vendredi 6 mars 2020

MICHEL-ANGE : LA DEMESURE DANS L'ART


Michel-Ange (1475 - 1564)

La démesure dans l'art

Le 18 février 1564, Michelangelo Buonarroti, plus connu sous le nom de Michel-Ange, rejoint Dieu et ses anges. L'artiste toscan meurt à Rome à 89 ans.

Jusqu'à sa mort en pleine gloire, il a poursuivi pendant près de sept décennies une collaboration âpre et féconde avec les Médicis de Florence et tous les papes de la Renaissance, au cœur du Cinquecento italien : Raphaël, Vinci, Bramante, Titien etc. etc.

Tourmenté par la quête de la beauté, il s'est illustré dans la sculpture, la peinture et la fresque, l'architecture et même la poésie. Dès 1552, de son vivant, une biographie lui a été consacrée. Tentons de saisir les ressorts de cet artiste absolu...

Il Divino ! Michel-Ange, le génie de la Renaissance


Michel-Ange est né à Caprese, près de Florence, dans la famille d'un modeste fonctionnaire.

La vierge de Manchester, vers 1490 (National Gallery)À force d'obstination, il parvient à entrer à 14 ans en apprentissage chez un artiste important, Domenico Ghirlandaio. Celui-ci détecte immédiatement chez l'enfant des talents très supérieurs aux siens. Il l'introduit auprès de Laurent de Médicis, dit le Magnifique, maître tout-puissant de Florence et principal mécène de son temps.

Le jeune homme, qui manifeste assez vite une préférence pour la sculpture, va s'épanouir dans l'atmosphère follement optimiste et créatrice de la Florence de ce temps... Après la chute des Médicis, il se réfugie à Venise puis à Rome, auprès des papes. On est au temps où triomphe l'humanisme.

L'artiste ne tarde pas à subjuguer les amateurs d'art avec sa Pietà. C'est une statue représentant la Vierge éplorée tenant dans ses bras, le corps de son fils, Jésus-Christ. À 23 ans, Michel-Ange accède ainsi à la gloire et bientôt à la fortune.

Une gloire précoce


De retour à Florence, en 1501, il confirme son talent avec la statue de David, extraite d'un bloc de marbre de 2,5 tonnes et cinq mètres de haut, et gagne la faveur du souverain le plus emblématique de la Renaissance italienne, le pape Jules II.

La Sybille Lybique (1508, Michel-Ange, chapelle Sixtine, Vatican)En 1508, le pape exige de Michel-Ange qu'il décore d'une immense fresque la voûte de la chapelle Sixtine. Refus de l'artiste ! Il est sculpteur et non peintre ! Mais il a beau fuir, il est rattrapé et placé au pied du mur ! Ce sera son œuvre maîtresse. Il s'y épuisera pendant quatre ans, perché seul sur les échafaudages dans des conditions pour le moins inconfortables

De retour à Florence, auprès des Médicis, Michel-Ange travaille à leur tombeau, au couvent de San Lorenzo.

Le nouveau pape a vite fait de pardonner ses infidélités à Michel-Ange. Il commande lui aussi son tombeau à l'artiste, puis une nouvelle fresque pour le mur de l'autel de la chapelle Sixtine. Ce sera le grandiose Jugement dernier (16 mètres de haut sur 13 de large). 

Entretemps, la chrétienté a basculé dans une nouvelle ère avec les déchirements de la Réforme luthérienne. L'optimisme de la Renaissance a vécu. Michel-Ange exprime ce basculement à travers les corps torturés et contorsionnés de cette fresque, qui expriment tout à la fois son attachement aux traditions de l’art antique et sa vision sombre du destin de l’humanité.


Avec la maturité, Michel-Ange sculpteur évolue vers une forme moins achevée que ses premières œuvres. C'est le non-finito, qui joue sur la matière même du marbre en la laissant par endroits à peine dégrossie, d'une façon plutôt moderne. Il va aussi s'engager dans de vastes projets architecturaux et urbanistiques : la place du Capitole, siège du Sénat de la ville, et la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome, délaissée depuis la mort de Bramante, 32 ans plus tôt. À 71 ans, Michel-Ange remanie donc les plans de son ancien rival et dessine une majestueuse coupole (136,50 mètres de hauteur totale). Il y travaillera jusqu'à sa mort à 88 ans. Il repose depuis lors à Florence, dans l'église Santa Croce.

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