inverser les rôles. Et puis il y a le piège le plus redoutable : celui qui est armé par ceux qui se servent de la race dans un but politique.
Ceux qui veulent déboulonner les statues ?
Entre autres, oui. En fait, c’est un mouvement qui se répand progressivement et insidieusement. Son objectif est d’inverser la charge de la preuve. Obliger les Blancs à se justifier de l’être. Ou au moins à s’excuser de ce que les minorités ont vécu ou vivent. Il y a les tentatives light : celles qui consistent à réécrire l’histoire, à en faire sortir ceux qui (selon les critères d’aujourd’hui) ont eu dans un lointain passé une attitude raciste. À ce compte-là, Colbert et son Code noir, Churchill, le roi Léoplold II en Belgique, sont coupables. Et puis il y a plus grave, ceux qui veulent fracturer la société, en exacerbant le communautarisme jusqu’à la sécession, une escalade qui peut mener à l’affrontement entre groupes.
Comment est-ce que le chef de l’État peut traiter cette menace ?
C’est difficile parce que c’est un sujet qui puise son carburant dans l’histoire coloniale française, et dans la guerre d’Algérie. L’Élysée sait que le sujet n’a jamais été traité, qu’il nécessite un travail de conviction et d’histoire considérable. Il sait aussi que ça prendra du temps. Mais que dans ces affaires largement instrumentalisées, comme l’affaire Traoré, ce temps n’existe pas.

C’est difficile parce que c’est un sujet qui puise son carburant dans l’histoire coloniale française, et dans la guerre d’Algérie. L’Élysée sait que le sujet n’a jamais été traité, qu’il nécessite un travail de conviction et d’histoire considérable. Il sait aussi que ça prendra du temps. Mais que dans ces affaires largement instrumentalisées, comme l’affaire Traoré, ce temps n’existe pas.



Manifestation nocturne de policiers devant l'Arc de Triomphe

Par Le Figaro avec AFP
 Cette manifestation surprise s'est déroulée à l'issue d'une nouvelle journée de manifestations contre les «violences policières» et la veille d'une allocution d'Emmanuel Macron
Plusieurs dizaines de policiers se sont réunis samedi soir 13 juin autour de minuit devant l'Arc de Triomphe avec voitures et gyrophares pour manifester une nouvelle fois leur mécontentement après les annonces de Christophe Castaner.
Cette manifestation surprise, à l'appel de la Bac de nuit de Paris, selon un des participants, et pendant laquelle les policiers ont entonné la Marseillaise et jeté à terre des menottes, se déroulait à l'issue d'une nouvelle journée de manifestations contre les «violences policières» et la veille d'une allocution du président Emmanuel Macron.
«Nous attendions du ministre un geste de soutien et on a l'impression qu'il lâche les forces de l'ordre», a expliqué à la presse un policier manifestant en tenue. «Mes collègues se sont sentis lâchés, abandonnés par leur ministre de tutelle», a renchérir auprès de Brut Yoann Maras, délégué syndical Alliance qui était sur place.
Vendredi, ce sont les syndicats de police qui ont descendu les Champs-Elysées pour exprimer leur colère et réclamer d'être reçus par Emmanuel Macron. «Si le Président de la République ne réaffirme pas un soutien plein et entier à la police nationale (...), il va falloir s'attendre à ce que le mouvement prenne de l'ampleur avec des actions et manifestations de policiers», selon Yoann Maras.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, a reçu vendredi les syndicats policiers très remontés depuis ses annonces lundi, notamment sur la fin de l'utilisation de la technique d'interpellation dite «d'étranglement».
Devant les syndicalistes, Christophe Castaner avait reconnu en outre «une connerie», «une maladresse» de langage quand il a annoncé lundi la suspension de tout fonctionnaire en cas de «soupçon avéré» de racisme selon les syndicalistes. «Il y a une cassure créée par le ministre de l'Intérieur, il va devoir regagner la confiance de sa police. Cela va devoir passer par des discours forts et des garanties mais changer de ministre de l'Intérieur, si on reste sur la même doctrine, ça ne fera pas avancer le débat», a dit Yoann Maras.
Samedi, des milliers de personnes ont manifesté en France contre les violences policières.


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