dimanche 3 mai 2020

ALBERT CALMETTE ET LE BGC

Extrait de Nice matin
Il y a 100 ans, le Niçois Albert Calmette trouvait le BCG, un vaccin qui pourrait être une piste pour lutter contre le Covid-19

PAR André Peyregne 

Albert Calmette mit au point en 1921, le vaccin contre la tuberculose, qui pourrait être réutilisé dans les recherches actuelles sur le vaccin contre le coronavirus. 

Un vaccin ne se crée pas en quelques semaines. Pas même en quelques mois. Le Niçois Calmette a mis… vingt ans pour mettre au point le sien contre la tuberculose.
Il commença en 1900, encouragé par le grand Louis Pasteur en personne. Il avait 37 ans.


Albert Calmette était né à Nice le 12 juillet 1863… au son du canon. En effet, à l’instant même où, à quinze heures, il vint au monde, des tirs célébraient… une victoire de l’armée française dans la conquête du Mexique. Curieuse rencontre avec l’Histoire!
Son père, Guillaume, était chef de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes. Albert avait deux frères aînés –dont Gaston qui deviendrait un jour directeur du Figaro et serait assassiné par la veuve du ministre Caillaux.
Albert perdit sa mère à 2 ans. Il fut élevé par la nouvelle épouse de son père, Marie, qu’il appela sa "petite mère". Ils habitaient dans un appartement de fonction de l’ancienne préfecture de Nice où une plaque signale aujourd’hui leur présence. Marie assura l’instruction d’Albert jusqu’à ce qu’il aille au collège.
La famille quitta Nice pour Bordeaux lorsqu’il eut 6 ans. Il ne retrouva notre région qu’en 1883, après avoir fait l’école navale de Brest, pour s’embarquer à Toulon vers le Tonkin.
Après quinze années passées en Asie et en Afrique, retour en France.

Jules Verne, son auteur favori

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C’est alors qu’il lance ses travaux sur la tuberculose. Avec son complice le vétérinaire Camille Guérin, il teste ses recherches sur des animaux. Il prépare des décoctions de bacilles aux jaunes d’œuf, il chauffe du venin de cobra mêlé à du sérum de cheval.

La presse le caricature en le dessinant environné de serpents, comme un savant issu d’un roman de Jules Verne. Cette comparaison ne peut lui faire plus plaisir! C’est son auteur favori. Il le découvrit à Nice lorsque sa "petite mère" l’amenait à la célèbre librairie Visconti, sous les terrasses du cours Saleya, près de la préfecture, et qu’ils achetaient un roman qu’elle lui lirait le soir.

Les tests sur les animaux sont longs. Il faut parfois étudier l’évolution sur plusieurs mois ou années. En 1905 les recherches fournissent les premiers résultats intéressants.
Sa femme prise en otage

Il faut à présent tester sur des singes en Afrique. De 1909 à 1912, Albert Calmette prendra quatorze fois le bateau de Toulon pour Alger.
En 1912, la victoire est là: le voilà enfin le fameux "bacille Calmette-Guérin" appelé BCG! Il faut maintenant le transformer en vaccin.
La Grande Guerre interrompt les recherches. Les bovins dont Calmette a besoin sont réquisitionnés… pour nourrir les troupes d'occupation. L’usage qu’il fait des pigeons le fait prendre pour un espion. Sa femme est prise en otage.
En 1919, il reprendra ses expériences. Il retrouve des bovins cobayes dans une ferme de Seine-Maritime mise à sa disposition par le préfet.
Au bout de quatre années, il tient enfin son vaccin!



L’Académie de médecine l’autorise à le tester sur des nourrissons. Plusieurs centaines d’essais sont réalisées entre 1921 et 1926. Ils sont positifs.
Cette fois-ci, on y est: l’humanité allait être débarrassée de la tuberculose. Calmette écrira: "Il n’est pas de bonheur plus grand que de sauver des vies humaines…"

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