mercredi 6 mai 2020

LE SNJ SAISIT LE CONSEIL D'ETAT


Face à la page "Désintox Coronavirus" du gouvernement, le SNJ saisit le Conseil d'État 
Le Syndicat national des journalistes dénonce notamment une "atteinte à la liberté de la presse".


C'est une initiative qui passe mal : le Syndicat national des journalistes (SNJ) a annoncé lundi saisir le Conseil d'État pour "atteinte à la liberté de la presse", contre la page web du gouvernement "Désinfox Coronavirus".

"Ce n'est pas au gouvernement d'être 'l'organe certificateur des médias'", souligne le communiqué, rappelant que ce dispositif a fait l'objet "d'une condamnation quasi unanime de la profession".

"Sélection"

Lancée le 30 avril dernier par le gouvernement, la rubrique "Désinfox Coronavirus" est censée regrouper les informations luttant contre la "propagation des fake news" en ce temps de crise sanitaire. 
"Plus que jamais, il est nécessaire de se fier à des sources d'information sûres et vérifiées. C'est pourquoi le site du gouvernement propose désormais un espace dédié", indiquait alors la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye dans un tweet.
Le problème ? L'espace en question ne propose qu'une sélection d'articles du Monde, de l'AFP, de franceinfo, de Libération ou encore de 20 Minutes, sans aucune hiérarchie ni explications. Un dispositif condamnable, selon le SNJ, qui indique avoir demandé au juge d'enjoindre le Premier ministre à supprimer cette page, et à "faire cesser immédiatement l'atteinte grave et manifestement illégale portée aux principes de pluralisme dans l'expression des opinions et de neutralité des autorités publiques". 

"Tollé"

Dès sa publication, cette page a provoqué un tollé dans le monde de la presse. "Il va de soi que nous aurions refusé ce type de démarche", indiquait ainsi le 1er mai dernier, dans un tweet, le directeur de la publication du Monde Luc Bronner. 
"Depuis des mois, Libération, la cellule enquête de Radio France, Mediapart, Le Monde, et bien d'autres, publient des enquêtes qui ne seront jamais reprises sur le site officiel du gouvernement parce que gênantes pour l'exécutif", était-il ajouté. 
"Ces papiers diffusés sur nos différents médias se sont retrouvés utilisés, instrumentalisés, sur une plate-forme qui s'appelle Gouvernement.fr", abonde Vincent Giret, directeur de franceinfo.fr, dans un article du Mondepublié quelques jours plus tard. 
Dans une tribune publiée dimanche sur le site de Marianne, plus d'une trentaine de Sociétés des journalistes et des rédacteurs ont même dénoncé "avec la plus grande fermeté" la création de cette rubrique. "En distinguant tel ou tel article sur son site, le gouvernement donne l'impression, dans un mélange des genres délétère, de labelliser la production de certains médias", déclarent-ils. "Les SDJ et SDR signataires du présent texte demandent donc que cette rubrique du site www.gouvernement.fr soit supprimée sans délai", est-il ajouté.

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